• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Mmarvinbear

sur Le danger de l'extrême droite (1) : arborer des signes distinctifs à l'école


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Mmarvinbear Mmarvinbear 7 juin 2013 14:04

Comme d’habitude, Momo nous inflige une série emplie de bonne volonté mais surtout pleine d’inexactitudes, de raccourcis faciles et de contre-vérités débitées à la va-vite.


Prenons les Skinheads par exemple. Ces méchants fachos qui font rien qu’à vouloir casser le crâne de nos jeunes gauchistes qui aboient à leurs oreilles comme de petits roquets pour se sentir des hommes.

Bin le saviez-vous ? Mais les Skins, les vrais, ne SONT PAS des fachos. De près ou de loin.

Le mouvement Skin est né en Angleterre, par la cohabitation dans les quartiers populaires de jeunes antillais ( bien blancs et aryens, n’est-ce pas... ) amateurs de musique Jamaïcaine, comme le reggae, et les jeunes ouvriers blancs amateurs de Soul et de Blues.

Leur nom et leur tête rasée seraient un souvenir de la République de Cromwell, époque ou ses partisans arboraient une coiffure très courte en opposition à l’aristocratie royaliste qui privilégiait la chevelure longue.

Leurs vêtements sont courts et portés près de corps. Il s’agit d’une standardisation des diverses tenues de travail portés par leurs propriétaires. Pas de coupe ample, ce qui est dangereux dans un voisinage de machines-outils.

Quand à leurs chaussures emblématiques, les Doc Martens, il faut noter que contrairement à une idée reçue, c’est le modèle SANS coque qui est privilégiée. Le recours à ce modèle a pour origine leur propension à bien marquer le rythme de leur musique, les skins aimant souligner leur approbation musicale à grands coups de pieds sur le sol. Et non dans la gueule de ceux qui leur reviennent pas malgré leur attachement, comme beaucoup d’autres groupes de jeunes, au Hooliganisme.

Le mouvement connait son âge d’or en 69 mais il se voit vite récupérer par les pionniers du Rock qui voient là un moyen facile d’élargir leur auditorat. 

Niveau politique, leur attachement à la réflexion est très faible. Le skin est avant tout un adolescent, qui ne peut voter qu’à partir de 21 ans à cette époque. Autant dire qu’il se fiche bien d’être plus Labour que Tory. Leur usage immodéré de l’ Union Jack pour la décoration intérieure et leurs blasons n’est pas à prendre comme un symbole de nationalisme exacerbé : les punks et les jams en font autant. Il faut plus y voir une tradition de patriotisme britannique bien ancrée, avec une pointe d’ironie surtout chez les punks.

La récupération par le rock, l’inconstance traditionnelle de la rébellion adolescente et l’évolution du reggae vers le mysticisme rasta mettent fin au mouvement qui se scinde et voit certains de ses membres revenir vers une musique plus traditionnelle.

L’émergence, dix ans après, du Punk, permet un retour du skin sur le devant de la scène. C’est à cette époque que les plus extrémistes, qui ont oublié la donnée multi-culturelle de leurs origines, se radicalisent et adhèrent à l’extrême droite. Occupant de devant de la scène, ils impriment dans l’esprit du grand public l’équivalence skin = nazi. Le mouvement est d’autant plus facile et rapide que le pays traverse une crise économique majeure, laissant le libre champ aux extrêmes du British National Front.

En réaction, les Skins authentiques se regroupent et fondent le SKAN ( Skinheads Againsts the Nazis ) afin de mieux promouvoir leur mouvement et leurs valeurs authentiques. Cela les pousse à s’engager plus en politique ou dans les mouvement associatifs pour différencier les vrais skins des « Boneheads », les nazis ( argot anglais signifiant « crétins »). De leur côté, les nervis d’extrême droite qualifient les autres de Reds. Inutile de traduire je pense.

Leur différenciation est aisée, par l’usage de sigles et de symboles nazis ou rappelant l’ Allemagne Impériale, faute de pouvoir arborant en toute quiétude les symboles nazis pour ne pas tomber sous le coup d’interdictions diverses.

Le vrai skin usera lui de l’ Union Jack ou de la croix de Saint Georges.

On en apprendra plus sur le mouvement Skin en visionnant Orange mécanique, dont les héros forment une bande issue du premier mouvement skin qui a évolué en Smoothheads puis en bootboys

Plus près de nous, This is England, de Shane Meadows, raconte le ralliement d’un jeune orphelin de 12 ans au mouvement skin (vrai) après la mort de son père au combat lors de la guerre des Malouines. Il y fait son apprentissage de la vie, est confronté à la scission du mouvement Skin quand certains de ses amis se radicalisent et en sort grandi et adulte quand il apprends à faire ses propres choix.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès