Est-ce bien raisonnable de « speak English » à toutes les sauces ?
Mais où est donc passée la résistance de la langue française face à l'envahisseur anglois ?
Smartphone est entré dans le Larousse l’année dernière. Mais pas sous cette appellation : vous ne le savez peut-être pas, mais c’est par le mignon et branché ordiphone qu’il convient désormais de désigner votre iPhone dernier cri.
Enfin, si l’on porte en soi l’amour de la langue française, car on observe trop souvent cette tendance à remplacer Molière par Shakespeare. Un dramaturge en vaut bien un autre, me répondrez-vous. Certes, pourtant les anglicismes et les mots ultra-manchots (comprenez "outre-Manche") donnent des frissons à toute personne un tantinet chauvine. Et, j’assume, je le suis.
Les termes anglo-saxons sont toujours substituables
Oui, toujours. Du moins, à ma connaissance. Ainsi, vous remplacerez le trop connoté parking par parc de stationnement pour véhicules – quand on aime, on ne compte pas -, hacking par piratage, hype par battage et scrapbook par album de coupures de journaux. (Source Google Traduction, référence en la matière…)
De la même manière, on pourra procéder à la québécoise pour ce qui est des titres de films et d’œuvres en tous genres. N’attendons pas plus longtemps pour changer notre vie :
- Pulp Fiction devient Fiction Pulpeuse. Oui, vous avez bien lu.
- Scary Movie se transforme en Film de peur.
- Attention, voilà du solide : Inglorious Basterds se métamorphose en… Le Commando des bâtards !
- Liste non exhaustive, bien entendu. Pour les intéressés, voici la source ; irrésistible...
A présent que vous maîtrisez le principe, vous savez certainement qui sont Les Pierres qui roulent. Non, le ridicule ne tue pas. Passons donc au deuxième point qui fâche.
Les anglicismes ont pendu le Petit Robert
Maintenant, par contre, fini de rire. Çà ! On ne plaisante pas avec les barbarismes venus de nos meilleurs ennemis. Dispatcher, d’où vient cette atrocité lexicale, selon vous ? Déjà, prononcé comme il se doit, le mot n’est pas folichon, alors imaginez s’il est francisé… Et il l’est - ne vous cachez pas derrière votre écran -, nous l’avons tous formulé au moins une fois.
Plus courants, les ô combien violents générer (suivi d’un complément, of course) et réaliser au lieu de s’apercevoir, se rendre compte de. Il ne suffit pas d’être francophone pour se réclamer francophile ! A chaque fois qu’un humain doué de parole prononce ces mots, Apollinaire et Balzac fracassent un tabouret à la tête du père Lachaise, un panda meurt et Secret Story touche cent mille spectateurs supplémentaires.
Alors, face à l’invasion angloise, que faire ? La solution québécoise paraît plus ridicule qu’efficace, et l’on doute du fait qu’ordiphone réussisse à convaincre davantage que des lexicographes. Rappelons également que ce qui est valable pour notre vocabulaire ne l’est pas toujours pour la musique : Eddy Mitchell n’était pas visiblement pas inspiré lorsqu’il a converti Superstition de Stevie Wonder en… Superstition ! (Premières paroles : "Je suis superstitieux", voilà qui vend du rêve.)
Proposons peut-être un geste simple : ayons tous dans nos foyers, à la fin de l’année, le dictionnaire des expressions du capitaine Haddock. Un langage fleuri, rien de tel pour éliminer la mauvaise herbe.
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