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Commentaire de Hikaru

sur Et si le CPE ne changeait rien à la précarité ?


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Hikaru (---.---.194.249) 29 mars 2006 17:21

>>> dans l’état de surchauffe actuelle des cerveaux de beaucoup de nos concitoyens, ceci risque de rester un cri d’assoiffé dans le désert. <<<

Probablement, et cela n’a rien d’étonnant : vous appellez les opposants au CPE à cesser d’y résister sans autre argument que « le CPE ce n’est pas si grave » et « vous êtes excités et vos slogans schématiques ».

Je trouve qu’il y a plusieurs failles dans les idées de l’article :

- Déjà, l’idée que le CPE ne change rien est discutable (je la trouve intéressante, mais je ne parierais pas dessus non plus). Des commentaires plus haut sont déjà revenus là-dessus.

- Ensuite, en admettant même que le CPE n’introduise pas de précarité, vous faites le choix d’appeler les manifestants à rentrer chez eux plutôt que le gouvernement à retirer son texte. Pourtant dans l’hypothèse où le CPE ne change effectivement rien, vu la situation de crise, la décision de bon sens évidente serait de le retirer. Pourquoi ne pas appeler à la raison quelques hauts fonctionnaires plutôt qu’une foule de plusieurs millions de personnes en colère ? Cela paraît plus réaliste.

- En raillant les « mots martyrisés », la « guerre totale idéologique », de « de surchauffe actuelle des cerveaux », vous ne faites que constater qu’une foule de manifestants c’est un peu bourrin. Eh bien oui, c’est tout à fait vrai, et je dis cela alors que j’étais heureux d’être dans cette foule hier. Une foule ne peut guère prononcer en coeur que des slogans simples. Ce n’est pas une découverte, une manif c’est comme ça. Ce que vous oubliez, c’est que ce genre de manifestation de masse est la seule option accessible au peuple pour influer sur le gouvernement. Dénoncer les manifestations comme jusqu’au-boutistes et disproportionnées, cela se comprend dans le principe, mais cela revient en pratique à refuser au peuple son seul moyen d’intervention dans la politique hors des échéances électorales. Ce qui pourrait se justifier si notre démocratie représentative fonctionnait parfaitement, mais ce n’est pas le cas.

- De la même façon, si l’idée que le CPE ne justifiait pas une telle crise est tout à fait raisonnable, elle néglige de regarder la réalité politique pratique. Le gouvernement poursuit une politique impopulaire en connaissance de cause depuis quelques années. La population peut soit l’accepter, soit aller au conflit comme c’est le cas aujourd’hui. Alors les lois impopulaires s’accumulent dans ce qui ressemble à de l’indifférence mais serait plutôt de la frustration rentrée, ouis à un moment c’est la mesure de trop, un symbole provocateur du genre « période d’essais de deux ans avec droit au licenciement sans raison » et toute la frustration accumulée ressort d’un coup.

Alors peut-être me suis-je trompé en lisant votre article et y voyant une dénonciation des opposants au CPE uniquement alors que vous appeleriez également le gouvernement à la raison. Mais dans l’hypothèse contraire, si votre idée de base est intéressante, je crois que votre compréhension des raisons de la mobilisation reste superficielle, et pour le coup votre « cri d’assoifé » peu pertinent pour ceux qui ne sont pas d’accord avec vous au préalable.

Cela dit, moi aussi je crois que tout irait mieux si l’on pouvait discuter raisonnablement. Et qu’alors, l’intensité des protestations actuelles serait injustifiée. Mais pour l’instant on ne peut pas discuter calmement. On peut écouter sagement la « pédagogie » du gouvernement, ce n’est pas la même chose.


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