@Colre
Merci de votre intervention pertinente.
Le cheminement qui m’amène à citer Revel est le suivant. Le mot race et sa suppression des textes n’ont qu’un objectif : lutter contre le racisme. Or, ce que Revel exprime, ne changera pas, si l’on pense le faire par la suppression d’un mot. Notez qu’il ne parle pas non plus de racisme...
Je ne connais pas l’histoire du mot race. Cependant, je pense ne pas me tromper en affirmant qu’il sert à classer. Soit les plantes, soit les animaux. Quant aux humains, les avis divergent. L’emploi en a toujours été délicat. Pour ma part, je poserai le problème de cette façon. Soit les hommes peuvent être catégorisés, soit ils sont inclassables. Comme le rappelait Levi-Strauss dans Race et Histoire, le simple usage de la vue montre des différences. Le problème courant est d’associer une valeur à la différence, une étiquette de bien et de mal. Plutôt que race, on préférera le mot culture, moins englobante, plus correcte, et on se tranquillise davantage en se croyant sur la route de la culture plutôt que dans la voie du racisme. Je crois que c’est un effet de mode, employer des mots différents pour décrire une même réalité ne change pas les comportements. Seulement, en rassurant les pensées, on se détourne de l’exigence et de l’effort et, sans elle, comme le rappelle Albert Memmi que je cite, on se laisse aller au racisme voire à toutes les bassesses.
Votre question sur l’emploi indispensable du mot est fine. Et je n’en vois pas, je ne vois pas de phrase où le mot race s’imposerait à n’importe quel autre. Cependant le vocabulaire est une richesse. Je pourrais ajouter que faire disparaître les mots Nazisme et Communisme ne protégera pas du péril totalitaire.
J’espère avoir répondu substantiellement à votre note.