• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Lucadeparis

sur Mariage Pour Tous : Une victoire de la démocratie ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Lucadeparis Lucadeparis 29 avril 2013 17:40

J’avais mentionné une citation de Jean-Claude Michéa dans L’Empire du moindre mal (Essai sur la civilisation libérale) et je n’avais pas encore pensé à quel point elle est pertinente, car il y écrit que ce que les oligarques et leurs journalistes et « philosophes » chiens de garde appellent dans leur novlangue « la démocratie », c’est le libéralisme.
Or, il est vrai que la légalisation du mariage homosexuel est une victoire du libéralisme ; et cela n’aurait été « une grande victoire de la démocratie » que si cette loi avait été obtenue par la volonté populaire, en particulier par un référendum d’initiative citoyenne (ou à l’initiative d’une assemblée législative tirée au sort parmi la population), ce qui n’est évidemment pas le cas.
Voici la citation de Michéa :
« Dans le « Figaro magazine » du 6 janvier 2007, Alain-Gérard Slama écrit que « les deux valeurs cardinales sur lesquelles repose la démocratie sont la liberté et la croissance ». C’est une définition parfaite du libéralisme. À ceci près, bien sûr, que l’auteur prend soin d’appeler « démocratie » ce qui n’est, en réalité, que le système libéral, afin de se plier aux exigences définies par les « ateliers sémantiques » modernes (on sait qu’aux États-Unis, on désigne ainsi les officines chargés d’imposer au grand public, à travers le contrôle des médias, l’usage des mots le plus conforme aux besoins des classes dirigeantes). Ce tour de passe-passe, devenu habituel, autorise naturellement toute une série de décalages très utiles. Si, en effet, le mot « démocratie » doit être, à présent, affecté à la seule définition du libéralisme, il faut nécessairement un terme nouveau pour désigner ce « gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple » où chacun voyait encore, il y a peu, l’essence même de la démocratie. Ce nouveau terme, choisi par les ateliers sémantiques, sera évidemment celui de « populisme ». Il suffit, dès lors, d’assimiler le populisme (au mépris de toute connaissance historique élémentaire) à une variante perverse du fascisme classique, pour que tous les effets désirables s’enchaînent avec une facilité déconcertante. Si l’idée vous vient, par exemple, que le Peuple devrait être consulté sur tel ou tel problème qui engage son destin, ou bien si vous estimez que les revenus des grands prédateurs du monde des affaires sont réellement indécents, quelque chose en vous doit vous avertir immédiatement que vous êtes en train de basculer dans le « populisme » le plus trouble, et par conséquent, que la « Bête immonde » approche de vous à grands pas. En « citoyen » bien élevé (par l’industrie médiatique), vous savez alors aussitôt ce qu’il vous reste à penser et à faire. De là, évidemment, les Charles Berling et les Philippe Torreton. » (Climats, 2007, p. 85-86 ; Flammarion, Champs Essais, 2010, p. 84-85).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès