La société se durcit. C’est vrai pour tout, donc pour la médecine comme pour le reste. L’individualisme, la centralité de l’argent exacerbent les égo, au détriment de l’intérêt général, du souci de l’autre et de la communauté. Pourquoi, alors que nous sommes plus riches qu’il y a 40 ans la société est-elle aujourd’hui moins chaleureuse, moins conviviale ? Vaste question, mais cette question n’a rien à voir avec la médecine en particulier, bien que cet aspect des choses transparaît clairement dans la lettre du Dr Delépine. Un autre aspect de cette lettre est la gestion de spécialistes ayant, à juste titre, une haute opinion de leur art (médecins, chercheurs, ingénieurs …). Question délicate car ces spécialistes ne sont pas toujours motivés par la notion de rentabilité, devenue incontournable compte tenu de l’élévation du coût des soins, des recherches, des investissements dans de nouveaux produits (conduisant, dans le cas de la médecine, à de hautes performances : l’allongement important de la durée de vie). Cela me rappelle les débuts de ma carrière d’ingénieur dans l’industrie. Le Bureau d’Etudes était roi. Les gestionnaires étaient un peu méprisés, seul comptait le produit et les innovations que le Bureau d’Etudes avait conçues. Mais la concurrence a sorti des produits moins chers. Il a fallu alors se remettre en question, assez radicalement. Des ingénieurs se sont mis à réfléchir à la rentabilité, à examiner tous les processus de l’entreprise pour en réduire les coûts. Les ingénieurs de Bureau d’Etudes ont perdu de leur superbe : on leur a demandé d’innover avec le souci permanent de la rentabilité. Une petite révolution. La chance a été que ce sont des ingénieurs qui ont remis en cause leur métier, en devenant pour un temps gestionnaires avant de revenir éventuellement à la conception de nouveaux produits. Le ménage (une vraie mutation) a été fait en interne. C’était ça ou disparaître. Cela a pris des années d’efforts. J’ai beaucoup d’estime pour les médecins, pour la médecine française de haut niveau. Mais je n’ai pas le sentiment que les médecins aient assimilé cette culture qui oblige à chercher à gagner des centimes dans le moindre geste, dans la moindre décision. Cela se comprend car ils n’ont pas subi la concurrence internationale comme l’industrie. Mais il a fallu néanmoins réduire les coûts des soins au plan national. Alors les politiques ont introduit de purs gestionnaires issus des écoles de commerce dans les processus médicaux, et ce fut la catastrophe décrite par le Dr Delépine. Pas surprenant. Pour réussir, il eut fallu que les médecins prennent en main eux-mêmes ce souci de rentabilité globale des processus médicaux. Malheureusement, ils ne l’ont pas fait, et chacun peut le constater lorsqu’il consulte un généraliste ou un spécialiste. Les médecins français sont en retard d’une révolution, et ils le payent cher.
26/09 09:32 - L’enfoiré
15/05 17:36 - MdeP
MdeP @ Denzo 75018 Vous connaissez Comment parler de la société à un canard ? (creative (...)
15/05 15:46 - Denzo75018
Alors avec un tel raisonnement, c’est la mort de l’ensemble des assurés car notre (...)
15/05 13:21 - MdeP
15/05 09:56 - gege061
Chose promise chose due .... la suite du topo « sur le financement la Sécu » est sur le blog (...)
13/05 12:33 - MdeP
MdeP @ Denzo75018 Face à la maladie, il n’y a que le médecin qui sait. Le médecin est (...)
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