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Commentaire de bluebeer

sur Totalitarisme et néolibéralisme


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bluebeer bluebeer 24 juin 2013 21:30
Bonsoir,

très intéressant article. Nous baignons dans l’idéologie libérale depuis de nombreuses décennies, celles-ci ayant bénéficié de toute l’aura du modèle américain après la seconde guerre mondiale et n’ayant plus été contestée en Europe occidentale depuis le milieu des annes 80. A l’époque des deux blocs, il semblait entendu que la liberté politique ne pouvait exister sans liberté économique et sans liberté d’entreprendre. 

Car le véritable pilier du libéralisme dans nos sociétés, c’est bien le caractère sacré de la propriété privée et de la liberté d’entreprendre, revendications initiales d’une catégorie industrieuse qui au moyen-âge a voulu garantir les moyens de sa prospérité face à la rapacité d’une artistocratie guerrière et hautaine. Par la suite, à la fin du temps des despotes et au début du temps des industries, les libéraux ont adapté leur discours pour justifier leur avènement, estimant juste et nécessaire que ceux qui entreprenaient et créaient de la prospérité puissent recueillir le fruit de leur mérite et de leur labeur en occupant des positions élevée. 

Il s’agissait selon eux de l’ordre naturel des choses, inspiré par les puissances divines ou issu de la loi de sélection naturelle. Dans tous les cas, la compétition est saine et juste pour la société, et les esprits supérieur doivent faire preuve de pugnacité pour triompher et guider les faibles. Donc lutte et compétition sont inhérentes à cette idéologie où par essence, le meilleur doit gagner et diriger, leur mérite étant attesté par leur richesse et leur réussite financière.

Pour que ce système soit efficace, cependant, il faut que la compétition soit franche, ouverte, et que les perdants assument leurs échecs. La solidarité imposée est contre-productive, injuste. Comme le reste, la solidarité est affaire de conscience personnelle, et laissée à l’initiative individuelle. Le collectivisme est une aberration, la négation du mérite, le nivellement par le bas. Le libéralisme s’accommode parfaitement d’une spiritualité cloisonnée, rangée dans une sphère distincte, étrangère aux affaires de ce monde, ce qui facilite le matérialisme et l’accumulation des 
biens comme aune de la valeur individuelle. Le libéralisme n’exige pas mais favorise l’exaltation narcissique de l’individu au travers de la consommation de biens de prestige. 

Il y aurait beaucoup de chose à dire sur cette conception, mais pour faire simple : Le libéralisme crée naturellement des oligarchies. Ces oligarchies ne ressentent pas de solidarité avec les classes inférieures : ils sont les gagnants, nous sommes les perdants, deux espèces différentes. Le libéralisme n’a aucune ambition d’organiser une société, encore moins une société juste. Le succès est juste, la victoire est juste, le reste n’est que bavardage. Il n’y a pas de règle pour gagner, et finalement, le gagnant est celui qui ose transgresser les règles. No hard feeling, just business. 

Pour l’instant, le profit passe par le commerce, la production et circulation de biens, et nous sommes encore utiles, comme producteurs ou comme consommateurs. Plus tard, les machines feront le boulot, les gens deviendront inutiles, mais la partie de monopoly continuera, jusqu’à la fin. Les oligarques ne forment pas une classe unie, solidaire. Ils sont comme les anciens féodaux. Ils possèdent le monde, se combattent, s’élimine, s’allient entre eux et se marient. Petit à petit, quelques uns prendront l’ascendant sur les autres. Ce sont les futurs despotes. Ils possèdent la technologie grâce à leurs armées de techniciens, d’ingénieurs, de scientifiques. Ils visent l’immortalité. Pas pour tous, ça va sans dire.

Et nos vie à nous sombrent dans un matérialisme insipide, sans perspective. Nous sommes devenus individualistes, méfiants, conformistes. Le peu que nous avons, nous avons peur de le perdre. La solidarité s’effrite, les liens de familles, de communautés s’effilochent. Nous sommes des rebuts, nous ne participons plus à la marche du monde. Notre contribution n’est pas désirée. Éventuellement, si elle l’était, ce serait comme larbin, pas comme partenaire, il s’agit d’un club très fermé. On nous donnerait plus de babioles avant de nous congédier et de nous remplacer par un autre ou une machine. Nous somme devenus anonymes, nous ne comptons plus. Qu’il est loin le temps des premiers hommes et de la tribu, celui où chaque bras, chaque œil comptait et contribuait à la sécurité et à la prospérité de la communauté.

Ils nous disent que planifier nos sociétés, nos besoins, nos moyens de production, est un non sens, que ça marche beaucoup moins bien que l’initiative individuelle et la compétition. La vérité, c’est qu’ils veulent tout pour eux, uniquement pour eux. Et qu’ils se soucient comme d’une guigne de ce qui nous arrive. La seule chose qui pourrait changer tout ça, c’est notre révolte. Mais notre révolte n’arrivera pas tant qu’il nous restera quelque chose à perdre. Nous en sommes là, à surveiller la ligne de flottaison en se disant que ça va s’arranger. L’avenir n’est pas radieux.

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