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Commentaire de Francis BEAU

sur Requiem pour une liberté de penser perdue


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Francis BEAU Francis BEAU 31 mai 2013 15:04

Merci Muriel pour votre soutien


C’est une bataille démocratique importante que nous venons de perdre, mais nous n’avons pas perdu la lutte contre l’idée que cette réforme était irrésistible et constituait un nouveau maillon d’une chaîne continue de progrès. La contestation a réveillé avec elle les forces vives du pays réel contre l’abolition du concept républicain d’union entre un homme et une femme, contre la théorie du genre qui la fonde, contre l’avènement d’une humanité unisexe qui se profile derrière et contre le "meilleur des mondes" d’Aldous Huxley vers lequel elle nous mène.

La vague de fond soulevée dans tout le pays par la loi sur le mariage n’a pas seulement surpris le gouvernement. Elle nous a stupéfaits nous-mêmes. La force tranquille des manifestants, face au mensonge d’État, à la diffamation, aux violences policières et aux gardes à vue injustifiées, a transformé l’adoption de la loi en défaite pour la démocratie. Bien sûr, la contestation du projet de loi s’est achevée sur un échec, puisque la loi est entrée en vigueur. Reste que l’espoir a changé de camp. La course éperdue vers le meilleur des mondes d’Huxley me semble avoir cessé de paraître inéluctable. Merci les Français.

Cette lutte sera longue et difficile, mais nous la gagnerons parce que la raison l’emporte toujours sur la folie, le bon sens sur les idées reçues, la vérité sur le mensonge, la liberté d’opinion sur la tyrannie de la pensée dominante, la justice sur le totalitarisme.

L’État français vient de promulguer une loi qui m’interdit d’élever mes enfants (ou plutôt pour moi maintenant, mes petits-enfants) dans l’idée que la sexualité relève de la vie privée ou intime de chacun, que chacun est libre de pratiquer en privé la sexualité qu’il veut, que l’homme et la femme sont de sexes différents et complémentaires, que leur union est un acte important leur permettant d’engendrer une filiation qu’ils s’engagent à mener jusqu’à l’âge adulte dans les meilleures conditions possibles en se jurant respect et fidélité, et que cette union ne peut en aucun cas être confondue avec une union homosexuelle tout aussi respectable, mais dont l’objectif est fondamentalement différent. Cette loi, m’interdit d’exprimer et même donc de penser, avec le mot « mariage », le concept laïc et républicain d’union à vocation procréatrice, différant fondamentalement du concept libertaire d’union sans vocation procréatrice. En revendiquant donc le droit de disposer avec le mot « mariage » du moyen d’exprimer cette idée d’union à vocation procréatrice, que je souhaite faire passer à mes enfants ou petits-enfants, je me rends coupable, selon les propres termes du président de la Commission des lois du Sénat et de bien d’autres défenseurs de la loi Taubira, du délit d’homophobie pénalement répréhensible, ou, ce qui pour lui est pire, de déni d’homophobie puisque je m’en défends. 

Comme je n’ai aucunement l’intention d’abandonner cette liberté fondamentale de penser et d’exprimer mes opinions, me voilà désormais, quoi que toutes les bonnes âmes puissent en penser, devenu hors-la-loi, du fait de l’État français. Je refuse de confondre l’union d’un homme et d’une femme dont l’importance de la vocation procréatrice justifie qu’elle soit solennisée par un acte civil républicain que l’on nommait « mariage », avec l’union de deux personnes indépendamment de leur sexe dont la vocation est toute autre, puisqu’elle est destinée à consacrer l’amour mutuel qu’elles se portent et en particulier l’amour homosexuel en le faisant reconnaître par la République dans une nouvelle institution du mariage qui abolit l’ancienne.

Les régimes totalitaires s’attaquent toujours à la liberté de penser avant de porter atteinte aux libertés formelles et d’aboutir in fine au rejet des procédures électives.


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