J’ai écouté la conférence d’EC et ai lu une partie de votre truc. Je le rejette.
Le système considéré par EC est fini, pas infini. En plus, il ne parle jamais de science dans sa conférence. Ensuite, il ne fait pas de déduction. Il fait de l’induction. Il n’analyse pas. Il synthétise puis cherche ce qui provoque le résultat de la synthèse. Il examine ensuite si le résultat a pour conséquences les objets observés auparavant.
Il emploie l’expression de cause des causes car il remonte de quelques étages dans une chaîne de causalité. Le système qu’il considère est fini. Vous considérez le système infini et métaphysique. Kant vous permet de rejeter cet infini. Vous confondez deux niveaux de longue. Vous confondez la métaphysique, interdite par Kant, et la politique qui est le sujet de la conférence. Votre argumentaire en souffre sérieusement.
Il a trouvé une référence dans l’histoire qui lui sert de modèle. Il n’a jamais posé ce modèle de démocratie athénienne comme un absolu indépassable. Il pose que sa réflexion se fait à cet endroit pour le moment.
Le paradoxe amusant de laisser écrire une constitution par des gens qui nous interdisent de l’écrire est insoluble par Kant. C’est ce que je déduis de votre texte. C’est la vergogne dont EC parle au début de la conférence et à laquelle vous ne faites pas référence. Il voit dans cet objet une idée à creuser pour sortir de cette relation viciée.
Si vous mettez des groupes humains distincts dans une société, vous avez quelque chose de parfaitement logique. Mais en faisant ça, je pose que l’autre peut m’influencer et modifier ce que je pense être la réalité. L’autre peut me transmettre quelque chose que je pense être vrai et juste. J’arrête ici car vous me semblez incapables d’admettre qu’un autre que vous ait une bonne idée et qu’il peut vous transmettre quelque chose de juste. La notion de vergogne, que vous avez raté, intervient ici.
Si les humains peuvent s’influencer, ils peuvent le faire réciproquement. Ils sont alors dans une relation circulaire de reconnaissance réciproque, de communication de ce qui apparaît juste, etc… La raison n’y est qu’un outil pour ce travail et elle sert trop souvent d’arme pour soumettre les contradicteurs. Pour cela, il suffit d’avoir un raisonnement légèrement plus alambiqué que le contradicteur. Il doit se soumettre et la raison a prouvé sa valeur comme arme.
La raison est remarquablement désarmée face aux relations humaines. Elle ne peut pas voir ce qui se passe quand deux humains entrent en relation. Du point de vue rationnel, une personne émet une affirmation. L’autre, la reconnaît et la retransmet avec quelque chose de nouveau. Cela donne une réalité à ce qui a été émis par le premier qui peut le lui rendre avec quelque chose de lui même. Un défenseur de Kant ne peut que se moquer de ça. Je rejette Kant sur cette base. Cette base rend les idées de Chouard parfaitement logiques.
Le problème de Chouard est de sortir d’une situation injuste. Il le fait à sa façon, pas à la votre. Il explique l’acceptation de cette situation par l’éducation reçue par tous où, encore une fois, des gens dignes de confiance font passer l’idée que l’élection est la démocratie. Des gens acceptent de la part d’autres gens une idée comme vraie et juste. Eux-mêmes l’ont reçue d’autres gens avant eux. Etc… Vous ratez complètement la possibilité qu’une personne peut croire une autre personne.
La solution de Chouard est une tentative de sortir de ce cercle imposé par toutes les relations humaines. Il tente d’y introduire une notion qui échappe à tous les humains et qui donne une chance à ceux qui ne veulent que vivre décemment d’écrire les règles de la vie en commun. Il admet que les meilleurs hommes ne cherchent pas le pouvoir. Cette notion vous a également échappé. L’idée d’un critère permettant de reconnaître des hommes de valeur vous est vraiment étranger.
Vous vous êtes perdus dans la raison. Elle vous fait tourner en rond dans son cadre strict et limité. Votre incapacité à admettre que l’on peut en sortir vous interdit de voir l’importance des relations humaines et vous interdit de voir qu’une relation avec un autre peut vous faire évoluer. Une personne de pouvoir crée sa réalité. Ce qu’il dit est la réalité. Tous les autres humains s’y soumettent. Sa loi en devient sa réalité. Tant qu’il ne rencontre pas d’obstacle, il n’a aucune raison de changer d’avis. Il peut s’éloigner indéfiniment des gens qui lui sont soumis. Il peut exiger d’eux la mort sans en ressentir le moindre trouble. Il peut le faire en étant parfaitement rationnel. La politique d’austérité imposée à la Grèce a tué des gens par suicide, désespoir, maladie non soignée. Ces gens sont morts parce que d’autres ont construit un système parfaitement logique qui rend l’Euro et l’interdiction aux banques centrales de prêter à leurs états obligatoires. Leurs auteurs ne se sentent pas du tout criminels. Leur réalité les met à l’abri de cette idée. Le truc qui tue des gens est cohérent, rationnel et rigoureux. Il ne se laisse pas influencer par des souffrances, des désirs, des malheurs. Il est au dessus de ça. Ses défenseurs sont hors de cette réalité. C’est la définition de la folie.
Votre déconstruction est le fait d’esprits désincarnés sans compassion, incapables de reconnaître une relation humaine quand ils en voient une et qui mettent Kant au-dessus de tout ce qui est relation humaine. Sa froideur et son arrogance me font peur.
Je la rejette et arrête ma lecture de votre texte.