Spécialement dans les lycées professionnels, justement, où sévit une
mode véritable d’appartenance soit à des bandes, soit à des groupes
tendance nazillonne.
J’ai trainé pendant quelques mois avec des demi-racailleux, glandeurs, pseudo-étudiants.J’ai été présenté par mes compagnons à de vraies racailles, qui dealaient, volaient et trafiquaient, au mieux. Blanc et d’un milieu social tout autre, je n’ai jamais eu le moindre problème. En effet, j’étais présenté par des personnes de leurs connaissances, j’étais en bout de chaine d’un système de relations sociales et j’ai eu le sentiment très net que cela jouait bien plus que ma couleur (les types étaient en grande majorité arabes mais il y avait un blanc chrétien et un juif parmi eux).
D’après ma modeste expérience de ce monde des périphéries urbaines, l’appartenance n’est pas une mode, mais une bonne manière de se protéger et d’exister. Dans un quartier de centre-ville, ce qui vous protège du racket, des intimidations voire des coups est l’intériorisation par tous d’une légalité abstraite et qui s’applique à tous, même ceux que vous ne connaissez pas. En d’autres lieux, j’ai eu le sentiment que c’était l’appartenance à des groupes et des systèmes de relations interpersonnelles qui vous mettaient à l’abri.