@GP
Il me semble effectivement que nous nous comprenons mal.
Pardon ? Je travaille actuellement au Canada ; que diraient les canadiens si je leur disais qu’ils sont responsables de me trouver un emploi, un logement alors qu’ils ne m’ont rien demandé, et surtout pas de venir ? Il rigoleraient et me diraient de rentrer chez moi ! Seule solution alors pour votre raisonnement : votre responsabilité des autres se fait suivant la nationalité, et donc pas pour les immigrés, d’où le nationalisme d’extrême-droite.
La responsabilité intrinsèque de chaque individu ne se mesure pas uniquement à son univers personnel dans une société. Cela ne signifie pas qu’un individu doit fournir quelque chose à un autre ; il me semble qu’il se doit de mesurer ses actions dans l’exercice de ses libertés individuelles au regard des libertés d’autrui.
C’est bien le problème des économistes marxistes et keynésiens, de penser que la richesse est constante. Cela conduit à se focaliser sur la répartition, alors que l’important est de comprendre comment la richesse se produit : c’est la différence entre une vision statique et dynamique de l’économie. Au passage, le libéral ne dit pas travailler plus pour gagner plus, mais liberté de fixer sa quantité de travail selon ses besoins, ce qui fait que Sarkozy est plus étatiste que libéral sur ce plan là.
Si vous lisez l’une de mes interventions précédentes, elle va, me semble-t-il dans le même sens que vos propos sur la dynamique ; c’est une des critiques recevables sur les 35 heures. Pour ce qui concerne le fait que chaque individu fixe son temps de travail, je le considère comme de l’utopie. Cela peut fonctionner dans des contextes bien précis, mais il ne me semble pas que cela puisse fonctionner dans un rapport fortement déséquilibré entre un salarié et un employeur ; c’est surtout le chômage endémique français qui accentue le déséquilibre.
Je ne peux m’empêcher de remarquer la mentalité qu’il y a derrière le « si je fais des efforts pour travailler plus, cela nuit aux autres. » Catastrophique dans ses conséquences, et on le voit aujourd’hui.
Mais le travailler plus existe déjà, même en France. Mais devons-nous laisser le libre choix individuel de fixer aux contractants le volume maximum ? J’en doute. Premièrement pour la raison vu précédemment, dans un rapport déséquilibré, il n’y a pas vraiment négociation d’égal à égal, donc difficile de savoir si la démarche est volontaire ou non ; d’autre part parce que en effet, dans une situation dans laquelle nous avons plus de 3 millions d’individus au chômage, dont une bonne partie veulent travailler, les choix individuels peuvent empêcher la création d’emplois ; donc indirectement pénalisent ceux qui veulent aussi travailler (même sans mettre plus).
L’Etat n’a pas obligation de fournir du travail, sur ce point nous sommes d’accord. Par contre, il a le devoir de laisser la possibilité à tous de travailler.
Je comprends tout autant votre point de vue. L’individualisme absolu est identique à la liberté absolue ; ces concepts ne peuvent être appliquées dans une société qui contraint obligatoirement les individus dans leurs libertés. La contrainte ne doit pas aller au-delà d’une certaine limite à partir de laquelle la raison humaine est dans la capacité de s’autosuffire. Vouloir la liberté absolue consiste à refuser de vivre en société. Dans mon raisonnement, le libéralisme économique est mis au même plan que le libéralisme politique. Accepter une déréglementation économique doit impliquer une déréglementation politique ; sommes-nous suffisamment raisonnables pour cela ? J’en doute fort !
J’ai transmis un article sur une approche de l’individualisme ; nous aurons, je l’espère, la possibilité d’en reparler !