Je pense que c’est une erreur de voir la gauche comme internationaliste.
Les travaux de Chalmers Johnson ont bien montré que communisme et
nationalisme marchaient main dans la main. La révolution mondiale est
une utopie. Tout simplement parce que personne ou presque n’a la vision
d’un territoire mondial et qu’on agit pour son territoire. D’ailleurs,
les grandes organisations internationalistes ont toujours été
structurées avec des sections nationales. Ne demandons pas aux hommes
une vision plus large que celle qu’ils peuvent avoir.
Au XVIIe siècle personne n’avait la vision d’un territoire national : l’étranger commençait à une journée de marche de chez soi...
L’amélioration des moyens de transport et de production a ébranlé cette vision...
L’adaptation à cette nouvelle réalité a été très violente : en France, elle a pris une tournure politique : la Révolution françaises et ses multiples séquelles jusqu’à la commune de Paris.
En Angleterre, la révolution a été industrielle : urbanisation très rapide, population ouvrière nombreuse et condamnée à l’indigence...
Les idéologies politiques se sont formées à l’aune de ces grandes transformations : la nouvelle classe dominante (la bourgeoisie, une partie de l’aristocratie, une population plutôt urbaine) a ardemment défendu ce changement de société ; à sa droite s’opposait au changement, prônait la défense du monde ancien, de la ruralité, des petits centres urbains etc. Où se plaçait la gauche ? La gauche a pris acte de ce changement de société (la naissance d’une classe ouvrière urbaine, déracinée, qui ne peut plus retourner dans sa région natale) mais en a critiqué son déroulement (l’asservissement d’une classe par une autre, perpétuation d’une forme de servage).
Actuellement, on vit très certainement une nouvelle grande transformation, où les énergies seront plus chères, le travail plus rare, la population vieillissante...
Dans ce cadre, l’extrême-droite est cohérente avec sa position de toujours : ayant digéré le changement de société précédent, elle le défend (avec ses tares). Les centristes défendent ce changement dans un cadre « austéritaire » (laisser des miettes aux dominés, généralement des chômeurs). La gauche essaye d’intégrer ce changement en demandant plus d’égalité : aller vers un revenu universel, fruit de la taxation des revenus du capital.