Logan a un discours bancal dès le début quand il écrit que « le 1er ministre est celui qui est censé gouverné. » Il a seulement oublier la logique hyperprésidentialiste de la Ve République. Ce n’est pas un oubli anodin puisqu’il permet de défendre cette aberration que le système institutionnel permet en lui-même que quelqu’un gouverne contre lui ! Le côté pervers de cette construction bancale c’est qu’elle affaiblit la revendication de la VIe République : si déjà la Ve permet que quelqu’un se retourne contre elle c’est qu’elle n’est pas ce monstre qu’il faudrait jeter à la poubelle. A vouloir trop démontrer les thuriféraires du Front de gauche se prennent dans la première nasse venue !
Pour le reste j’ai assez répondu sur la contradiction qu’il y a à prétendre que Hollande ou Montebourg pourraient choisir de gouverner avec quelqu’un qui dit aller contre ce qu’ils défendent. Je note cependant que cette volonté d’entrer dans le jeu institutionnel de la Ve pour, dit-on, le combattre de l’intérieur, n’est pas étranger à l’autre volet de la stratégie du FdG qui consiste à ne rien proposer pour que le mouvement social se dote de ses propres outils de combat. Mélenchon l’a assez dit, il ne se mêle pas des affaires qu’il juge réservées aux syndicats, ce qui revient, dans une situation où les principales confédérations refusent toute généralisation des luttes, à refuser de peser pour un déblocage social de la situation. Le FdG n’a ainsi que des proclamations stériles sur le mode « on a raison de lutter » à des secteurs en lutte qui ont besoin qu’on travaille à les faire converger pour...faire reculer le gouvernement. Et c’est là que l’on retrouve la question politique qui, au FdG, en devient politicienne : en se privant d’aider le mouvement social à se construire et certes à l’amener à bousculer le jeu de quilles institutionnels, Mélenchon ne peut jouer que la carte du marchandage politicard avec Hollande et Montebourg. Son couteau radical est sans lame sociale : du coup le voilà qui discutaille avec ceux qui sont justement en première ligne pour « casser »/faire dévier le mouvement social du rail de la généralisation des luttes : Hollande et Montebourg. Quoi que l’on dise, il y a dans ce positionnement une cohérence, il suffit de l’évaluer pour ce qu’elle est : hors des épouvantails brandis de la radicalité, cela revient à accorder un primat aux jeux politiciens contre les logiques d’autonomie et de développement organisé du social. Pour l’instant cela marche bien : le mouvement social peine à trouver ses marques. Pas sûr que cela dure ! On verra bien...