"La spiritualité est première. C’est ce don de
naissance qui différencie l’homme de l’animal. Grâce à la spiritualité il
pourra réfléchir, raisonner, philosopher, prendre conscience de l’importance
naturelle de l’esprit chez l’être humain, ressentir l’impérieux besoin de
trouver un sens à sa vie.
La
spiritualité est une culture. La prise de conscience de cette faculté innée
conduit les êtres humains à la développer, la cultiver, lui rechercher la
meilleure, la plus pure application, ce qui les conduit à la transcendance, à
l’idée de Dieu. Chaque individu pourra ainsi décider l’organisation de sa vie
future et, avec d’autres, celle de la société où il vivra. Il pourra prendre
conscience de la nécessité d’une morale individuelle et d’une morale de groupe.
Il pourra, avec d’autres, décider de proclamer, de systématiser la priorité
spirituelle dans le rassemblement chaleureux de ceux qui la conçoivent de la
même manière, au sein d’une religion.
On
ne peut voir là que du positif, un processus par lequel l’anthrope et la
société s’épanouissent. La spiritualité cultivée devient alors la culture de
l’idée de Dieu, de la croyance en lui, du rapport, intime ou collectif, à lui.
Parallèlement cependant, et avec une aussi grande valeur, la
spiritualité pourra se cultiver et s’épanouir dans une philosophie rejetant
l’idée de Dieu.
La spiritualité, hélas, est aussi
une déviance. L’anthrope ne se satisfait pas de certitudes et de fraternité
dans la seule connivence. Il veut des valeurs universellement partagées,
transformées en valeurs de tous au service d’un monde reconnu par tous comme le
monde idéal. C’est pourquoi, bien souvent, l’homme spirituel -l’homme conscient
de sa spiritualité- cherchera à imposer ses valeurs. La spiritualité pervertie va prendre alors de multiples
formes, jusqu’à ce qu’il faut bien appeler la spiritualité criminelle :
invention d’un devoir spirituel de contraindre, de tuer, de faire la guerre, de
torturer…"
extrait de Désacraliser
la violence religieuse (dernière mise
à jour en novembre 2008)