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Accueil du site > Tribune Libre > Requiem pour une liberté de penser perdue

Requiem pour une liberté de penser perdue

La loi Taubira porte gravement atteinte à la liberté de penser (d'opinion ou de conscience) car elle abolit un concept, celui d'une union républicaine destinée à rendre public l'engagement d'un homme et d'une femme à se devoir respect et fidélité pour fonder une famille. Ce concept d’union républicaine sur lequel reposait le renouvellement des générations au sein de la famille a désormais été interdit d’expression par une loi qui lui confisque son nom au profit d’un autre reposant sur la prépondérance donnée au sentiment amoureux et aux libertés individuelles au détriment de valeurs plus essentielles à fondation d’une famille (fidélité, respect des droits de l’enfant,…). Faisant fi au passage du caractère privé de la relation amoureuse et de l’intimité des relations sexuelles, l’institutionnalisation de ce nouveau concept qui ne fait plus référence à une quelconque procréation naturelle et à sa dimension sociale en matière de renouvellement des générations, accorde plus d’attention aux droits des époux qu’à leurs devoirs et ouvre en particulier la voie à des modes de filiation artificiels qui n’ont pas l’intérêt supérieur de l’enfant comme objet de considération primordiale.

Je revendique la liberté de penser et d’exprimer des concepts que la loi républicaine rejette indûment, ainsi que le droit de défendre les valeurs que me dictent ma conscience, même et surtout lorsque cette loi les bafoue.

Je revendique le droit d’exprimer le concept républicain d’union entre un homme et une femme pour assurer une filiation, sans encourir le risque d’être condamné pour propagation d’idées à caractère homophobe.

Je revendique la liberté élémentaire de penser, avec le mot qui l’exprime depuis 1791 au regard de l’état civil laïc et républicain, le concept d’union entre un homme et une femme pour assurer une filiation.

Je revendique le droit d’attendre de l’État républicain qu’il n’abandonne pas aux seules religions le monopole de la légitimation et de la concrétisation sociale du concept d’union entre un homme et une femme pour assurer une filiation, sans être pour autant accusé d’homophobie.

Je revendique le droit d’attendre de l’État républicain qu’il reconnaisse la spécificité de cette union, sans être accusé de discrimination à l’égard des personnes dont l’orientation sexuelle est incompatible avec ce concept sur lequel repose le renouvellement des générations, et dont seule la portée sociale indiscutablement importante justifie la concrétisation publique dans un acte civil solennel engageant mari et femme à se devoir mutuellement respect, fidélité, secours et assistance pour assurer ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoir à l'éducation des enfants et préparer leur avenir (Code civil, Titre V, Chapitre VI, Des devoirs et des droits respectifs des époux, Articles 212 et 213).

Je revendique donc le droit d’attendre de la République qu’elle puisse, sans être pour autant accusée par les homosexuels de discrimination à leur égard, désigner l’union par amour mutuel de deux personnes de même sexe pour mener vie commune, d’un autre mot que celui exprimant le concept d’union entre un homme et une femme pour assurer une filiation.

Je revendique la liberté, sans être accusé d’incitation à la discrimination à l’égard des homosexuels, d’élever mes enfants dans l’idée que tout enfant né ou à naître ne peut pas être privé délibérément d’un père ou d’une mère, dans le seul but de combler le désir d’enfant légitime d’adultes responsables, dont la satisfaction naturelle est néanmoins biologiquement impossible en raison de leur orientation sexuelle.

Je revendique la liberté, sans être accusé d’incitation à la discrimination à l’égard des homosexuels, d’élever mes enfants dans l’idée que les amours homosexuelles sont tout autant respectables que les amours hétérosexuelles tant qu’elles relèvent comme ces dernières de la vie intime de chacun, que les unions ayant pour seul objet de reconnaître un amour mutuel entre deux personnes pour mener vie commune et garantir les droits respectifs de chacun, sont des actes purement privés, mais que l’union d’un homme et d’une femme pour fonder une famille est d’une toute autre nature, ni supérieure, ni inférieure, mais simplement différente, qui seule peut justifier l’utilité d’une consécration publique nécessairement civile en France, avant de pouvoir être religieuse.

Je revendique la liberté élémentaire d’éduquer mes enfants dans le respect de ces valeurs morales qui sont les miennes et celles de leur mère et qui ont fondé notre union, sans leur demander d’enfreindre une loi de la République qui leur impose de rejeter ces valeurs en abolissant le concept même d’union entre un homme et une femme pour fonder une famille, afin de le remplacer par un autre concept prétendu nouveau d’union qui ne distingue pas les sexes l’un de l’autre.

Je revendique le droit pour tous les Français d’exercer des fonctions d’élu de la République sans avoir à renier leur conscience en célébrant le mariage de personnes de même sexe pour le seul motif qu’elles s’aiment et souhaitent mener un moment de vie ensemble, et accéder ainsi au droit à l’enfant via le mécanisme de l’adoption.

En attendant l’alternance républicaine susceptible de revenir sur cette loi qui prétend supprimer un concept auquel la majorité en place n’adhère pas, en changeant le sens du mot qui l’exprime, je revendique en tout cas, pour tous ceux qui adhèrent au concept républicain d’union entre un homme et une femme pour assurer une filiation, la liberté d’exprimer en tout lieu et en toute occasion ce qui le différencie de celui d’une union consacrant des amours homosexuelles, sans être pour autant accusés d’homophobie.


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20 réactions à cet article    


  • Txotxock Txotxock 31 mai 2013 13:15

    Il faut avoir du culot pour parler de liberté de pensée perdue de la part de gens qui veulent imposer leur propre manière de penser aux autres.


    • Francis BEAU Francis BEAU 31 mai 2013 13:26

      Qui impose aux autres leur manière de penser ? Ceux qui votent des lois changeant le sens des mots ou bien ceux qui s’en désolent ?


    • Hermes Hermes 31 mai 2013 17:28

      Bonjour,

       ce n’est pas la liberté de penser qui est le plus menacée, c’est celle d’être, car chaque gouvernement impose de nouvelles contradictons dans la pensée acceptable, ce qui scotche les citoyens spectateurs du politique dans le « débat », alors que la vie n’est pas un débat, et ne se vit pas en pensées......

       Les mots de nos débats sont des pavés qui expriment nos contradictions et notre violence et nous coupent de notre réalité commune. Comment gouverner un peuple qui se croit intelligent : donnez lui un débat, car diviser c’est régner !

      Bon WE.


    • adeline 31 mai 2013 18:07

      Bonsoir Mr Beau, à mon avis toutes les lois sont toujours restrictives pour un groupe par définition sinon elles n’existeraient pas, ici nous avons une loi qui protége une partie de la société réelle, c’est une avancée non ?


    • Francis BEAU Francis BEAU 31 mai 2013 22:41

      Bonsoir Adeline


      Qui protège cette loi et de quoi ? 

      Protège-t-elle les homosexuels ? Mais de qui ou de quoi ? Sont-ils en danger ? Le fait d’abolir le concept d’union entre un homme et une femme pour fonder une famille va-t-il les protéger de quoi que ce soit ? 

      Ou bien protège-t-elle les enfants innocents du bon vouloir d’adultes souhaitant satisfaire leur désir d’enfant en leur imposant deux mamans ou deux papas et en les privant d’un père ou d’une mère ?


    • Yohan Yohan 31 mai 2013 13:57

      Le Titanic coule et pendant ce temps là, on fait une Loi pour une minorité d’égoïstes sectaires et agressifs qui ne poursuivent qu’un but, emmerder les hétéros. On oublie qu’il y a un paquet d’homos qui ne demandaient à juste titre qu’un pacte civil amélioré pour sécuriser l’avenir et qui estiment à juste titre que le droit à l’enfant n’est qu’un caprice de nantis.


      • jymb 31 mai 2013 14:06

        C’est le propre du politiquement correct nauséabond et de la propagande d’état d’asséner que toute autre vue que les diktats imposés est une attitude irresponsable, fasciste, anti citoyenne, qui ne peut être que celle d’un dangereux demeuré. 
        De l’apprentissage de la lecture à l’autophobie délirante, pas un domaine du quotidien n’échappe à cette règle.
        Vous êtes libre de penser ..comme on vous l’impose. 
         


        • Muriel74 Muriel74 31 mai 2013 14:48

          Un compromis honnête sur un pacte élargi aurait été un acte positif :: " arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles" pour le bien commun
          la compromission par cette loi ou« le fait d’exposer quelqu’un à un préjudice moral » par lacheté ou intérêt, exiger que la conscience de tous approuve est un acte négatif, violent
          l’idéolgie qui n’utilise pas le compromis et utilise la compromission est une idéologie totalitaire
          De plus l’absence de réelle clarification sur la Pma, Gpa et adoption, sur la théorie du Genre que beaucoup ont découvert au cours des « débats » n’arrange rien.
          « ../pourvoir à l’éducation des enfants et préparer leur avenir » c’est bien à quoi ce sont engagés ces premiers mariés de France devant le maire, ça veut dire quoi ?
          Revendiquer et résister dans la vie réelle ne va pas être facile, l’union fera la force contre la répression qui s’annonce
          Merci pour votre article


          • Francis BEAU Francis BEAU 31 mai 2013 15:04

            Merci Muriel pour votre soutien


            C’est une bataille démocratique importante que nous venons de perdre, mais nous n’avons pas perdu la lutte contre l’idée que cette réforme était irrésistible et constituait un nouveau maillon d’une chaîne continue de progrès. La contestation a réveillé avec elle les forces vives du pays réel contre l’abolition du concept républicain d’union entre un homme et une femme, contre la théorie du genre qui la fonde, contre l’avènement d’une humanité unisexe qui se profile derrière et contre le "meilleur des mondes" d’Aldous Huxley vers lequel elle nous mène.

            La vague de fond soulevée dans tout le pays par la loi sur le mariage n’a pas seulement surpris le gouvernement. Elle nous a stupéfaits nous-mêmes. La force tranquille des manifestants, face au mensonge d’État, à la diffamation, aux violences policières et aux gardes à vue injustifiées, a transformé l’adoption de la loi en défaite pour la démocratie. Bien sûr, la contestation du projet de loi s’est achevée sur un échec, puisque la loi est entrée en vigueur. Reste que l’espoir a changé de camp. La course éperdue vers le meilleur des mondes d’Huxley me semble avoir cessé de paraître inéluctable. Merci les Français.

            Cette lutte sera longue et difficile, mais nous la gagnerons parce que la raison l’emporte toujours sur la folie, le bon sens sur les idées reçues, la vérité sur le mensonge, la liberté d’opinion sur la tyrannie de la pensée dominante, la justice sur le totalitarisme.

            L’État français vient de promulguer une loi qui m’interdit d’élever mes enfants (ou plutôt pour moi maintenant, mes petits-enfants) dans l’idée que la sexualité relève de la vie privée ou intime de chacun, que chacun est libre de pratiquer en privé la sexualité qu’il veut, que l’homme et la femme sont de sexes différents et complémentaires, que leur union est un acte important leur permettant d’engendrer une filiation qu’ils s’engagent à mener jusqu’à l’âge adulte dans les meilleures conditions possibles en se jurant respect et fidélité, et que cette union ne peut en aucun cas être confondue avec une union homosexuelle tout aussi respectable, mais dont l’objectif est fondamentalement différent. Cette loi, m’interdit d’exprimer et même donc de penser, avec le mot « mariage », le concept laïc et républicain d’union à vocation procréatrice, différant fondamentalement du concept libertaire d’union sans vocation procréatrice. En revendiquant donc le droit de disposer avec le mot « mariage » du moyen d’exprimer cette idée d’union à vocation procréatrice, que je souhaite faire passer à mes enfants ou petits-enfants, je me rends coupable, selon les propres termes du président de la Commission des lois du Sénat et de bien d’autres défenseurs de la loi Taubira, du délit d’homophobie pénalement répréhensible, ou, ce qui pour lui est pire, de déni d’homophobie puisque je m’en défends. 

            Comme je n’ai aucunement l’intention d’abandonner cette liberté fondamentale de penser et d’exprimer mes opinions, me voilà désormais, quoi que toutes les bonnes âmes puissent en penser, devenu hors-la-loi, du fait de l’État français. Je refuse de confondre l’union d’un homme et d’une femme dont l’importance de la vocation procréatrice justifie qu’elle soit solennisée par un acte civil républicain que l’on nommait « mariage », avec l’union de deux personnes indépendamment de leur sexe dont la vocation est toute autre, puisqu’elle est destinée à consacrer l’amour mutuel qu’elles se portent et en particulier l’amour homosexuel en le faisant reconnaître par la République dans une nouvelle institution du mariage qui abolit l’ancienne.

            Les régimes totalitaires s’attaquent toujours à la liberté de penser avant de porter atteinte aux libertés formelles et d’aboutir in fine au rejet des procédures électives.


          • cevennevive cevennevive 31 mai 2013 16:01

            « L’État français vient de promulguer une loi qui m’interdit d’élever mes enfants (ou plutôt pour moi maintenant, mes petits-enfants) dans l’idée que la sexualité relève de la vie privée »


            Très vrai !

          • norbert gabriel norbert gabriel 31 mai 2013 16:39

            "Je revendique la liberté de penser et d’exprimer des concepts que la loi républicaine rejette indûment, ainsi que le droit de défendre les valeurs que me dictent ma conscience, même et surtout lorsque cette loi les bafoue.« 

            Idem pour les valeurs que me dictent ma conscience, celle de privilégier des relations humaines harmonieuses et positives. Comme celle de l’union de deux êtres qui s’aiment.
            Le mariage a été une institution qui a privilégié pendant des siècles des arrangements d’intérêts, avec souvent le viol légal du devoir conjugal, ce qui est encore le cas dans pas mal de pays en 2013. Et pour l’intéret des enfants, il y en a beaucoup trop qui pourraient reprendre à leur compte ce que dit Poil de carotte :  »Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin" ... Brasse-bouillon aurait aussi pu dire la même chose ..


            • aspic aspic 31 mai 2013 22:17

              Bien vu !
              Cela me travaille depuis un moment aussi : il s’agit bel et bien d’un dénie de liberté de conscience et d’opinion.
              J’ai commencé à m’inquiéter de la tournure de la discussion au moment de la réunion avec les maires de France et le dénie de leur liberté de conscience. (après les protestations du LGTB)
              L’homophobie en Belgique est puni par la loi comme le dénie de l’holocauste !
              Votre texte est donc « une incitation à la haine » ?
               smiley
              J’ai récemment vu des émissions sur la télé des pays bas ou les journalistes s’étonnent de la réaction de tous ces gens « contre », et qu’ils parlent même de « résistance », comme au temps de De Gaule et les nazis (dixit l’homme tabassé à Paris et qui a été présenté comme victime de la haine homophobe en France).
              Mes amis Belges me disent ne pas comprendre tout ce remous, (car en Belgique tout est calme, sans problèmes) jusqu’au moment ou je leur explique la profondeur des changements prévus, avec la théorie du genre dans les primaires qui est voulu par le gouvernement actuel.
              Il ne faut pas oublier que c’est en France que l’on a voulu changer la durée de la semaine, du calendrier... des changements qui n’ont pas été permanents.
              Votre texte est clair, dénué de toute connotation avec une conviction religieuse, (aussi légitime qu’elle puisse être) et plein de bon sens et de tolérance séparant bien les thèmes.
              Merci !


              • Mendosa Mendosa 1er juin 2013 11:44

                @Francis Beau

                Il y a beaucoup à dire sur votre texte,
                Déjà, deux petites questions afin de vérifier la cohérence de votre propos/pensée :
                Doit on interdire le mariage aux hétéros stériles ou meno/andropausés ?
                Doit on interdire l’adoption aux célibataires ?


                • Francis BEAU Francis BEAU 2 juin 2013 10:20

                  Bonjour Mendosa


                  « Doit on interdire le mariage aux hétéros stériles ou meno/andropausés ? »
                  Non. 
                  Il n’est pas question d’interdire quoi que ce soit à qui que ce soit, mais de ne pas donner à la loi le pouvoir démesuré de changer le sens des mots. Le mariage était jusqu’à récemment l’union d’un homme et d’une femme ayant vocation naturelle à diffuser la vie (rien ne les y obligeait, mais c’était le sens de leur union). Rien n’interdit à un homosexuel de se marier s’il veut fonder une famille, il lui faudra pour cela se plier, non pas à une loi républicaine, mais au sens du mot (sa définition) en épousant, non pas un homme, mais une femme, et se plier à une loi, non plus républicaine, mais une loi de la nature, en s’accouplant avec cette femme.
                  Les mots et leur sens sont les gardiens des concepts. Ils appartiennent au peuple, et aucun pouvoir aussi démocratique soit-il ne peut l’en déposséder. C’est toujours en s’attaquant aux concepts que les démocraties basculent dans le totalitarisme.
                  Rien n’interdit à un homosexuel de s’unir avec un autre homme, rien n’interdit non plus que la loi républicaine accorde à leur union un statut légal similaire à celui du mariage, mais cette union ne sera pas un mariage parce qu’elle n’est pas l’union d’un homme et d’une femme et qu’elle n’a pas vocation naturelle à fonder une famille. C’est bien sur cette affaire de filiation que ces deux types d’unions diffèrent fondamentalement. Confondre les deux, c’est inévitablement ouvrir la voie à des modes de filiation artificiels : adoption (c’est fait), PMA dont GPA (cela reste à faire). 

                  Et on en vient tout naturellement à votre deuxième question :

                  « Doit on interdire l’adoption aux célibataires ? »
                  La réponse est probablement oui, tant que le nombre de parents candidats à l’adoption est supérieur au nombre d’enfants en attente d’adoption, ce qui est le cas actuellement en France. Rappelons que l’ouverture de l’adoption aux célibataires en France remonte à l’après-guerre, à une époque où le pays devait faire face à un nombre d’orphelins tout à fait extraordinaire. Si une telle situation était amenée à se reproduire, il serait toujours temps d’autoriser ponctuellement à nouveau des célibataires à adopter, et pourquoi pas, toujours ponctuellement, à des couples de personnes de même sexe. C’est toujours là, l’intérêt supérieur des enfants qui doit primer.


                • Mendosa Mendosa 2 juin 2013 14:07

                  @Francis Beau

                  Merci pour votre réponse.

                  « Doit on interdire l’adoption aux célibataires ? »
                  La réponse est probablement oui, tant que le nombre de parents candidats à l’adoption est supérieur au nombre d’enfants en attente d’adoption, ce qui est le cas actuellement en France. Rappelons que l’ouverture de l’adoption aux célibataires en France remonte à l’après-guerre, à une époque où le pays devait faire face à un nombre d’orphelins tout à fait extraordinaire. Si une telle situation était amenée à se reproduire, il serait toujours temps d’autoriser ponctuellement à nouveau des célibataires à adopter, et pourquoi pas, toujours ponctuellement, à des couples de personnes de même sexe. C’est toujours là, l’intérêt supérieur des enfants qui doit primer.

                  Sur cette question, vous faites preuve de cohérence, et si je ne partage pas forcément votre avis, j’en respecte la validité et la logique.
                  Je tiens cependant à vous faire remarquer que si la loi sur le mariage sur tous ouvre théoriquement l’adoption aux homos, elles ne concernera probablement qu’un petit nombre de personnes, et très probablement dans les situations où l’un des deux partenaires est le parent biologique de l’enfant. Ainsi dans ces cas c’est bien l’intérêt supérieur de l’enfant qui primera puisque l’adoption légale par l’autre partenaire, celui avec qui il vit, qui l’élève et qui est déjà un référent actif et affectif dans sa vie, protégera ce lien. Dans les autres cas d’adoption, les commissions d’adoption n’ayant en effet pas besoin de justifier leurs refus, le plus vraisemblable est que ces dernières auront tendance à privilégier des couples « classiques » au détriment des couples homosexuels , il ne faut pas présumer de l’intégrité des personnes chargées de cette évaluation dont le professionnalisme garantie, je pense, que les choix de placement seront fait dans l’intérêt de l’enfant placé, et si cet intérêt leur semble meilleur dans un couple homo que dans un couple hétéro ou une famille monoparentale pourquoi contester leur expertise ?

                  Je suis par contre moins convaincu par votre première réponse qui ne me semble pas cohérente sans y apporter quelques précisions supplémentaires.

                  « Doit on interdire le mariage aux hétéros stériles ou meno/andropausés ? »
                  Non.
                  Il n’est pas question d’interdire quoi que ce soit à qui que ce soit, mais de ne pas donner à la loi le pouvoir démesuré de changer le sens des mots. Le mariage était jusqu’à récemment l’union d’un homme et d’une femme ayant vocation naturelle à diffuser la vie (rien ne les y obligeait, mais c’était le sens de leur union).

                  Si le but du mariage est de fonder une famille par voie naturelle (je résume ce que je comprends de votre propos), il ne devrait pas s’appliquer aux couples stériles ou meno/andropausés, qui ne le peuvent pas. Ou alors ce n’est pas le but du mariage.

                  Vous semblez baser votre problématique sur une question de sémantique directement reliée à la définition du mariage évoquée ci-dessus :

                  Rien n’interdit à un homosexuel de s’unir avec un autre homme, rien n’interdit non plus que la loi républicaine accorde à leur union un statut légal similaire à celui du mariage, mais cette union ne sera pas un mariage parce qu’elle n’est pas l’union d’un homme et d’une femme et qu’elle n’a pas vocation naturelle à fonder une famille. C’est bien sur cette affaire de filiation que ces deux types d’unions diffèrent fondamentalement. Confondre les deux, c’est inévitablement ouvrir la voie à des modes de filiation artificiels : adoption (c’est fait), PMA dont GPA (cela reste à faire).

                  Autrement dit, vous êtes d’accord pour que les couples homos et hétéros aient des droits similaires... mais sous une appellation différente ? Quel intérêt d’appeler de deux façons différente la même chose quand il suffit de faire évoluer le sens des mots pour qu’ils soient conformes à la réalité ? Les langues évoluent et se réajustent sans cesse...
                  Bon ces droits accordés ne sont pas si similaires que ça puisque vous développez :
                  La différence entre ces deux versions du mariage dans votre argumentation ne repose que sur le fait que le mariage est une union ayant vocation naturelle à diffuser la vie... or ce n’est pas la définition du mariage civil, et on en revient à ma question initiale, car si ça l’était, on passerait un test de fécondité avant de se marier et tous les couples hétéros ne pourraient y avoir accès (3 à 4% des couples sont stériles - les couples andro/ménopausés qui n’ont plus vocation naturelle à donner la vie)...

                  Pouvez-vous donc préciser ce que vous entendez exactement par « vocation naturelle à diffuser la vie » ?
                  Sommes nous ici dans le symbolique et la potentiel comme d’autres le soutiennent ?
                  Il me semble moi que le mariage laïque, en tant que loi doit reposer sur le réel.


                • Francis BEAU Francis BEAU 2 juin 2013 20:54

                  @ Mendosa


                  « Pouvez-vous donc préciser ce que vous entendez exactement par « vocation naturelle à diffuser la vie » ? »
                  Je précise donc, car il semble effectivement que nous ayons du mal à nous comprendre sur ce point.
                  Le mariage a pour vocation naturelle de diffuser la vie signifie qu’en consacrant l’union d’un homme et d’une femme qui ont normalement la faculté de donner la vie en s’accouplant, il constitue un cadre adapté à la fondation d’une famille et au renouvellement naturel des générations. Le fait que certains couples (homme - femme) puissent être stériles ne retire rien au fait qu’un homme et une femme ont normalement la faculté de donner la vie et n’est donc en rien contradictoire avec la définition du mariage. En revanche, l’union de deux hommes ou de deux femmes n’aura jamais la faculté de donner la vie. Tout ceci est bien réel.
                  Je prends un exemple dans un tout autre domaine : un avion est une machine qui a pour vocation de voler ; il doit avoir pour cela des ailes et des moteurs ; si les moteurs ne marchent pas, il ne volera pas, pourtant il s’appellera toujours un avion ; en revanche, une machine qui ne serait constituée que de moteurs ne pourra jamais voler et ne peut pas s’appeler avion (tout au plus pourra-t-elle s’appeler fusée). 

                • Mendosa Mendosa 3 juin 2013 01:57

                  @Francis Beau

                  Ce sur quoi nous ne sommes pas d’accord c’est votre postulat de départ.

                  Vous êtes dans le symbolique.

                  Alors que pour moi la réalité prime.
                  La réalité c’est que le renouvellement des générations n’a rien à voir avec le mariage, puisqu’il existe sans ce dernier, il ne peut en constituer une condition préalable, ni même symbolique puisque son non respect n’entraîne pas la déchéance de ce mariage. (c’était le cas dans le mariage religieux, qui avait cette cohérence, mais qui n’est pas respecté depuis belles lurettes par ceux qui prétendent le défendre/promouvoir).

                  La nature ne se soucie pas de symboles, la vie saisie la moindre chance pour se manifester et exploser, les animaux ne se marient pas et n’en perpetuent pas moins leurs espèces...

                  Quant à la Loi, elle est là pour organiser le vivant, l’existant, le réel... en l’occurrence la loi sur le mariage civil légifère sur la réalité d’un couple qui veut devenir une nouvelle entité dans la société, et si elle organise aussi les scénarii potentiels de ce que deviendra ce couple, ces derniers ne sont pas sa raison première ni sa finalité (ainsi on ne peut penser que la finalité du couple est le divorce parce que la loi l’organise, il ne faut donc pas non plus raisonner de cette manière pour l’enfantement).

                  Un hélicoptère vole, sans ailes... c’est la réalité...


                • Francis BEAU Francis BEAU 3 juin 2013 11:07

                  @ Mendosa


                  Où avez-vous vu un postulat ? Si vous faites allusion à la définition du mariage qui prévalait naguère, il ne s’agit pas d’un postulat, mais d’une définition. Sans définitions, il n’y a pas de langage, et pas de communication possible.

                  Lorsque je dis que deux hommes ou deux femmes n’auront jamais la faculté de donner la vie en s’accouplant, il ne me semble pas être dans le symbolique, mais bien dans le réel.

                  Mon exemple aéronautique ne semble pas avoir contribué à éclairer ce que j’entendais par « vocation naturelle à diffuser la vie » qui constitue bien une réalité. Je prends donc un autre exemple.

                  Imaginons que les fabricants de manteaux se plaignent que leur production n’ait pas le droit à l’appellation d’imperméable. Ils voient là une inégalité flagrante dans la corporation des fabricants de pardessus et se plaignent de discrimination à leur égard. Pour remédier à cette prétendue inégalité, le gouvernement décide de légiférer en modifiant la définition du mot « imperméable », pour en étendre l’accès aux manteaux. Qu’il ait vocation naturelle à protéger de la pluie ou non, tout pardessus a désormais également accès à l’appellation d’imperméable. Pourtant, un manteau n’aura jamais vocation naturelle à protéger de la pluie, tandis qu’un imperméable peut être usagé et ne plus vraiment protéger de la pluie, il peut avoir un défaut de fabrication et ne pas protéger de la pluie, il n’en restera toujours pas moins un imperméable parce qu’il a toujours vocation naturelle à protéger de la pluie. 

                  Tout ceci est bien réel et ne relève pas d’un pur débat théorique de nature sémantique. La loi n’a pas vocation à changer le sens des mots. Un gouvernement qui prétend changer le sens des mots s’attaque aux concepts et donc à la liberté de penser. Un gouvernement qui prétendrait changer le sens du mot « imperméable » en étendant sa définition à tous les pardessus, prive son peuple du droit élémentaire de penser et d’exprimer le concept de vêtement imperméable en le distinguant de ceux dont ce n’est pas la vocation.

                  Tout ça, bien que correspondant bien à une réalité, ne serait pas bien grave et pourrait d’une certaine manière être considéré comme assez symbolique (mais s’attaquer à la liberté de penser, même lorsque cela demeure encore un peu symbolique n’est-il pas d’une certaine gravité ?), s’il n’y avait pas derrière le concept de mariage (ancienne définition : union d’un homme et d’une femme), le problème de la filiation. En changeant le sens du mot mariage, c’est toute la notion de filiation qui s’en trouve bouleversée. Il devient possible d’imposer à un enfant de ne pas avoir de mère ou de ne pas avoir de mère. Vous conviendrez au moins, que ce problème, qui est bien réel et n’a rien de symbolique, mérite au moins qu’on le soulève sans en escamoter aucun aspect, comme celui entre autres de sa cohérence avec le droit international et la convention des droits de l’enfant. 

                  Le renouvellement des générations, me dites vous, « n’a rien à voir avec le mariage » et « ne peut constituer une condition préalable » à celui-ci. Pas plus qu’il ne s’agit de postulat, il ne s’agit pas non plus de condition préalable, mais bien de définition : le mariage est (ou était) l’union d’un homme et d’une femme, un peu comme un triangle est la réunion de trois angles. 

                   Le fait qu’un triangle soit un polygone à trois côtés n’est en rien une condition préalable, cela découle de sa définition. On peut toujours appeler ça un postulat ou une condition préalable, mais en changer, c’est changer de définition. On peut toujours décréter que deux angles peuvent former désormais à eux seuls un triangle et que le nombre de côtés n’a rien à voir avec le triangle, mais le triangle, par définition, entretient une relation étroite avec le fait d’avoir trois côtés puisque lorsqu’on décide de réunir trois angles (triangle), si tout se passe bien et que le crayon ne dérape pas, la figure obtenue compte trois côtés, ce qui ne sera jamais le cas avec seulement deux angles. 

                  De la même manière, on peut toujours décréter que deux hommes peuvent former désormais à eux seuls un couple marié et que le renouvellement des générations n’a rien à voir avec le mariage, mais le mariage, par définition entretient (ou entretenait) à l’évidence une relation étroite avec le renouvellement des générations, puisque l’union d’un homme et d’une femme est « normalement » (j’entends par là qu’elle a la faculté, si le couple en décide ainsi et si la nature n’a pas fait l’un des deux stérile) féconde, ce qui ne sera jamais le cas avec seulement deux hommes ou deux femmes.

                  J’ajoute, que ce n’est pas parce qu’on peut perpétuer l’espèce sans se marier (cas de tous les animaux, mais également de très nombreux humains), et que la nature ne se soucie pas de symboles, que l’union d’un homme et d’une femme pour fonder une famille est un symbole. Certes la nature ne se soucie pas du mariage dont elle n’a que faire pour perpétuer l’espèce, mais le mariage est (je devrais dire était) une institution consacrant l’union d’un homme et d’une femme qui n’avait rien d’un symbole mais avait bien au contraire une utilité réelle qui était de rendre public leur engagement bien réel à se devoir mutuellement respect, fidélité, secours et assistance pour assurer ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoir à l’éducation des enfants et assurer leur avenir

                  Certes, cet engagement solennel a perdu énormément de son pouvoir sécurisant pour la famille avec la banalisation du divorce, mais vous m’accorderez le droit de penser que cet engagement avait encore un sens, et la liberté d’élever mes enfants ou petits enfants dans le respect de ces valeurs.

                  Certes également, les couples de personnes de même sexe ont a priori, autant que les couples hommes-femmes, les mêmes capacités à assurer ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoir à l’éducation des enfants et assurer leur avenir, mais ils n’ont pas la faculté de créer ensemble cette famille, sans recourir à l’artifice de l’adoption ou de la PMA, ce qui change sérieusement la donne, et mérite qu’on distingue les « manteaux » des « imperméables » pour reprendre mon exemple du début. 

                  Bien à vous

                • resistance 1er juin 2013 23:23

                  D’accord avec l’article !

                  Aujourd’hui, dire qu’en soi hétérosexualité et homosexualité ne se valent pas, sans pour autant porter un jugement sur les personnes homosexuelles, c’est aussitôt risquer d’être catalogué comme homophobe. Que devient la liberté de penser ?
                  Enseigner la théorie du genre à l’école, ce serait imposer une conception philosophique (de surcroît très contestable) aux élèves et aux étudiants. Or précisément, la philosophie est de l’ordre du dialogue, et imposer une philosophie officielle, c’est ruiner la philosophie. C’est malheureusement le propre des régimes totalitaires d’imposer une manière de penser, c’est à dire de prendre position dans des domaines philosophiques ou scientifiques (cf. Staline et le transformisme de Lamarck) qui ne relèvent pas de sa compétence.

                  • rocla (haddock) rocla (haddock) 2 juin 2013 14:25

                    Il ne s’ agit pas d’ interdire aux homosexuels de vivre ensemble , 

                    après des siècles d’ hostilité à leur égard ils elles ont enfin certains droits . 

                    L’ erreur c ’est d’ appeler leur union mariage .

                    Il eût été adroit de nommer l’ union d’ êtres du même sexe union 
                    et non mariage . 

                    C ’ aurait été bien plus simple .

                    On dirait que ce qui a été fait l’ a été dans un but inavoué .

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