@ Bobby et @ Richard
En
effet, Richard, de renoncement en renoncement on en est arrivé à fuir dans la
langue anglaise pour ne pas parler d’un homme noir en le qualifiant de noir. Et
si, sans aucun doute, il y a à l’extrême-droite – en supposant que cette expression
elle-même a encore un sens – des gens qui sont racistes envers les noirs, je
suis convaincu qu’il y en a aussi beaucoup parmi ceux qui, conformistes croyant
employer un langage de gauche, les nomment blacks. Et vous faites bien de faire
le rapprochement avec les inventeurs de la « négritude » qui, de
manière combative et créative, réapprenaient à nos parents la richesse de leur
langue quand ceux-ci apprenaient à en avoir honte. Il y a là un double exemple
d’authentique fierté et d’avancée vers « l’antiracisme » déformant, aujourdhui
tellement prégnant, comme dans le stupide asservissement volontaire à la langue
anglaise.
Il
faut lire le très beau livre de Gaston Kelman, Je suis noir et je n’aime pas
le manioc, comme Archibald nous le
proposait ici sur Agoravox la semaine dernière :
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/je-suis-noir-et-je-n-aime-pas-le-137167
Les
entretiens d’Aimé Césaire avec Françoise Vergès, publiés chez Albin Michel en
2005 sous le titre Nègre je suis nègre je resterai, proposent par ailleurs une excellente réflexion contemporaine
sur l’humanisme et le langage des hommes, l’un et l’autre étant, par le grand
écrivain poète, pensés dans l’universalité.
Je
ne crois pas que le peuple français soit le principal responsable de l’appauvrissement
de sa langue. Je crois que ce sont plutôt les très nombreux intellectuels
omniprésents dans les médias qui "militent par la déformation
langagière".
Vous
renvoyez l’un et l’autre à une vidéo de Jean Ziegler, sans que j’aie bien
compris si vous êtes conscients de son ambiguïté (elle est, par volonté ou pas
de celui qui l’a déposée, présente dans le titre même inscrit sur la première
image). Depuis des années le brillant intellectuel suisse militant est, quelque
part dans mon esprit, avec d’autres comme Edgar Morin et Noam Chomsky, parmi ceux
que je perçois comme des « beaux gâchis ». J’ai beaucoup espéré d’eux
et ils m’ont beaucoup déçu. Combattant pour un bouleversement politique qui
ferait avancer vers la justice et l’égalité, ils ont fini par rejoindre le camp
des partisans de la « bonne haine » et de la « bonne violence »
comme solution de remplacement à celle que, avec eux, je considère comme intolérable,
la violence de l’exploitation capitaliste.
Ecoutez,
vers la onzième minute de l’entretien, Jean Ziegler affirmer que "Le Coran
dit exactement le contraire de ce que pratiquent les terroristes
islamiques" ! J’avais rêvé qu’un jour Ziegler et les autres intellectuels précités mettraient fin, enfin, à la monstrueuse théologie criminogène toujours justifiée et enseignée aux croyants à venir par les trois plus grands monothéismes. Et les voici, avec tant d’autres, installés dans le néo-négationnisme appliqué au plus violent des trois.
Oui, quel beau gâchis !