Bonjour Robert. Article intéressant et bien argumenté, mais je reste sceptique. Les arguments athéistes se focalisent sur la non-existence de Dieu, mais l’expérience religieuse n’est pas dépendante de cet énigme. La transcendance, concept vide pour les athées parce que non démontrable par la raison pure, reste néanmoins un postulat pour la raison pratique : la transcendance comme dépassement de soi, la transcendance comme néantisation, comme liberté, comme l’arrachement de la vie matérielle, ce que peut se produire dans l’expérience de la musique ou de l’art plastique, de la dance ou de la transe, ou encore de l’intoxication par la drogue. Van Gogh, dans sa ferveur, dans sa « folie », éprouvait sans doute une expérience transcendantale. La transcendance est une possibilité pure et irréductible, qui ne peut être démontrée sous peine de perdre sa nature. Mais sans ce postulat règne le nihilisme morbide sur le plan philosophique, l’obsession consommatrice sur le plan sociale, et le discours purement économiste sur le plan politique. Tout le monde peut faire l’expérience de la transcendance dans l’immanence : l’expérience de la beauté dans la nature, dans l’art ou dans la musique déclenche un moment de dépassement ou d’arrachement vis-à-vis de soi, ouvrant la perception de l’absolue ou l’universel. Emmanuel Kant l’appelle »la pensée élargie ». Il parle du sentiment d’émerveillement, la réaction de s’émerveiller devant des phénomènes étonnants, un sentiment inné dans l’enfant mais qui a tendance à s’estomper avec l’âge. « Il y a deux choses qui déclenchent en moi un sentiment d’émerveillement : le ciel nocturne au-dessus de moi, et la voix de la conscience en moi. »(Emmanuel Kant). C’est peut-être ce sentiment d’émerveillement et pas seulement la peur de la mort qui explique pourquoi toute communauté humaine, civilisée ou non, a toujours pratiqué une religion.