Bien joué.
Pas pour ce que vous dites - car je ne suis pas d’accord avec vous - mais pour avoir su ménager votre effet : grâce à vous, de nombreux Agoravoxiens, pressés d’en découdre avec un ennemi déclaré de Chouard, se seront rués sur des concepts que jamais sinon ils n’auraient approchés.
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Je vais vous faire un reproche global, car je n’ai malheureusement pas le temps de développer plus avant. En définitive, vous adoptez le même biais qu’Étienne Chouard : la masse est victime d’une spoliation, qu’il faut décortiquer afin de lui redonner le pouvoir.
Il m’est avis, au contraire - et cela fait tout le « charme » et la perversion de l’époque - que la spoliation est une conséquence, non une cause.
La désaffection politique, que vous avez raison de pointer du doigt, a été non seulement acceptée, mais voulue par le peuple : comment voulez-vous qu’il refuse qu’une poignée de rigolos s’occupent à sa place de diligenter les affaires de l’État pendant qu’il se consacrera entièrement à ses affaires privées ? Par peur de la dictature ? C’est là qu’intervient le suffrage, bientôt rendu universel afin de noyer encore davantage le poisson et cacher aux administrés la mort programmée de l’activité politique par leur consentement même.
Et la nature ayant horreur du vide, c’est bien l’économie et sa propension à donner aux masses ce qu’elles attendent - qui plus est rapidement, comme vous le disiez - qui a fini par occuper, pour le bonheur de tous, la place laissée vacante. « Pour le bonheur de tous »... jusqu’à récemment bien sûr ! Jusqu’aux heures sombres du pouvoir d’achat en berne. Là deviennent indispensables des phares dans la nuit, des Étienne Chouard par exemple, dont certains, à son corps défendant, boivent les paroles sans trop réfléchir...
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Pour finir, votre quatrième partie est alléchante. D’une part parce que je mise, comme vous, sur une instruction démocratique d’un genre nouveau, et d’autre part parce que j’ai récemment étudié Nussbaum qui a l’affreux réflexe de faire son marché dans la « liberté des anciens » pour la concilier à celle des modernes, qui, bien sûr, a ses faveurs.
Merci à vous,
EG