Je ne crois certainement pas qu’un Einstein ne puisse pas échapper à la maille du système ! d’ailleurs, Einstein lui-même a eu bcp de chance de travailler dans une sinécure et aurait pu finir rond-de-cuir comme d’autres qui n’ont pas eu cette opportunité. Aujourd’hui, comme de tout temps, un Einstein sur 10 (sur 100 ?) arrive à exprimer son potentiel. C’est au « système », comme vous dites, d’offrir un cadre intellectuel stimulant.
L’activité scientifique est humble et lente et les bouleversements théoriques sont rarissimes. Elle suit un cycle presque naturel : on retourne longuement la terre, on sème à tout vent, on laboure, on enlève les mauvaises herbes, on récolte ce qui a poussé, on rénove les outils et on prépare le ré-ensemencement…
Le système social de la communauté scientifique, comme tout système, met en jeu des mécanismes à la fois centrifuges et centripètes, de liberté (chercher l’inattendu) et de contrainte (astreinte aux validations). Il y a évidemment bcp plus de « tâcherons » de la recherche, qui font le boulot ingrat et indispensable que de génie des alpages… Il faut de la rigueur mais aussi du jeu dans les rouages, sinon ça grippe.
Il y a donc une grande diversité humaine pour faire marcher la boutique, et des cons, on n’en trouve pas moins qu’ailleurs. Il y a de l’excellence, du nul, du moyen…
Mais n’oublions pas que certaines personnalités sont incapables de s’intégrer à cette société protéiforme où se côtoient le pire et le meilleur.
Ceux-là, qui ne rentrent pas, peuvent être bons ou mauvais, ce n’est pas le problème. Question de malchance et question de psychologie.