• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Lucadeparis

sur Mariage Pour Tous : Une victoire de la démocratie ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Lucadeparis Lucadeparis 27 avril 2013 21:22
Les seuls cas où il y a une « démocratie représentative », c’est statistiquement par tirage au sort de l’assemblée politique parmi la population, ou par constitution de cette assemblée par panel.
De toute façon, il n’y a pas de réelle démocratie sans référendums (cette assemblée ne devant coordonner que ce qui est à voter par le peuple). Car, écrivait Jean-Jacques Rousseau :
 « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. [...] Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde. [...] L’idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodal, de cet inique et absurde gouvernement dans lequel l’espèce humaine est dégradée, et où le nom d’homme est en déshonneur. » (Du Contrat social, livre III, chapitre 15 : « Des députés ou représentants »). 
Notre régime n’est pas une démocratie, mais une aristocratie élective. C’est la novlangue des oligarques avec les premiers partis politiques aux Etats-Unis qui a dévoyé le mot il y a deux siècles alors que durant plus de deux millénaires, « démocratie » signifiait souveraineté du peuple :
- Aristote écrivait qu’ « il est considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives » (Politique, IV, 9, 1294 b 7-9) ; « Les élections sont aristocratiques et non démocratiques : elles introduisent un élément de choix délibéré, de sélection des meilleurs citoyens, les « aristoï », au lieu du gouvernement par le peuple tout entier. » (Politique, IV, 1300b4-5). 
- Spinoza écrivit que si la politique « se fait par une assemblée sortie de la masse du peuple, l’État s’appelle démocratie ; si c’est par quelques hommes choisis, l’État s’appelle aristocratie  ; par un seul enfin, monarchie. » (Traité politique, chapitre II : « Du droit naturel », paragraphe 17). 
- Pour Montesquieu, « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie. Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. » De l’Esprit des lois, livre II : « Des lois qui dérivent directement de la nature du gouvernement », chapitre 2 : « Du gouvernement républicain et des lois relatives à la démocratie »).
- Pour Jean-Jacques Rousseau, « Il y a donc trois sortes d’aristocratie : naturelle, élective, héréditaire. La première ne convient qu’à des peuples simples ; la troisième est le pire de tous les gouvernements. La deuxième est le meilleur : c’est l’aristocratie proprement dite. » (Du contrat social, Livre III, chapitre 5 : « De l’aristocratie »).
L’abbé Emmanuel-Joseph Sieyès, dans son discours du 7 septembre 1789 opposa gouvernement « représentatif » et démocratie, avant que l’oligarchie ait voulu qu’on les confonde afin de tromper le peuple et désamorcer ses revendications :
« La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif. Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants. [...] Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » (« Sur l’organisation du pouvoir législatif et la sanction royale », in Les Orateurs de la Révolution française. Les Constituants, Tome I, Paris, Gallimard, 1989, p. 1025 et 1027).
Il n’y a que le conformisme des ours de garde pour les rendre aussi soumis aux maîtres qui les tiennent par des laisses auxquelles ils sont tellement aveugles (sur le 11 Septembre par exemple) qu’ils se croient «  ennemis[s] du politiquement correct  ». Qu’ils lisent Jean-Claude Michéa, par exemple : L’Empire du moindre mal (Essai sur la civilisation libérale) (tiens, la première citation est sur la « démocratie » selon un nouveau chien de garde...) ou Orwell, anarchiste tory. Les plus zélés esclaves ne sont -ils pas ceux qui se croient libres ?

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès