Bonjour Emmanuel MULLER,
J’ai lu votre article avec beaucoup
d’émotions et j’imagine fort bien le ressenti que vous devez éprouver pour nous
faire part aujourd’hui de votre témoignage.
Je pense également en comprendre la
démarche et si je me permets de poster sous votre article ce n’est que pour
vous préciser quelques points au sujet de la conclusion que vous émettez :
« Après la reconnaissance de la
douleur, celle des effets secondaires de
sa non-prise en charge n’est pas encore à l’ordre du jour ».
Ce qui n’est pas faux, mais n’est pas
tout à fait juste non plus.
Je m’explique : les effets
secondaires de la souffrance des enfants en bas âge sont désormais très bien
connus et même s’ils continuent à être étudiés de près, les résultats des
recherches entreprises jusqu’à maintenant sont à même de permettre des prises
en charge adaptées aux développements des futurs adultes. Quelques précurseurs
se battent pour, justement, faire en sorte que ce problème soit pris en
considération. Et en cela, votre conclusion est fausse.
Mais le problème n’est pas tant
dans la reconnaissance du traumatisme subit que dans la volonté politique nécessaire à ce type
de prise en charge. Ceci est un long, long, long très long débat et un combat
quotidien, car la prise de conscience par notre société des conséquences
délétères d’un ESPT (états de stress post-traumatique, il en existe plusieurs
sortes) sur une personne et des coûts faramineux que cela génère pour notre
société tout entière est quelque chose de si subjectif, de si complexe, que nos
élus, dirigeants, représentants, etc., ont du mal à percevoir l’importance de
ce fléau. C’est pourtant LE problème majeur de notre civilisation au-delà de
tout autre. Dernièrement, un rapport du Sénat à fait état du coût annuel de 107
milliards d’euros que représente, pour la France, non pas les maladies mentales, mais les
troubles de la personnalité dont près de 30 % de la population serait touchés.
Or, en très grande majorité, les troubles de la personnalité sont occasionnés
par des ESPT, et notamment des EPST précoces, que très peu de personnes ont
appris à déceler, à diagnostiquer et à traiter. Il existe plusieurs disciplines
qui s’intéressent à cette problématique, mais malheureusement, les formations
en France sont encore trop éphémères pour que les choses évoluent rapidement et
il faudrait une réelle volonté politique (qu’il n’y a pas encore au jour
d’aujourd’hui) pour que ce phénomène puisse être sérieusement pris en charge.
Et en cela votre conclusion est juste.
Ce qui n’interdit pas de poursuivre la lutte pour une meilleure
reconnaissance de ce fléau.
Bonne journée