Le problème d’Ikigami, c’est que l’auteur ne sait même pas lui même d’où
il veut en venir, transformant l’ikigami en simple moyen de fabriquer
des soldats (sous le pretexte débile que les gens ne savent rien du taux
de mortalité sur le champ de bataille et s’imaginent qu’il est
inférieur au 1/1000 des vaccins...), ce qui paradoxalement en détruit le
côté le plus effrayant (il l’était bien plus quand il n’était qu’un
pilier de la société sans justification autre que "la valeur de la
vie« ), que la »rébellion" de Fujimoto passe par le rejet de ses
compatriotes (« vous avez accepté ça parce que vous étiez déjà mort » - et
donc par effet miroir « moi je suis vivant ») puis par la fuite (démontrant une absence de compassion là où les éléments « dégénérés » avaient des motivations plus complexes, et surtout une limite de temps de 24 heures - Fujimoto aussi vous me direz, mais elle n’était pas de même nature), et
surtout, ce désamorçage de sa critique sociale en révélant, dans les
derniers chapitres, que l’action ne se passe pas dans un Japon
dystopique, mais dans un pays imaginaire (alors que les mentions de la
démilitarisation, de l’emprise de leur « allié » sur ce pays, etc
renvoyaient bien à l’histoire récente du Japon)
Quant à Death Note, sans même parler de faits divers belges (ça serait trop facile...), Light n’est y pas représenté comme un brave révolutionnaire, et, plus que son intelligence, c’est sa puérilité qui est mise en avant, le Death Note révélant ses pulsions de toute puissance infantile Sa volonté de purifier le monde est d’ailleurs plus un idéal totalitaire que d’émancipation.
Je n’ai pas lu Akumetsu, mais la description que vous en faites me fait plus penser à un comics américain (autojustice, corruption des élites, etc) qu’à un manifeste révolutionnaire.
Bref, plus qu’une avant-garde révolutionnaire, ces manga sont avant tout des oeuvres commerciales (comme très souvent dans ce milieu) qui capitalisent sur le mal être des otaku, et leur offre un fantasme de destruction de la société à peu de frais.