la problématique ne se pose pas en termes linguistiques mais culturels :
aussi l’intégration de vocables/concepts anglais n’est pas en soi un problème :
c’est là un type d’interaction naturelle entre langues, encore plus entre
langues issues d’une même famille (indoeuropéenne) : d’autant plus que
l’avantage en termes d’influence ou d’invasivité demeure côté français puisque près
de 30% du vocabulaire anglais provient du Français et langues d’Oïl via la filière
anglo-normande.
Parmi les problèmes majeurs côté Français, il y a une capacité créative/évolutive
visiblement moindre comparé à l’anglais, on peut ici questionner le rôle de
l’Académie Française (et l’âge moyen de ses membres), notamment cette étrange
notion (non-conforme avec les constats faits en matière de linguistique en
termes d’évolution des langues) que l’évolution de la langue devrait être
soumise à un ensemble figé de règles et normes « éternelles », quand
bien même ces règles elles-mêmes sont le
résultat d’une évolution naturelle où justement les règles changent : il existe
bien certaines « règles » (ou plutôt « lois » dans la même
acception qu’en science, notamment sciences naturelles) en terme de
linguistique mais la seule chose qu’elle démontre est que les langues sont bel
et bien vivantes, et donc comme tout « organisme » vivant s’adapte et
évolue, le résultat « final » (toujours provisoire) pouvant montrer de
singulières différences.
Un autre problème serait le francocentrisme (ici en termes de géographie) qui
ignore plus ou moins volontairement les développements de la langue française
dans d’autres aires géographiques/culturelles (Am. Nord et Afrique principalement)
alors que justement le Français dans ces aires semble bénéficier d’une plus
grande liberté en terme d’évolution.
Bref il existe une forme de dédain pour la langue »vivante" et
une adoration quasi obsessionnelle pour une forme idéale et normalisée d’une
sorte de Français « transcendant » temps, histoire et territoires.
Cette
rigidité n’étant pas limitée au seul champ linguistique mais aussi culturel
limite significativement le potentiel autant de la langue que la culture
française face au domaine anglo-saxon : langues et cultures tout comme les organismes
vivants ne peuvent ignorer compétition et évolution, et donc se doivent de
développer des stratégies évolutives assurant leur pérennité non pas
« gravée dans le marbre » et donc inerte mais en terme de transmission,
perpétuation.
Il semblerait que côté Français, on préfère le chatoiement du marbre à la cruelle réalité qui veut que pour survivre, il faille s’adapter, évoluer,
etc…or le marbre chatoyant s’il satisfait les penchants nombrilistes et
narcissiques, a aussi des vertus psychotropes notamment somnifères…le hic est
que le Prince Charmant qui réveille la belle endormie n’existe que dans les
contes de fées…dans la réalité, la belle endormie soit se momifie, soit se fait
bouffer…quant au marbre, autant est-il utile pour graver d’ « éternelles »
lois, autant parfois au détour des allées d’une antique cité, trouvera-t-on ces
étranges citations : Ubi sunt…Memento mori…dont la pertinence dépasse autant en
temps qu’en universelle sapience les lois qui un jour lointain furent conçues comme éternelles
par les habitants de cette antique cité…