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Commentaire de Pierre Régnier

sur L'indispensable restauration du langage


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Pierre Régnier Pierre Régnier 17 juin 2013 18:14

@ Bobby et @ Richard

 

En effet, Richard, de renoncement en renoncement on en est arrivé à fuir dans la langue anglaise pour ne pas parler d’un homme noir en le qualifiant de noir. Et si, sans aucun doute, il y a à l’extrême-droite – en supposant que cette expression elle-même a encore un sens – des gens qui sont racistes envers les noirs, je suis convaincu qu’il y en a aussi beaucoup parmi ceux qui, conformistes croyant employer un langage de gauche, les nomment blacks. Et vous faites bien de faire le rapprochement avec les inventeurs de la « négritude » qui, de manière combative et créative, réapprenaient à nos parents la richesse de leur langue quand ceux-ci apprenaient à en avoir honte. Il y a là un double exemple d’authentique fierté et d’avancée vers « l’antiracisme » déformant, aujourdhui tellement prégnant, comme dans le stupide asservissement volontaire à la langue anglaise.  

 

Il faut lire le très beau livre de Gaston Kelman, Je suis noir et je n’aime pas le manioc, comme Archibald nous le proposait ici sur Agoravox la semaine dernière :

 

http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/je-suis-noir-et-je-n-aime-pas-le-137167

 

Les entretiens d’Aimé Césaire avec Françoise Vergès, publiés chez Albin Michel en 2005 sous le titre Nègre je suis nègre je resterai, proposent par ailleurs une excellente réflexion contemporaine sur l’humanisme et le langage des hommes, l’un et l’autre étant, par le grand écrivain poète, pensés dans l’universalité.

 

Je ne crois pas que le peuple français soit le principal responsable de l’appauvrissement de sa langue. Je crois que ce sont plutôt les très nombreux intellectuels omniprésents dans les médias qui "militent par la déformation langagière".

 

Vous renvoyez l’un et l’autre à une vidéo de Jean Ziegler, sans que j’aie bien compris si vous êtes conscients de son ambiguïté (elle est, par volonté ou pas de celui qui l’a déposée, présente dans le titre même inscrit sur la première image). Depuis des années le brillant intellectuel suisse militant est, quelque part dans mon esprit, avec d’autres comme Edgar Morin et Noam Chomsky, parmi ceux que je perçois comme des « beaux gâchis ». J’ai beaucoup espéré d’eux et ils m’ont beaucoup déçu. Combattant pour un bouleversement politique qui ferait avancer vers la justice et l’égalité, ils ont fini par rejoindre le camp des partisans de la « bonne haine » et de la « bonne violence » comme solution de remplacement à celle que, avec eux, je considère comme intolérable, la violence de l’exploitation capitaliste.

 

Ecoutez, vers la onzième minute de l’entretien, Jean Ziegler affirmer que "Le Coran dit exactement le contraire de ce que pratiquent les terroristes islamiques" ! J’avais rêvé qu’un jour Ziegler et les autres intellectuels précités mettraient fin, enfin, à la monstrueuse théologie criminogène toujours justifiée et enseignée aux croyants à venir par les trois plus grands monothéismes. Et les voici, avec tant d’autres, installés dans le néo-négationnisme appliqué au plus violent des trois.


Oui, quel beau gâchis !



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