@Francis Beau
Merci pour votre réponse.
« Doit on interdire l’adoption aux célibataires ? »
La réponse est probablement oui, tant que le nombre de parents candidats à l’adoption est supérieur au nombre d’enfants en attente d’adoption, ce qui est le cas actuellement en France. Rappelons que l’ouverture de l’adoption aux célibataires en France remonte à l’après-guerre, à une époque où le pays devait faire face à un nombre d’orphelins tout à fait extraordinaire. Si une telle situation était amenée à se reproduire, il serait toujours temps d’autoriser ponctuellement à nouveau des célibataires à adopter, et pourquoi pas, toujours ponctuellement, à des couples de personnes de même sexe. C’est toujours là, l’intérêt supérieur des enfants qui doit primer.
Sur cette question, vous faites preuve de cohérence, et si je ne partage pas forcément votre avis, j’en respecte la validité et la logique.
Je tiens cependant à vous faire remarquer que si la loi sur le mariage sur tous ouvre théoriquement l’adoption aux homos, elles ne concernera probablement qu’un petit nombre de personnes, et très probablement dans les situations où l’un des deux partenaires est le parent biologique de l’enfant. Ainsi dans ces cas c’est bien l’intérêt supérieur de l’enfant qui primera puisque l’adoption légale par l’autre partenaire, celui avec qui il vit, qui l’élève et qui est déjà un référent actif et affectif dans sa vie, protégera ce lien. Dans les autres cas d’adoption, les commissions d’adoption n’ayant en effet pas besoin de justifier
leurs refus, le plus vraisemblable est que ces dernières auront tendance
à privilégier des couples « classiques » au détriment des couples
homosexuels , il ne faut pas présumer de l’intégrité des personnes chargées de cette évaluation dont le professionnalisme garantie, je pense, que les choix de placement seront fait dans l’intérêt de l’enfant placé, et si cet intérêt leur semble meilleur dans un couple homo que dans un couple hétéro ou une famille monoparentale pourquoi contester leur expertise ?
Je suis par contre moins convaincu par votre première réponse qui ne me semble pas cohérente sans y apporter quelques précisions supplémentaires.
« Doit on interdire le mariage aux hétéros stériles ou meno/andropausés ? »
Non.
Il n’est pas question d’interdire quoi que ce soit à qui que ce soit, mais de ne pas donner à la loi le pouvoir démesuré de changer le sens des mots. Le mariage était jusqu’à récemment l’union d’un homme et d’une femme ayant vocation naturelle à diffuser la vie (rien ne les y obligeait, mais c’était le sens de leur union).
Si le but du mariage est de fonder une famille par voie naturelle (je résume ce que je comprends de votre propos), il ne devrait pas s’appliquer aux couples stériles ou meno/andropausés, qui ne le peuvent pas. Ou alors ce n’est pas le but du mariage.
Vous semblez baser votre problématique sur une question de sémantique directement reliée à la définition du mariage évoquée ci-dessus :
Rien n’interdit à un homosexuel de s’unir avec un autre homme, rien n’interdit non plus que la loi républicaine accorde à leur union un statut légal similaire à celui du mariage, mais cette union ne sera pas un mariage parce qu’elle n’est pas l’union d’un homme et d’une femme et qu’elle n’a pas vocation naturelle à fonder une famille. C’est bien sur cette affaire de filiation que ces deux types d’unions diffèrent fondamentalement. Confondre les deux, c’est inévitablement ouvrir la voie à des modes de filiation artificiels : adoption (c’est fait), PMA dont GPA (cela reste à faire).
Autrement dit, vous êtes d’accord pour que les couples homos et hétéros aient des droits similaires... mais sous une appellation différente ? Quel intérêt d’appeler de deux façons différente la même chose quand il suffit de faire évoluer le sens des mots pour qu’ils soient conformes à la réalité ? Les langues évoluent et se réajustent sans cesse...
Bon ces droits accordés ne sont pas si similaires que ça puisque vous développez :
La différence entre ces deux versions du mariage dans votre argumentation ne repose que sur le fait que le mariage est une union ayant vocation naturelle à diffuser la vie... or ce n’est pas la définition du mariage civil, et on en revient à ma question initiale, car si ça l’était, on passerait un test de fécondité avant de se marier et tous les couples hétéros ne pourraient y avoir accès (3 à 4% des couples sont stériles - les couples andro/ménopausés qui n’ont plus vocation naturelle à donner la vie)...
Pouvez-vous donc préciser ce que vous entendez exactement par « vocation naturelle à diffuser la vie » ?
Sommes nous ici dans le symbolique et la potentiel comme d’autres le soutiennent ?
Il me semble moi que le mariage laïque, en tant que loi doit reposer sur le réel.