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Commentaire de Darkhaiker

sur La conspiration des médiocres


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Darkhaiker Darkhaiker 18 avril 2013 11:45

Archibald,

Quelque chose est définitivement cassé. Une « nouvelle culture », une culture de synthèse (et quelle synthèse !) attend sa mise en place dans les esprits, après un décervelage généralisé et progressif adapté, en synergie avec une démoralisation générée par une crise économique orchestrée pour abattre les dernières résistances.

Un certain transhumanisme est en route partout et nos cerveaux lobotomisés n’y résisteront pas plus que les cultures authentiques, sabotées depuis trop longtemps. Nous commençons à réaliser, au milieu des ruines, chaque jour plus étendues, les ravages de l’intégrisme modernisateur sur un monde en état de choc. Les identités et les repères sont anéantis, paralysant du même coup les facultés de penser, de comprendre et d’agir conformément à des principes solides et éprouvés.
 
L’estimation des dégâts est encore impossible puisque la guerre culturelle est généralisée, y compris dans la destruction programmée et précise des outils d’appréciation ou d’approche : du langage aux logiques, des théories aux pratiques. Globalement, fumées et brouillards, trous noirs et amas de décombres ont envahi tous le champ, et surtout l’intellectuel. A ne plus savoir, dans un monde réduit aux propagandes, où sont les diversions et les vrais théâtres, à commencer dans nos propres cerveaux, lavés en permanence.

Dans ces conditions, il n’y a d’alternative, face à la destruction-inversion des valeurs, que dans des réévaluations ordinaires responsables affirmées pour et par des actions ordinaires responsables affirmées, non violentes mais déterminées à aller jusqu’au bout.

Peu importe les idéologies ou le champ de bataille : au milieu des ruines, la vie continue, qui doit traverser les feux croisés, les terreurs et les horreurs, les perversions et les inévitables dévoiements.

Il y a un moment où la pensée doit se taire et faire place à ce qu’elle prétend remplacer et effacer. Ce moment ouvre la parole ordinaire citoyenne et l’action ordinaire, hors des débats, des mots d’ordre, des mises en scène de la réalité et de nos vie.

L’important est de traverser au mieux, de traverser tout ça comme autant de leurres et anecdotes trompeuses, en tout cas non fiables, comme on traverse une vie devenue champ de bataille. Dans l’épidémie psychologique, on soigne comme on peut : l’objectif est la sortie de la vague, pour reconstruire : on ne construit rien sur un champ de ruine, ni sur la guerre de tous contre tous. Traverser l’enfer et sa saison.

Je pense à la Peste de Camus.

Je pense ici très fortement à Notre Dame des Landes, qui malgré ses défauts, (mais nous ne sommes que des hommes,) et à toutes les actions de vie, partout dans monde, qui lui ressemblent, à un niveau ou un autre.

A ce qui se lève là, comme ailleurs, et finalement depuis toujours, comme un espoir sans illusion, comme un vague profonde, minuscule au départ, de soin et de bienveillance pour une terre aussi martyrisée que les esprits, avec cette volonté tranquille de la défendre jusqu’au bout. Et je crois bien qu’elle survivra aux formes provisoires, pour labourer des esprits semi-stérilisés de force et les ré-ensemencer.

Je pense aussi à Simone Weil, au déracinement tragique du monde et à l’inéluctabilité du ré-enracinement prochain, plus forte que toute fin, programmée dans une illusion criminelle plus irresponsable que viable, ou même seulement crédible. La Résistance n’est pas un concept. Nous pensons à Bernanos et à Owell, parmi d’autres (Huxley, ou plus prés Michéa...).

Fraternellement.
 


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