Tout d’abord merci pour cette critique que j’attendais ne connaissant pas les philosophes cités par les auteurs de cette série d’article.
Ce qui ne veux pas dire que j’ignore tout du fond de la problématique ici exposée que j’ai abordée d’un point de vue scientifique et non philosophique. Cette démarche m’a conduit depuis déjà bien longtemps aux mêmes conclusions que les auteurs au sujet des remèdes à apporter aux problèmes qu’ils soulèvent, à savoir, ce que j’appelle le nécessaire développement d’une « pédagogie de l’empathie ».
C’est à ce titre que je suis impatient de connaître les solutions qu’ils souhaitent appliquer et ce d’autant plus qu’ils se présentent comme « missionnés par les responsables en charge du
futur pôle de recherche « Paris Sciences Lettres » (regroupant 12
Grandes Écoles et Universités de Paris) afin de réfléchir aux contours
que devrait prendre la justice sociale dans la pratique de
l’enseignement de demain ».
Or, si je me fis à votre appréciation de la pensée de NUSSBAUM, j’aurais tendance à dire que des méthodes s’inspirant de ses écrits n’auront que peu d’impact par rapport à l’objectif que visent Les Non-Alignés : « Aussi pensons-nous, et c’est là le point central de notre
propos, que c’est inversement en cultivant dès le plus jeune âge ces
activités qu’il serait possible de favoriser cette sublimation des
pulsions, seule rempart à la manipulation évoquée par la philosophe
Michela Marzano et seul moyen selon nous pour les citoyens de se
réapproprier leur souveraineté. Ainsi, l’éducation à la démocratie que
nous proposons aurait-elle pour mission principale de promouvoir ces
deux facultés indispensables à un changement souhaitable de civilisation
que sont l’empathie et la sublimation. »
Le changement de paradigme auquel tant de gens aspirent a déjà été pensé de façon très pertinente bien avant que ne le fasse Michela MARZANO ou Martha NUSSBAUM par un chercheur pragmatique du genre de ceux que j’affectionne plus particulièrement en tant qu’ils possèdent, en plus de leur théorie, une remarquable expérience de terrain sans laquelle il n’est, à mes yeux, pas possible d’évaluer la complexité d’une situation.
Par ailleurs, si j’ai bien compris, les travaux de Martha NUSSBAUM se fondent sur une démarche aristotélicienne, or, et c’est bien là que le bas blesse : les prémisses aristotéliciennes d’identité, du non contradictoire et du tiers exclus, impactent notre pensée et toutes nos entreprises bien plus que nous le supposons. Pour parvenir à un changement de paradigme, il va falloir remettre sérieusement cela en cause et je ne suis pas sûr que ce soit la voie que prennent les auteurs de cette série d’article.
En ce sens, je vous rejoins parfaitement lorsque vous dîtes que Martha NUSSBAUM « ne propose qu’une énième resucée d’un projet moderne qui pleure le monde ancien ».
Au plaisir de vous lire et de prendre connaissance de la réponse des auteurs aux critiques que vous formulez.