Salut, Peachy.
Merci pour ces liens. La bavure médiatique du journal Le Temps est en effet
restée célèbre. Née de la volonté d’être les premiers à titrer sur un
évènement, elle n’a malheureusement pas été la seule illustration (tous
domaines confondus) des conneries liées à la recherche du scoop.
Qu’un Nieuport français ait eu de meilleures chances de traverser
l’Atlantique en 1919, c’est possible, je ne suis pas qualifié pour en juger. Le
choix d’un Vickers Vimy allait pourtant de soi pour Alcock car il connaissait
par cœur cet appareil pour l’avoir piloté en combat. Qui plus est, il est
probable que les armatures de l’avion monté sur place à St John ont dû être
renforcées. Côté motorisation, l’appareil était en outre équipé d’un double
moteur Rolls Royce dont la fiabilité était éprouvée. Quant aux motivations des
patrons de Vickers, il ne fait aucun doute qu’elles étaient probablement plus
guidées par les intérêts commerciaux que par la volonté d’écrire une page de
l’histoire de l’aviation. Cela dit, les Britanniques voulaient être les
premiers. Or, ils savaient pertinemment que Français et Américains avaient cet
objectif en tête.
Reste la véracité de ce vol, et sur ce plan-là, aucun doute n’est possible :
la présence d’Alcock et Brown a bien été avérée à Terre-Neuve, non
seulement le samedi 14 juin et même le vendredi 13, jour initialement
prévu pour le décollage, mais également les jours précédents pour
superviser le montage de l’avion et l’aménagement de la piste d’envol. De même,
les deux pilotes étaient bien à Clifden le lendemain 15 juin. Dès leur
atterrissage mouvementé, ils ont été conduits à Clifden d’où Marconi a aussitôt
envoyé un message aux Etats-Unis grâce à son télégraphe transatlantique, ce
qui, aux USA, a déclenché un énorme enthousiasme. Sans perdre de temps, ils
sont ensuite partis pour Londres où ils ont été invités par la famille royale
et ont reçu le prix offert par le Daily Mail. Entre nous, on ne voit pas pourquoi
un vol bidon dans le Connemara aurait nécessité un crash dans une tourbière qui
aurait pu faire des victimes, un atterrissage normal à Galway d’un avion venu
en secret d’une base britannique aurait fait l’affaire, non ?
Quant à la personnalité de Lindbergh, elle n’enlève rien à son exploit.
Bonne journée.