Laurence Neuer : "Sur
la forme, le texte encourt le risque d’être retoqué pour
inintelligibilité. Selon le nouvel article 6-1 du Code civil inséré par
l’article 4 de la loi, le fameux article « balai », "le mariage et la
filiation adoptive emportent les mêmes effets, droits et obligations
reconnus par les lois, à l’exclusion du titre VII du livre premier du
présent code, que les époux ou les parents soient de même sexe ou de
sexe différent« . »Cet article porte atteinte à l’exigence
constitutionnelle d’intelligibilité et de prévisibilité de la loi",
assure Aude Mirkovic. En effet, explique la juriste, "il devient
nécessaire, pour comprendre l’ensemble du droit français, d’être informé
que les mots père et mère peuvent parfois désigner également deux
hommes ou deux femmes, c’est-à-dire que le père peut, le cas échéant,
être une femme, et la mère un homme. Il devient alors indispensable,
pour appréhender la législation française, de se munir d’un glossaire
pour vérifier le sens de chaque mot, même le plus évident".
En
outre, les mots père, mère ou parents deviennent relatifs et prennent
des sens différents selon la branche du droit français dans laquelle ils
se trouvent énoncés. Ainsi, dans l’ensemble du droit français, le mot
père peut désigner une seconde femme, mais dans le titre du Code civil
sur la filiation, il continue de désigner seulement l’homme à l’égard
duquel la paternité est établie. Il en va de même du mot mère.
"D’ailleurs, le fait que le titre du Code civil sur la filiation soit
écarté de cette assimilation parents de même sexe/parents de sexe
différent révèle bien le caractère artificiel de celle-ci", note Aude
Mirkovic.
Pour finir, cet article exclut les enfants dont les
parents sont de même sexe du champ de certaines dispositions relatives à
la filiation qui devraient concerner l’ensemble des enfants. "Par
exemple, l’article 310 du Code civil selon lequel tous les enfants
dont la filiation est légalement établie ont les mêmes droits et les
mêmes devoirs dans leurs rapports avec leur père et mère, ils entrent
dans la famille de chacun d’eux ne concerne pas les enfants dont les parents sont de même sexe« , relève la juriste. »
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/mariage-gay-les-bonnes-raisons-d-une-censure-par-le-conseil-constitutionnel-23-04-2013-1658174_56.php