Mercredi 3 avril 2013 :
Fabrice Arfi : « Pierre Moscovici a tenté de blanchir Cahuzac ».
Après quatre
mois de dénégations, Jérôme Cahuzac a admis détenir un compte à l’étranger,
déclenchant une crise politique.
Fabrice Arfi,
le journaliste qui a mené l’enquête pour Mediapart, a répondu en direct à vos
questions.
Mez :
Pensez-vous que Hollande était au courant et a essayé d’étouffer
l’affaire ?
Fabrice Arfi : Bonjour à
tous... Pour répondre à la question beaucoup posée sur la connaissance par la
présidence de la République des faits aujourd’hui reprochés à Jérôme Cahuzac,
nous pouvons dire que, à ce jour, factuellement, rien ne nous permet d’affirmer
que monsieur Hollande était informé, et depuis quand, du compte suisse de son
ancien ministre du Budget.
Cela étant, la question se pose
évidemment, parmi de nombreuses autres. Le fait est que François Hollande,
comme tous les gens qui lisent Mediapart, était au moins informé depuis
début décembre et la publication de nos premières révélations d’un faisceau d’indices
graves et concordants, visant l’ancien ministre.
En revanche,
il est apparu qu’un membre important du gouvernement, le ministre des Finances
Pierre Moscovici, de concert avec Jérôme Cahuzac, a mis en branle fin janvier
les moyens de l’Etat pour tenter de blanchir de manière factice l’ancien
ministre, en diligentant ce que l’on appelle une demande d’entraide fiscale
administrative avec la Suisse. Monsieur Moscovici a publiquement assumé sur
France Inter la paternité de cette opération, et a dit que la soi-disant
réponse des Suisses n’ébranlait pas ses certitudes sur l’innocence de monsieur
Cahuzac.
Des journaux
sont même allés jusqu’à titrer : « La Suisse a blanchi Cahuzac », alors
qu’aucun journaliste n’a eu entre les mains le fameux document des Suisses, et
que l’on sait aujourd’hui que les questions posées par l’administration fiscale
française (dont monsieur Cahuzac avait la tutelle), n’étaient pas formulées
correctement. Je rappelle que cette tentative de blanchiment orchestrée depuis
Bercy a eu lieu alors qu’une enquête judiciaire était en cours depuis plus de
deux semaines. Cela apparaît très clairement aujourd’hui comme une étonnante
tentative de hold-up sur une enquête en cours. Et l’on voit bien à quel point
les aveux foudroyants de monsieur Cahuzac viennent à eux seuls briser cette
manœuvre.
http://www.liberation.fr/politiques/2013/04/03/cahuzac-hollande-pouvait-il-ignorer-la-verite_893326