bonsoir,
Je me retrouve de plain-pied avec votre article fort intéressant, et original puisque c’est un fait que la douleur des bébés (nourrissons, petits enfants) a été ignorée jusqu’à présent par la médecine occidentale. Non seulement la douleur physique mais également mentale. Hé oui ! n’en déplaise aux praticiens, le bébé n’est pas un objet (comme l’animal d’ailleurs qu’on maltraite toujours terriblement). Comme se le demandaient les « pères de l’Eglise » au moyen-âge, la femme, l’animal ont-ils une âme... Idem pour l’enfant. Au fond nous ne sommes pas encore sortis du moyen-âge dans beaucoup de domaines.
Je suis plus âgée que vous et voici ce que j’ai vécu. Après guerre dans l’Ouest de la France, la région est dévastée, plus d’hôpitaux. Ma famille habite St-Nazaire (44). Donc j’ai deux mois, et suis quasiment mourante (je n’entre pas dans les détails de la combinaison des diverses maladies).
Un médecin de notre ville est venue tenter d’extirper le pus qui a contaminé le sang etc. Il
ouvre sans doute avec un scalpel (à vif pas d’anesthésie après guerre et à la maison !) derrière mes deux oreilles, puis une cuisse et passe du coton dans les plaies afin de nettoyer...
Mes parents qui ont été traumatisés par cet acte, me racontaient que je ne disais rien, je ne pleurais pas... Ils ne comprenaient pas que je me taisais.... Comment expliquer ce phénomène.
La situation s’aggravant, on m’amène à l’hôpital de Nantes, a moitié agonisante dans l’ambulance. On me pensait perdue. Jusqu’au médecin qui à l’entrée de l’hôpital m’a regardé et à balancé à mes parents « votre fille est fichue », on ne la garde pas !...
Nouveau traumatisme pour mes parents.
A cette époque, des « soeurs » à cornette officiaient dans les hôpitaux, c’est donc grâce à l’intelligence et sans aucun doute à la foi de cette Soeur que j’ai été « sauvée, »miraculée«
comme vous le soulignez si bien. Elle a seulement dit au docteur : tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir... Message d’une simplicité biblique n’est-ce pas...
Je suis restée en couveuse pendant deux mois...
Et paraît-il je souriais toujours, j’étais »sage comme une image« . Mes parents ne comprenaient toujours pas ce phénomène ! Je suis restée »sage« jusque vers l’âge de 5 ans. Après cela a changé...
On sait maintenant que cette apparence de »non trouble« évident, de »fausse sagesse« peut être lié à un trauma très fort, quel que soit ce trauma d’ailleurs, à cet âge.
Un point qui ne trompe pas : je me suis balancée obsessionnellement toute la petite enfance.
A l’époque cela faisait sourire dans la famille, la psychologie n’était pas la première des préoccupations... Puis ce »symptôme« s’est arrêtée. Cela étant j’ai toujours gardé beaucoup de goût pour la balançoire.
Plus tard j’ai entrepris une psychanalyse, qui a fait ressortir via des rêves troublants, le traumatisme que »cette maltraitance avait dû causer« . Mais également de très beaux rêves plus spirituels qui m’a fait m’engager vers un cheminement spirituel permettant une compréhension beaucoup plus large et ouverte de la vie. la façon dont les humains sont traités dans le domaine de la médecine occidentale (si vous ne l’avez pas vu, un très beau documentaire sur ARTE passé jeudi 7 dernier, que l’on peut voir en replay »mon docteur indien« , apporte encore une fois un souffle magnifique sur la façon de soigner la douleur - là il s’agit de cancer). Voyez le il est d’un grand réconfort.
Je me suis également posé beaucoup de questions à propos de ce »vécu de nourrisson« .
Ce qui est, reste, engrammé dans les cellules, et dans les zones du cerveau forcément mises à mal.
Ce que je pense qui ressors de cette »expérience« c’est que forcément, inévitablement dirais-je se développe une »hyperesthésie" hypersensibilité à ... tout ou presque.... Et donc beaucoup de douleurs non visibles et non reconnues. Quoique l’hypersensibilité commence à faire parler d’elle et j’ai lu d’excellents livres concernant la reconnaissance (enfin) de cette hypersensibilité. Donc bruits, lumières, couleurs, odeurs, sons infiniments petits, cris, goûts etc. peuvent devenir rapidement insupportables. Sorte d’ intolérance générale, ainsi qu’une hypersensibilité aux sentiments, aux émotions etc... Grand sentiment de solitude et de décalage avec les autres....
depuis la petite enfance. Hé oui, la solitude les tout-petits la ressentent aussi fortement que les adultes , peut-etre plus encore car ils n’ont pas de défenses, ni de repères mentaux.
Depuis fort heureusement j’ai appris à aimer être seule, ce qui n’est pas la même chose.
Je pense que comme pour toute souffrance humaine et animale, il y a hélas beaucoup de chemin à parcourir notamment dans notre matérialiste occident, mais l’on voit et l’on sent que de nouvelles interrogations surgissent, et que l’on se doit de comprendre la souffrance en tenant compte de l’âme de l’esprit et du corps.
Je vous souhaite le meilleur.