Il est normal que l’on écrive bien. Mais, qu’est-ce que cela cache ? Comme le bien dire, le bien écrire révèle implicitement une appartenance à ce qui est conforme. Or, l’orthographe a longtemps été flottante. Elle est produite d’abord par les clercs opposés à ceux qui ne savent pas écrire et les clercs enjolivent la langue, joints en cela par les imprimeurs et les auteurs (relisez Scarron et Furetière au XVIIème). Il suffit de regarder les textes qui se multiplient après l’introduction de l’imprimerie après 1470. Et là on constate de grandes variations orthographiques. La normalisation s’installe peu à peu avec les écoles fréquentées principalement par les enfants des classes aisées. Puis l’Académie française et l’apparition tardive des dictionnaires (Académie française, Furetière au XVIIème) fixent à peu près l’orthographe. Il faut noter que Mme de Sévigné avait une orthographe très souvent fautive.
« En fait au XVIIème siècle, la norme grammaticale c’est l’usage des bourgeois parisiens cultivés, en sorte que cette norme renvoie à une norme politique, la centralisation au profit du pouvoir royal... On commence par les normes grammaticales en passant par les normes morphologiques des hommes et des chevaux... en passant par les normes industrielles et hygiéniques » Georges Canguilhem, 1979 et Réflexions sur le normal et le pathologique, Paris PUF, 1979. Cité par « La fabrique des imposteurs » de Roland Gori, Les liens qui libèrent éd. 2013.
Bien écrire pour se faire comprendre me paraît logique dans la pratique. Mais à condition de débarrasser la langue écrite de ses nombreuses scories et absurdités qui l’alourdissent inutilement. Bien écrire, cela fait beau et réfère à la « culture » et ses appartenance à une classe de clercs modernes. Rien de plus absurde que ces concours d’orthographe qu’on voir fleurir un peu partout et qui ne sont que des concours de bêtise.
Vous prônez le retour à la connaissance de l’étymologie, oui pour le sens, le lexique, mais qui varient souvent beaucoup, non pour la forme qui, elle, subit des variations phonétiques et grammaticales (conjugaison des verbes par ex.) souvent profondes et absurdes.