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Commentaire de Bracam

sur Tout sur moi par Jean-Luc Mélenchon


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Bracam Bracam 13 avril 2013 17:56

Archibald, je vois mal que l’Histoire doivent se répéter sans fin dans ce qu’elle a de pire, ou que l’invention en ait à jamais été absente. La Révolution de 1789 semble démontrer le contraire en effet. Un évènement qui n’a pas dû échapper à Mélenchon, et dont je crois avoir également noté le passage historique. Je suppose que l’état catastrophique du monde vous préoccupe au plus haut point. En conséquence, vous comme moi nous espérons une « sortie par le haut » de ce drame bien engagé, si cela reste imaginable. On peut se baser sur l’espoir en le génie humain, appelé à la rescousse un peu naïvement, il me semble, par nombre de gens qui pensent que ça s’arrangera forcément. Pas de doute, la crise de 29 a été surmontée, hein… Entre cette illusion de la toute puissance de l’homme et les excommunications pour utopie et mensonge, je ne vois rien qui alimente vraiment une réflexion constructive. J’affirme également qu’il est incroyablement prétentieux de se prendre pour le centre du monde, considérant que notre conception de la société est la seule valide. Cette vision qui reste la nôtre n’est pas sans fondement mais apparaît désormais comme gravement fautive sur le plan humain, et écologique au sens large. Pire, elle peut relever d’un aveuglement qui précipite notre fin.

 

Il est probable que l’élection d’une assemblée constituante ne se ferait pas par tirage au sort, et j’ai pris la précaution de suggérer que ses membres devraient être dotés de coeur et d’intelligence. C’est pourtant un système qui a ses partisans, et qui mérite considération. Je ne crois pas avoir besoin de rappeler que les politiciens sont les représentants et les serviteurs du peuple dont ils sont issus. Et qu’ils sont à ce point honnis en ce moment qu’on peut imaginer, en réponse à cette profonde détestation fondée sur l’observation objective du comportement d’un nombre inquiétant d’entre eux, de former une constituante par une élection au sein même du peuple. Un contre-pouvoir dont rares sont ceux qui nient la vitale invention. Vous dites en substance que les politiciens sont tous infiniment plus légitimes et compétents que "le peuple", que vous semblez ne pas porter en grande estime. Ne vous dépréciez pas en passant. C’est pourtant bien, je le répète, du peuple que sont issus les politiciens. Lorsque ces derniers en font un métier, ils sont méprisés pour leur opportunisme ; s’ils débutent, pour leur incompétence. Voilà qui fait penser à la recherche de l’androïde parfait dans l’entreprise, hyper diplômé, payé au lance-pierre ou révoqué pour excès de compétence et manque d’expérience. Le peuple comprend en lui agriculteurs, ouvriers, enseignants, avocats, juristes, médecins, ingénieurs, pères et mères. Ceci rappelle cette conception de la Démocratie, qui se baserait sur l’élection de nos représentants par tirage au sort, mandat limité dans le temps. La complexité de nos sociétés interdit sans doute une telle méthode.

 

S’agissant de la Constituante, le contexte est différent, puisqu’il s’agit de proposer des idées neuves en excluant de mettre en œuvre les seules doctrines verrouillées par des politiciens « professionnels » dont le logiciel idéologique provient d’un monde dépassé, en pleine débâcle. Il faut bannir les conflits d’intérêts entre argent fou et politique, et les pouvoirs de castes, la question n’étant pas de savoir si c’est impossible, mais de tracer l’épure d’un dessein plus grand que soi. C’est aussi ce que l’on pourrait appeler Révolution citoyenne. Aussi grande que soit l’aura de celle de 1789, cette Révolution-là ne fut pas exemplaire en tout : le peuple, encore lui, exécuta à tout de bras. Il ne faudrait pas oublier le prix du sang dans ce genre d’évènement ! Les voies d’une refondation d’un pays ne peuvent-elles que passer par la barbarie conjointe au progrès décrété  ? C’est là que se tient l’immense désir de paix, de sécurité, de justice sociale (égalité, fraternité, quelques valeurs en chute libre) de la plupart d’entre nous. C’est au sein de l’ensemble de la population que ces préoccupations étant les plus vives, il convient de parier sur l’intelligence et de faire acte de foi en la bonne volonté et le désir de paix. Il faut renverser, pacifiquement et démocratiquement, les principes contribuant à l’asservissement des masses, pour réfléchir ensemble à l’avenir.

 

D’un point de vue pratique, une idée pour établir une liste de futurs constituants consisterait à appeler les citoyens engagés à citer une ou plusieurs personnes dont ils considèrent les qualités éthiques et professionnelles comme remarquables. Oui, il est certain qu’une révolution citoyenne se prépare et murît dans un long temps. C’est ce qui la distingue d’un évènement brutal et insurrectionnel, d’une guerre civile telle que l’Histoire, de tout temps, nous donne le spectacle d’épouvante. A qui une telle perspective fait-elle peur ? Qui sont ceux que la promesse de contribuer à une réflexion citoyenne de construction de notre avenir exalte ? Certainement pas des gens très sots, ou la tête remplie de mensonges, comme vous en voyez trop. Discréditer le choix de la voie démocratique rénovatrice est déjà en soit une manière d’ouvrir le champ à de graves conflits civils. Refuser à autrui un engagement citoyen que l’on s’interdit n’est pas satisfaisant. 


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