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Commentaire de José Melchor Gonzales

sur Banlieue : classe chômeuse, classe dangereuse


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José Melchor Gonzales (---.---.254.43) 29 mars 2006 20:15

Retour à la Une Tournée vers l’Est

Après une nouvelle journée de manifestations anti CPE, José Melchor Gonzales revient sur l’opportunité d’une telle réforme et sur l’incapacité chronique de la droite à prendre de bonnes décisions.

Les CNE et CPE étaient une double erreur, la charrue avant les bœufs sur laquelle l’UMP sera sans doute menée au billot de 2007.

Non que l’idée d’une flexibilisation en soi soit mauvaise, au contraire, mais parce que le gouvernement a voulu en faire des préalables, alors qu’ils n’étaient qu’un aboutissement, et qu’en plus ils ne sont que des préalables sans suite, c’est à dire sans un projet global de réforme derrière, qui leur donne une cohérence, et qu’enfin il y a l’aspect chronologique à tout cela qui ajoute la bêtise à la confusion : on ne dispose pas du pouvoir sans rien faire pendant 4 ans, pour tenter de telles réformes en dernière année - c’est-à-dire quand il est trop tard - et en plus en étant à peu près sûr de piquer au vif le monde étudiant, de loin la partie la plus névralgique à l’idée même de la réforme, et non sans raison d’ailleurs... il faut reconnaître que la droite n’a jamais su comprendre le monde universitaire.

Bref, comme nous l’avions dit il y a plusieurs mois, le pack « CNE-CPE » était une erreur à au moins 2 niveaux :

1) Confusion : ce qui n’aurait jamais du être autre chose qu’un aboutissement après des années de réforme ayant permis une vraie reprise de l’emploi dans laquelle se serait inscrite en aboutissement une flexibilisation des contrats de travail, est devenu un préalable obscur à on ne sait quoi, permettant à la gauche de rebondir et sortir de sa torpeur sur la question sociale où sa démagogie peut fonctionner à plein pour accuser la droite de tous les maux sociaux et faire oublier ses propres responsabilités, tout en agitant le spectre de la bête « ultra-libérale » pour effrayer le populo et le mettre dans la rue. Cette confusion est la première faute du gouvernement. À tort ou à raison, ce n’est même plus la question, le CNE apparaît comme une « arnaque » vouée à truquer les chiffres du chômage, le CPE est perçu comme un CIP bis....

2) Tempo : cette réforme devait finir le travail, pas le commencer : depuis 4 ans qu’elle est au pouvoir, la droite devait entamer une politique de réformes économiques, fiscales, permettant une reprise effective de la croissance et de l’emploi dans laquelle seraient inscrites en résultantes CNE et CPE. Réforme de la protection sociale, notamment par son individualisation (privatisation des actes), la diminution des charges sociales pesant sur l’emploi, la baisse de la fiscalité sur les revenus et la consommation, le repli de l’état sur ses rôles régaliens et sa sortie du jeu économique, etc... après 4 ans d’inaction, ajouter à la confusion un tempo aussi soudainement débridé que mal maîtrisé ne pouvait conduire qu’au clash.

Si à cela on doit ajouter aussi la façon dont le gouvernement a voulu « radariser » l’Internet avec la DADSVI de Donnedieu de Vabre, en créant une véritable arme de guerre contre la liberté des échanges sur Internet - un véritable réflexe digne du régime chinois obsédé par le contrôle liberticide - ce qui a touché beaucoup les jeunes, et notamment les étudiants et lycéens pour qui il est aussi naturel d’échanger des fichiers MP3 que pour nous dans les années 80 de se passer des cassettes - et la part de musique « partagée » était bien équivalente - alors que l’idée de la licence globale était certainement novatrice et pleine de bon sens, comment ne pas croire que la droite ne soit pas complètement coupée de la jeunesse et de ses modes de vie, donc de ses inquiétudes face à une société hanté par le chômage et la précarité autant que par l’obsession paranoïaque d’un état policier contrôlant tout, verbalisant à tout va, dès lors qu’il est plus facile de s’en prendre à un internaute ou à un automobiliste, bref aux petits travers de citoyens globalement honnêtes, pendant que loin des radars et des logiciels de partage de MP3, l’on viole, on pille, et on tue même presque en toute impunité dans cet étranger pays qu’est devenu le nôtre, où télécharger une chanson sur Internet est un délit plus grave que d’incendier une école !

Pathétique déclin moral quand le gouvernement a paru tant comprendre les émeutiers de novembre 2005, qu’il n’a jamais semblé manquer depuis de faire montre de sa « bonne volonté » pour satisfaire les banlieues en les couvrant de centaines de millions d’euros, en leur donnant des dizaines de milliers d’emplois dont beaucoup seront fictifs... pardon, « associatifs »... jusqu’à faire de la discrimination positive une règle quasi obligée à laquelle la HALDE veillera, y compris par une coercition sans contrôle lui donnant un véritable statut de tribunal d’exception.

Imagine-t-on qu’un plan similaire aurait pu être accordée aux étudiants inquiets de leur avenir ? 200 millions d’euros pour les filières universitaires, des dizaines de milliers d’emploi promis en fin de cursus y compris par le biais d’associations étudiantes, et un vaste plan de discrimination positive pour les milliers d’étudiants sortant avec des diplômes mais inadaptés au marché du travail et voués à finir à l’ANPE, avec une HALDE (haute autorité de lutte contre la discrimination des étudiants) qui aurait puni patrons et PME refusant d’engager des étudiants de lettres ou d’histoire, largement victimes du chômage eux aussi ?

Cela semble absurde à certains, c’est pourtant ce qu’on a fait pour les émeutiers musulmans de banlieue et qu’on refuse aux étudiants qui auraient pourtant davantage mérité d’attention et de soutien de la part de la nation, quand on sait comment triment aujourd’hui les étudiants pour se payer leurs études et arracher leurs diplômes entre une trentaine d’heures de cours, 26h de boulot chez Mc Do, et une palanquée de bouquins à étudier... peu de ministres tiendraient le rythme d’un étudiant moyen en vérité, quand on voit comment ceux-ci, genre Begag, ont le temps d’écrire des bouquins pendant qu’ils traînent dans leurs ministères ! Évidemment, les étudiants issus des milieux privilégiés et qui savent que leur avenir ne passera pas plus par un CPE que leur présent ne passe par Mc Do, ne risquent pas de comprendre ce qu’aujourd’hui une large majorité d’étudiants vit quotidiennement... Nul doute pourtant qu’avec 200 millions d’euros, ce sont bien des étudiants boursiers qu’on aurait pu soutenir, bien des stages en entreprise qu’on aurait pu financer en partie, bien des formations de reconversion professionnelle qu’on aurait pu offrir à des étudiants surdiplômés mais dans l’impasse sur le marché du travail, et bien un peu d’espoir donné à la jeunesse française qui essaye de s’investir dans ses études et trouve autre chose à faire le samedi soir qu’à brûler des voitures et à violer des filles dans les caves....

Là, peut-être est l’erreur la plus fondamentale de la droite, d’avoir oublié son propre message sur le mérite, et avec lui la jeunesse française, celle qui travaille, qui étudie, celle qui est l’avenir de ce pays, celle à laquelle ne pense pas Sarkozy quand il parle de la « nouvelle France profonde » des banlieues : oui, si la droite avait été à la hauteur de ce principe, elle aurait peut être même rallié les étudiants en leur montrant qu’elle avait su distinguer la jeunesse méritante de ce pays de l’ivraie des banlieues... mais au lieu de cela elle a jeté par ses erreurs et sa méconnaissance de la jeunesse française, le monde étudiant dans les bras de la pire gauche qui soit, celle des anars et des bobos de l’UNEF qui peuvent désormais se réjouir de leur grand retour sur la scène médiatique.

Nul doute que dans les années qui viennent, le CPE sera perçu comme la seconde dissolution de Villepin, mais à ce moment là, la gauche sera peut-être au pouvoir, imposera le vote des étrangers (c’est à dire des banlieues) pour mieux asseoir sa domination électorale en pactisant avec la cinquième colonne du diable musulman régnant dans la périphérie de nos villes, car la gauche, elle, contrairement à la droite, agit et défend les intérêts de ceux qu’elle représente.... Quitte à trahir le petit peuple français qui lui fait parfois confiance mais auquel la droite est incapable d’ouvrir les bras, et pourtant... Ouvriers, agents de maîtrise, petits paysans, viticulteurs, étudiants de milieux modestes, seraient sans doute les premiers bénéficiaires d’une économie ouverte et libéralisée, comme aux Etats-Unis, ce sont souvent ceux là qui font la base électorale du Parti Républicain, tandis que la bourgeoisie vote démocrate.

Mais tant que la droite sera aussi hermétique au peuple, aussi « démocrate » et enfermée dans son élitisme incapable de la moindre conscience populaire, alors on n’est pas près en France d’avoir un Reagan, idole des cols bleus... mais il est vrai qu’on avait bien compris depuis ce deuxième mandat chiraquien, au moins, et on pourrait même dire depuis De Gaulle en fait, à quel point la droite française était bien davantage tournée vers l’Est que vers l’Ouest.

José Melchor Gonzales pour LibertyVox


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