Voilà ce qu’écrivait Gramsci :
« Dans
l’école actuelle, la crise profonde de la tradition culturelle, de la
conception de la vie et de l’homme entraîne un processus de
dégénérescence progressive : les écoles de type professionnel,
c’est-à-dire préoccupées de satisfaire des intérêts pratiques immédiats,
prennent l’avantage sur l’école formatrice, immédiatement
désintéressée. L’aspect le plus paradoxal, c’est que ce nouveau type
d’école paraît démocratique et est prôné comme tel, alors qu’elle est au
contraire destinée non seulement à perpétuer les différences sociales,
mais à les cristalliser (...) L’école traditionnelle a été oligarchique
parce que destinée à la nouvelle génération des groupes dirigeants,
destinée à son tour à devenir dirigeante : mais elle n’était pas
oligarchique par son mode d’enseignement. Ce n’est pas l’acquisition de
capacités directives, ce n’est pas la tendance à former des hommes
supérieurs qui donne son empreinte sociale à un type d’école.
L’empreinte sociale est donnée par le fait que chaque groupe social a
son propre type d’école, destiné à perpétuer dans ces couches une
fonction traditionnelle déterminée, de direction ou d’exécution. Si l’on
veut mettre en pièces cette trame, il convient donc ne de pas
multiplier et graduer les types d’écoles professionnelles, mais de créer
un type unique d’école préparatoire (élémentaire-moyenne) qui conduise
le jeune homme jusqu’au seuil du choix professionnel, et le forme entre
temps comme personne capable de penser, d’étudier, de diriger, ou de contrôler ceux qui dirigent »