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Commentaire de Morpheus

sur La démocratie représentative confrontée à ses limites


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Morpheus Morpheus 23 avril 2013 14:52

@ Michel DROUET

Vous avez le doigt sur le problème : la confusion et les conflits d’intérêts évident qui réside dans les attributions des représentants.

Il y a deux façon d’être un « représentant » : soit le maître (qui décide tout à notre place), soit le serviteur (qui sert le peuple et représente les intérêts du peuple. Il va sans dire que, depuis 200 ans (et plus) nous sommes sous le régime des premiers (des maîtres qui décident de tout à notre place).

En effet, le faux suffrage universel auquel nous avons affaire ne sert - et nous réduit - désigner des maîtres, non des serviteurs, c’est la raison pour laquelle l’expression « démocratie représentative » que vous employez est incorrecte (et trompeuse, mais pas de votre fait). Le véritable terme de notre régime politique est « gouvernement prétendument représentatif ». Prétendument car 1) les représentants sont nos maîtres et non nos serviteurs et 2) ils ne sont pas à l’image du peuple qu’ils sont censés représenter (ils appartiennent à une classe sociale nettement supérieure et ne représentent pas fidèlement « la France en plus » petit au sein des assemblées des élus).

Au vrai, nous ne sommes donc pas en démocratie et la république n’est ni démocratique, ni républicaine aux vrais sens de ces termes.

Mais là où réside le cœur de la problématique du conflit d’intérêt - qui ne tombe du ciel - c’est dans ce texte dont tout le monde se fout : la Constitution. On en parle depuis l’appel du FdG à une manifestation en vue de réclamer une Assemblée Constituante. Il faudrait réécrire une nouvelle Constitution.

Et là, on touche à la cause des causes : c’est bel et bien dans la Constitution - qui est le « droit du droit », la « loi supérieure », le texte dont la fonction essentielle est de protéger le peuple contre tous les abus de pouvoir - qu’est inscrite notre impuissance politique et la puissance des élus (qui sont nos maîtres et non nos serviteurs).

Pourquoi ? Parce que ceux à qui NOUS déléguons la tache d’écrire la Constitution sont précisément ceux et celles qu’elle vise, ceux et celle qui doivent la craindre. Et nous commettons une erreur tragique et fondamentale en cela. En effet, lorsque les mandataires publics (ministres, légistes, juges, avocats, candidats au pouvoir, ... écrivent la Constitution ils sont en conflit d’intérêt évident. Ils ne peuvent pas - mécaniquement - écrire une Constitution qui limite les pouvoirs qu’ils auront lorsqu’ils seront au pouvoir. Ils ne peuvent pas écrire les mandats courts, non renouvelables, non cumulables, avec reddition des comptes. Ils ne vont pas écrire le referendum d’initiative citoyenne, le referendum législatif (qui impose une loi émanant du peuple), abrogatoire (qui abroge une loi votée au Parlement), révocatoire (qui exclu un élu - ministre, magistrat, fonctionnaire, député, ...). Ils ne vont pas pouvoir se faire « hara-kiri » en écrivant ainsi la puissance du peuple et les contrôles qui leur mettrait des bâtons dans les roues.

Pourtant, la Constitution est un contrat social. Et, comme tout contrat, ce texte se doit d’envisager les pires situations, les situations d’abus, et donc être fondée sur la défiance du pouvoir. Le pouvoir corrompt, nous le savons, et nous savons que même les plus sincères et les plus vertueux, au bout d’un certain temps au pouvoir, ont tous tendance à s’autonomiser, à accroitre leur pouvoir, à en abuser. C’est comme la loi de l’attraction terrestre : c’est une force irrésistible.

Sachant cela, la seule solution est que les personnes qui peuvent, seuls, écrire la Constitution doivent être des gens issus du peuple, s’excluant de facto de toute vocation à l’une ou l’autre des officines du pouvoir. Et pour sélectionner ces personnes, de façon démocratique et réellement représentative de la société française dans son ensemble, la meilleure et la plus efficace des méthode est le tirage au sort. C’est une méthode éprouvée, rigoureuse, mathématiquement irréprochable, incorruptible et représentative.

C’est donc précisément dans le PROCESSUS CONSTITUANT que TOUT se joue. C’est dans ce processus que va se jouer soit la puissance du peuple (et le contrôle des mandataires), soit la puissance des maîtres politiques (faux « représentants » qui agissent selon leurs intérêts personnels et les intérêts des riches qui financent leurs élections et réélection et les acceptent dans les réseaux d’influences des coulisses du pouvoir).

Cordialement,
Morpheus


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