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Commentaire de louphi

sur Le prestige de l'agrégation...


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louphi 12 avril 2013 11:51

Jean-Michel Lemonnier

« Le dogme de la Trinité est sans doute un héritage de la trifonctionnalité, du concept des fonctions tripartites indo-européennes »

Chez les indo-européens, avant leurs contacts avec les civilisations des peuples Noires de la Mésopotamie et de l’Egypte pharaonique, il n’existe aucune preuve archéologique ni même documentaire, attestée, quelconque du « dogme trifonctionnel », ni même que ces peuples barbares aient pratiqués une quelconque forme de religion ou de spiritualité basée sur le concept de divinité. Vos affirmations sur ce sujet sont dénuées de tout fondement et ne sont que le produit d’une imagination particulièrement fertile.

« La citation entière de Marx ‘’La détresse religieuse et en même temps l’expression de la vraie détresse et la protestation contre cette vraie détresse. La religion est le soupir de la créature opprimée, le cœur d’un monde sans cœur, tout comme elle est l’esprit d’une situation sans spiritualité. Elle est l’opium du peuple’’ est bien plus nuancée... »

Vous vous basez sur cette citation de Marx pour faire accepter votre théorie du « messianisme commun au marxisme et au christianisme » (voir votre post précédent). Ainsi, selon vous, le marxisme partagerait le messianisme du christianisme. Le marxisme serait donc tout au moins une branche du christianisme. C’est complètement farfelu.

Ce passage de Marx signifie tout simplement que l’être humain confronté à une très grande souffrance, à une détresse implacable, à l’oppression, abandonné à lui-même sans pouvoir compter sur son environnement physique, s’en remet à la religion pour pouvoir surmonter son épreuve. Ce détachement purement mental de l’être humain par rapport aux forces physiques du monde lui procure un sentiment d’immunité par rapport à la détresse. Ce sentiment d’immunité est une thérapie mentale de la détresse comparable à l’état de béatitude que procure la consommation de la drogue. La consommation de la drogue, loin d’apporter la moindre solution aux problèmes réels et concrets qui la motivent, au contraire entretient et aggrave ces problèmes. De même la religion n’apporte pas de solution aux causes de la détresse, à l’oppression, dont elle est sensée être la thérapie. Marx se borne ici à constater que la religion comme l’opium sont des thérapies illusionnistes par rapports aux conditions réels, physiques et concrètes qui poussent à y recourir. Par cette similitude entre religion et drogue, Marx conclut que la religion est l’opium du peuple. De là à transformer Marx en adepte de la religion, en adepte du christianisme en particulier, il n’y a que des prosélytes faussaires et fanatiques pour opérer une telle escroquerie. Il ne leur reste plus qu’à affirmer que Marx avait lui-même embrassé le sacerdoce chrétien !

« Marx (relire sa fameuse citation entre autres) et surtout Engels commentant l’action de Munzer un théologien ‘’révolutionnaire’’ allemand ne blâment pas, de manière lapidaire et définitive comme vous le suggérez, cette alliance des croyants et le combat prolétarien. »

Si Marx ne blâme pas de manière lapidaire Thomas Münzer (1489-1525), ce n’est pas parce que Marx a rallié le messianisme chrétien, ni même parce que Münzer prêchait le messianisme chrétien. Bien au contraire, c’est très précisément et uniquement parce que Münzer, dans sa doctrine, était en rupture totale avec le messianisme en général, avec le christianisme en particulier. Marx justement félicitait Münzer parce que Münzer avait évolué de théologien chrétien de formation qu’il était en révolutionnaire hérétique du christianisme, en révolutionnaire plébéien athée, bien qu’il utilise encore la rhétorique du christianisme. C’est précisément et uniquement parce que Münzer a jeté par-dessus-bord la théologie messianique et mystique de la religion pour incarner l’émancipation matérielle et morale de la plèbe à partir de l’athéisme que Marx a considéré Münzer comme étant le premier précurseur du communisme scientifique. Marx lui-même confirme à propos de Münzer :

« Sa doctrine théologique et philosophique attaquait, somme toute, tous les points fondamentaux, non seulement du catholicisme, mais aussi du christianisme. Sa doctrine théologique et philosophique attaquait, somme toute, tous les points fondamentaux, non seulement du catholicisme, mais aussi du christianisme. Il enseignait, sous des formes chrétiennes, un panthéisme qui présente une ressemblance extraordinaire avec les conceptions spéculatives modernes et frise même par moments l’athéisme. Il rejetait la Bible comme révélation vivante, c’est, disait Munzer, la raison-révélation qui a existé de tous temps et chez tous les peuples et qui existe encore. Opposer la Bible à la raison, c’est tuer l’esprit par la lettre. Car le Saint-Esprit dont parle la Bible n’existe pas en dehors de nous. Le Saint-Esprit, c’est précisément la raison. La foi n’est pas autre chose que l’incarnation de la raison dans l’homme, et c’est pourquoi les païens peuvent aussi avoir la foi. Grâce à cette foi, à la raison devenue vivante, l’homme se divinise et se sanctifie. C’est pourquoi le ciel n’est pas quelque chose de l’au-delà, c’est dans notre vie même qu’il faut le chercher ; et la tâche des croyants est précisément d’établir ce ciel, le royaume de Dieu, sur la terre. De même qu’il n’existe pas de ciel de l’au-delà, de même il n’existe pas d’enfer ou de damnation perpétuelle. De même, il n’y a d’autre diable que les instincts et les appétits mauvais des hommes. Le Christ a été un homme comme les autres, un prophète et un maître, et la cène a été un simple repas commémoratif, où le pain et le vin étaient consommés sans rien y ajouter de mystique.

Munzer enseignait cette doctrine en la dissimulant la plupart du temps sous la phraséologie chrétienne, sous laquelle la nouvelle philosophie a dû se cacher pendant un certain temps. Mais la pensée profondément hérétique ressort partout de ses écrits, et l’on s’aperçoit qu’il prenait beaucoup moins au sérieux le masque biblique que maints disciples de Hegel aujourd’hui. Et cependant, trois cents ans séparent Munzer de la philosophie moderne. » (Marx : La guerre des paysans en Allemagne)

Thomas Münzer n’était donc pas un révolutionnaire religieux, chrétien. Münzer était un révolutionnaire plébéien hérétique, athée. C’est cette qualité de Munzer en tant que révolutionnaire plébéien opposé au théisme, au déisme religieux, bref à la religion, que Jean-Michel Lemonnier veut gommer ou masquer pour vendre le christianisme. Lemonnier est un vulgaire contrefacteur prosélyte du christianisme.

« En pratique, jamais personne n’a pu empêcher, en France par exemple, des adhérents du PC (quand il méritait encore ce nom) de fréquenter les églises (phénomène très répandu car même une partie du prolétariat était très attachée à son christianisme tout imprégné de paganisme comme on le sait tous...) »    

Ceci ne veut point dire, comme le fait croire le prosélyte chrétien Jean-Michel Lemonnier, que le Parti Communiste Français, dans sa propagande et ses actions, était une organisation de la cure ecclésiastique chargée de convertir les âmes à la religion. En outre, qu’une partie du prolétariat soit attachée à la religion dans un pays soumis à l’exploitation et l’oppression du clergé capitaliste depuis des siècles voire des millénaires, en quoi cette situation est-elle imputable à la doctrine ou à la pratique du Parti Communiste. Enfin, le Parti Communiste n’est pas séparé des masses laborieuses, dont il est l’avant-garde éclairé, par une muraille de chine. Son rôle justement est d’aller partout à la rencontre de ces masses pour les attirer et les rallier à la cause communiste. En ce sens, qu’un membre du Parti Communiste puisse fréquenter une église, cela en soi ne déroge nullement à l’action du Parti visant à soustraire les masses de la religion. C’est même une nécessité pour le Parti communiste d’investir les endroits où ces masses vont pour se faire abrutir spirituellement afin de les conquérir à la cause émancipatrice communiste.

« Même Lénine considérait que l’imposition de l’athéisme ne devait pas faire partie du programme du Parti. »

Jean-Michel Lemonnier parle ici de l’athéisme et non de la religion. Mais, le sujet de notre dissertation concerne en premier lieu les rapports entre le Parti Communiste et la religion.

Dans un pays socialiste, l’Etat proclame la séparation étanche entre la religion et l’Etat et déclare la religion affaire privée de libre exercice, affaire privée dont l’Etat ne se mêle d’aucune manière, ni par subvention, ni par imposition, ni par inscription à l’Etat-civil. Le prosélyte Jean-Michel Lemonnier comprend cette mesure d’ordre purement étatique comme étant un encouragement ou une adhésion du Parti Communiste à la religion. C’est ne rien comprendre à la nature ni au rôle de l’Etat. C’est ne rien comprendre à la nature ni au rôle du Parti Communiste. C’est ne rien comprendre à la différence entre l’Etat et le Parti Communiste. C’est confondre l’Etat et le Parti Communiste. C’est dénaturer la doctrine communiste.

Lorsque l’Etat socialiste garantit à chaque citoyen le libre exercice de la religion de son libre choix, cela ne veut point dire, comme le fait croire Jean Michel Lemonnier, que le Parti Communiste donne libre quittance à la propagation de la religion parmi les citoyens et s’en lave les mains. Pour couper court aux spéculations spécieuses et fallacieuses de Jean-Michel Lemonnier à propos de l’attitude du Parti Communiste envers la religion, laissons parler Lénine lui-même :

« Par rapport au parti du prolétariat socialiste, la religion n’est pas une affaire privée. Notre parti est une association de combattants d’avant-garde, conscients, pour la libération de la classe ouvrière. Cette association ne peut et ne doit pas rester indifférente devant l’inconscience, l’ignorance ou l’obscurantisme que représentent les croyances religieuses. Nous réclamons une séparation complète de l’Eglise et de l’Etat, pour combattre le brouillard religieux par l’arme purement idéologique et seulement idéologique, par notre presse, par notre parole. Mais nous avons fondé notre association, le P.O.S.D.R., entre autres afin de mener précisément cette lutte contre toute mystification religieuse des ouvriers. Pour nous, la lutte idéologique n’est pas une affaire privée, mais une affaire intéressant tout le Parti, intéressant tout le prolétariat. » (Lénine : Œuvres, tome 15, pages 382-390, 4e éd. Russe)

Voilà qui est clair et bat en brèche les spéculations spécieuses du prédicateur chrétien Jean-Michel Lemonnier à propos de l’attitude du Parti Communiste envers la religion.



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