« Je ne vois pas Jacques Chirac se retirer, ni dissoudre une nouvelle fois l’Assemblée en mettant son poste en balance (ce qui serait gaullien, prendrait tout le monde de court, mais nécessiterait pour lui de se représenter). »
Je suis bien aise que vous évoquiez cette possibilité, parce que pour tout vous dire, je suis persuadé que c’est ce qu’il aurait dû faire en 1995. Il aurait évité à Juppé de manger son chapeau, et de s’entendre dire, plus tard et à juste titre : « qu’avez-vous fait pour le pays ? ». Chirac aurait évité la dissolution de 1997 qui l’a ridiculisé jusqu’au trognon, surtout après qu’il eut annoncé à son élection, en 1995 qu’il ne dissoudrait pas juste pour convenances personnelles (sic). S’il avait dissous début 1996, avec une raison tout à fait légitime et compréhensible de le faire, s’il avait gagné, il aurait trouvé une légitimité en béton. Et s’il avait perdu, il aurait appelé clairement la gauche à faire une politique de gauche, et il aurait été clair, à l’alternance suivante, qu’il s’agissait de faire une politique de droite. Le pays aurait avancé, pas toujours dans la bonne direction, mais en corrigeant le tir, les bonnes recettes des uns et des autres auraient été conservées, les mauvaises, éliminées au gré des alternances. Là, le pays est contraint à l’immobilisme. Et pour être honnête, cet immobilisme n’a pas été initié par Chirac, mais par son prédécesseur, expert ès combines et manipulations. Simplement, Chirac a été beaucoup trop maladroit pour s’extirper du pataquès contestataire que le démagogue qui l’a précédé a laissé s’instaurer, et s’est contenté très vite de suivre le courant au lieu de tenir fermement les commandes.