Cher AJE,
Sur la transversalité, je vous ai déjà répondu sur l’article de Rosemar et mon article ajoute un certain nombre d’arguments dont vous ne semblez pas tenir compte.
D’abord je vous rappelle que mon propos n’est pas de soutenir V. Peillon et tout ce qu’il peut dire mais le principe même de cours de morale.
Que certaines religions confondent leurs croyances aboutissant à la discrimination et à l’exclusion de leurs semblables humains, c’est-à-dire au fond l’immoralité même avec la moralité, n’empêche pas que la plupart des croyants soient respectueux de la personne humaine. Si vous côtoyez des jeunes « cailleras » qui se la pètent en se la jouant « plus macho que moi tu meures », vous ne connaissez pas bien je crois ce qu’ils deviennent pour la plupart, quand ils se marient.
De fait, on pourra toujours trouver des textes, dans le judéo-christianisme et l’islam qui vont dans le sens du respect de la personne humaine de sexe féminin et même qui peuvent servir à justifier le principe d’une égalité fondamentale entre hommes et femmes. La règle d’or que j’évoque ci-dessus contient le principe d’égalité universelle comme je l’explique. D’autre part, si la plupart des religions du Livre condamnent l’homosexualité, et plus précisément la sodomie ; elles ne condamnent pas les homosexuels.
Mais j’ai parlé de morale minimale dans l’article, celle sur laquelle le croyant et l’incroyant peuvent s’entendre : qui pourra soutenir sérieusement qu’il est contre le fait de ne pas faire aux autres ce qu’il ne voudrait pas qu’on lui fasse ?
Mais cela n’implique pas qu’on passe outre les questions épineuses et cela va me permettre de répondre à la question de qui décide des contenus des cours. Supposons donc que la question du respect ou non de l’homosexualité soit posée franchement. L’enseignant va alors apporter comme dans un cours d’éducation civique, des documents favorables à ce respect d’autres contre et ce sera alors aux élèves de décider de ce qu’il faut conclure de la question sur la base d’une argumentation réfléchie et à l’écoute des autres. Comme je le dis dans l’article je crois, une morale qui n’est pas consentie librement mais obtenue uniquement par force, en l’occurrence pour avoir de bons résultats n’a aucun intérêt moral. L’enseignant pourra chercher à conduire le débat de façon socratique en insistant sur un sens cohérent avec les principes de liberté et d’égalité mais il n’aura aucun intérêt à justifier son approche par la menace de sanctionner ceux qui pensent différemment. Il en est ici de la menace de mauvaises notes comme de la menace de la colère de Dieu : cela nous fait sortir du champs de la morale comme je l’explique ci-dessus.
Si dans un cours des élèves maintiennent que pour eux les homosexuels ne méritent pas de vivre, ce ne sera pas trop grave. S’ils ont pu accepter le principe même du débat contradictoire et d’avoir à répondre aux arguments justifiant qu’il est immoral de rejeter celui auquel la nature a donné des goûts différents des nôtres, un grand pas vers la civilisation aura été fait, à défaut de moralisation.