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Commentaire de Eddy KHALDI

sur « L'enseignement catholique replacé au cœur du diocèse »[1]


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Eddy KHALDI Eddy KHALDI 30 mai 2013 19:32

Dénigrer et dénaturer le service public pour invalider ses principes fondateurs

Je regrette que certains ne débattent pas honnêtement. Leurs commentaires sont à la limite de l’insulte. Je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas. Alors restons respectueux, surtout lorsque l’on prétend parler d’éducation.

Ni le public, ni le privé ne sont aussi uniformes que certains le prétendent. Insistons sur le fait, qu’il n’existe, a priori, pas de différence entre les élèves, les parents, les personnels qu’ils soient du public ou du privé. Seule se trouve posée, la question du clivage institutionnel, instrumentalisé pour privatiser, et accessoirement, confier une partie de l’école à l’Eglise. Tous les élèves, parents, personnels, et citoyens souffrent de ce séparatisme et pâtissent du surcoût engendré par ce dualisme. Réaffirmons ici sans détour, que le coût de cet enseignement particulier doit être supporté par ceux, et eux seuls, qui refusent le vivre ensemble de l’école publique et laïque ouverte à toutes et tous. Des chrétiens pour leur part, véritablement républicains, n’ont pas peur d’exprimer, qu’ils « se sentent humiliés quand l’Eglise catholique contribue, par le comportement des responsables de cette école confessionnelle, à appauvrir l’école publique - école de la Nation »[1]

Au-delà de l’Église catholique elle-même, une certaine dialectique du Bien et du Mal, surfant et alimentant cette cabale médiatique, est, toujours et encore plus, entretenue par ceux qui n’ont jamais admis que l’école puisse être l’affaire de tous. Certains s’évertuent ainsi, depuis des années, à présenter l’école publique comme une diabolique machine à perdre la jeunesse, non réformable et trop coûteuse.

Ces fossoyeurs de l’école publique, se recrutent toujours nombreux, au sein d’un chapelet d’associations très clérico-libérales, anciennes ou nouvelles venues, pour beaucoup déjà signalées dans Main basse sur l’école publique. Active en coulisses depuis le milieu des années 1970, cette cabale réunit ainsi, un agrégat mêlant clubs, réseaux et think tanks, tels que l’IFRAP, Enseignement et liberté ou l’Aleps (émanation du MEDEF), proches des courants ultralibéraux et de l’extrême-droite. Mais aussi, de franges catholiques intégristes dont les ramifications s’étendent jusqu’à l’Opus dei, habitées par le fantasme d’un retour à l’école d’ancien régime, aux mains de l’Église. Une coterie en réalité, écoutée et soutenue en haut lieu, pour certains de ses éléments depuis près de quarante ans, en réalité, chaque fois que la droite en France, accède au pouvoir. Avides d’en finir avec l’école de la République, ces officines, « SOS éducation », « Créer son école », « Enseignement et liberté », « Famille, école, éducation »… entretiennent de concert, un discours catastrophiste sur l’Éducation nationale, aussi virulent que malsain, reprenant en chœur depuis des années le même leitmotiv, inlassablement ressassé par l’Église catholique elle-même depuis la mise en place, finalement jamais digérée, de l’école publique de Jules Ferry : le « mammouth comparable à l’ex-armée rouge » qui « génère de la violence », « coûte cher » et « fabrique des crétins » dans un « enseignement inadapté » et « non réformable ». « L’école est en train de mettre en péril l’avenir de milliers d’enfants : il faut agir vite », disent-ils.

Il faut bien comprendre, que pour cette cohorte catholico-libérale, il ne s’agit-là que d’une étape. À chacun son « rêve éducatif ». Pour les uns, l’école est appelée à renouer avec son rôle missionnaire, d’instrument d’évangélisation pour conforter une visibilité et une empreinte sociales visant à contourner la séparation des Églises et de l’État. Pour d’autres, l’école doit devenir marchandise.

L’enjeu de ce débat sur l’enseignement privé est le développement d’une conception libérale de l’enseignement, ouvrant la voie à l’établissement de la concurrence entre privé et public pour organiser l’école selon la loi du marché, gestion dans laquelle la considération religieuse n’est pas inexistante.

Les fondements et valeurs de l’école publique reposent sur des principes fondamentalement républicains. L’enjeu, plus que jamais, est celui d’une société organisée autour de ces principes, au premier rang desquels, la laïcité. Ces valeurs au fondement de notre pacte social, veulent faire du citoyen un individu autonome, responsable, doué d’intelligence et d’esprit critique, acteur essentiel du vivre ensemble.

Eddy KHALDI


[1]Communiqué du 16 aout 2010 des « Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l’Ecole Confessionnelle » (CEDEC)


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