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Commentaire de yvesduc

sur Peut-on intervenir en Syrie en respectant le droit ?


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yvesduc 25 juin 2013 19:12
Je préparais un article sur le droit international mais hélas, faute de temps il prend la poussière. Deux aspects sont à noter, dont l’un apparaît dans votre article : d’une part, la délicieuse imprécision de certains formulations, qui offrent dans la pratique une sorte de chèque en blanc aux grandes puissances en leur permettant d’agir à leur guise, à condition bien sûr que leurs opinions publiques soient suffisamment émues. C’est le cas du fameux (et fumeux) concept de « menace contre la paix », auquel a été rattachée récemment une ‘responsabilité de protéger’ des plus hypocrites, qui a servi pour la guerre en Irak. De l’autre côté, les grandes puissances se protègent elles-mêmes d’un éventuel retour de bâton, grâce au droit de veto. Si jamais il prenait l’envie à des puissances secondaires de lire le droit international comme les grandes puissances le font, mais cette fois contre ces grandes puissances, le veto serait immédiatement brandi par celles-ci et le « droit » ne s’appliquerait pas. Le droit de veto est arbitraire et ne s’appuie sur aucune condition particulière. La grande puissance qui pose un veto a seulement besoin d’être une grande puissance, reconnue comme telle par les autres grandes puissances, par exemple parce qu’elle possède un vaste stock d’armes nucléaires. Ce n’est plus le « droit » au sens commun qui parle, mais la force. Ce dernier point transparaît dans votre article au moment où est traitée la « menace contre la paix », qui pourrait éventuellement et en tirant bien les cheveux, s’appliquer à la Syrie puisque trois pays frontaliers sont désormais touchés par la guerre sale qui a lieu en Syrie. Voici ce que vous écrivez :

« Dans le cas de la Syrie, la probabilité que le Conseil de sécurité adopte une résolution autorisant le recours à la force est quasiment nulle. En effet, la Russie et la Chine ont plusieurs fois brandi le véto contre les projets de résolution proposés par les pays occidentaux. »

Le droit, dans son esprit, est pacifiste et garantit la souveraineté des nations. Mais les grandes puissances y ont introduit suffisamment de flou pour qu’il ne soit pas automatique, et d’autre part pour qu’il puisse servir, ironiquement, à violer la souveraineté des pays moins puissants militairement, en exploitant au maximum ces flous.

Dernière remarque : la responsabilité de protéger n’est pas un devoir de protéger. Autrement dit, l’ONU (ou les grandes puissances) n’interviennent pour ‘protéger’ que si elles le souhaitent. C’est comme si les pompiers décidaient à la tête du client quels incendies ils veulent bien éteindre.

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