Il y a un élément important que l’article oublie de souligner : la
construction du pipeline qui doit acheminer le gaz exploité au large de
Sittwe jusqu’à la province du Yunnan en Chine. Sittwe est la capitale de
l’Arakan, état où vivent la majorité des rohingyas. Il est aussi
intéressant de noter que la région où débouche ce pipeline -
l’état Kachin - est en proie à une guerre civile qui a repris en 2011.
Un
projet de pipeline similaire au Pakistan, entre Gwadar et la province
du Xinjian en Chine, connait une situation identique. Difficile de ne
pas faire un parallèle entre les troubles dans les états de l’Arakan et
Kachin (Myanmar) et au Balouchistan (Pakistan).
Manifestement, si on
voudrait nuire à l’approvisionnement énergétique de la Chine, on ne s’y
prendrait pas autrement. En fait il y a tout lieu de croire que ces troubles font parti du
plan de « containment » de la Chine.
Les idéaux démocratiques et
les beaux principes des droits de l’homme tant proclamés par Daw Suu et
la mouvance de la NLD ne s’appliquent pas aux rohingyas. Ko Ko Gyi, un
ancien prisonnier politique pour son rôle de leader du soulèvement de
1988, a déclaré l’an dernier que les rohingyas étaient des "terroristes
qui violent notre souveraineté". Nyan Win, porte parole de la NLD a lui
déclaré que « les rohingyas ne sont pas nos citoyens ». Ces déclarations
sont dénuées de fondement et équivalent à la position du Ku Klux Klan de
vouloir renvoyer les afro-américains en Afrique.
Oui, Daw Suu
prépare les prochaines élections (en 2015) dont l’objectif majeur est de
changer la constitution (il lui faut au moins 75% des sièges). Mais en
voulant s’accaparer le vote « birman » par une posture identitaire, elle
néglige les revendications des minorités ethniques et s’aliène celles
ci. Pas vraiment la solution pour résoudre les problèmes
inter-communautaires et souder toutes les composantes ethniques dans une même nation.
PS : Thein Sein, l’actuel président, a entreprit de
nombreuses réformes, mais sa marge de manoeuvre est limité car celles ci ne font pas l’unanimité dans son propre camp. Il restera au
pouvoir tant que les privilèges et les intérêts des militaires ne seront
pas remis en cause.