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Commentaire de argoul

sur Peut-on réformer en France ?


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argoul (---.---.18.97) 30 mars 2006 13:26

Le panorama que vous faites de la misère française comparée à l’Allemagne est intéressant. Rappelons quand même que l’Allemagne - vaincue - s’est vue imposer par les Américains (surtout) ces institutions « démocratiques » que vous vantez aujourd’hui. Faudrait-il que la France soit vaincue par l’Amérique pour « accepter » le libéralisme intégralement, c’est-à-dire le libéralisme politique qu’elle a inventé (avec Montesquieu, Voltaire et quelques autres) et le libéralisme économique qui en est le prolongement, mais qui se traduit différemment suivant que l’on est pays protestant (UK, USA), calviniste (Scandinavie, Suisse) ou catholique (Italie, Espagne, France) ?

Le suffrage majoritaire existe aussi en Angleterre, il n’a pas les vices que vous lui prêtez. Il n’existait pas en France sous la IVème république, on voit bien où cela a mené. Je crains qu’un système électoral, même peu adapté, ne soit pas LA cause qui expliquerait tout. Nous apprenons incidemment que vous êtes enseignant, le blocage de l’Education Nationale, sans être lui non plus LA cause unique de nos maux, n’est-il pas « symptômatique » du blocage français (dénoncé déjà vers 1970 par Michel Crozier) ?

La dinstinction grandes écoles / universités est pertinente, mais insuffisante à mon sens. Les universités ont trop peu de moyens comparés au secondaire, voire à l’école maternelle ! Pourquoi ? En cause le lobby des profs, dûment syndiqués et dûments courtisés par la gauche (sans succès d’ailleurs, Jospin qui leur a donné le plus s’est vu jeté comme un salarié-kleenex, « oh, pas assez à gauche, ma chère ! » entendait-on en salle des profs). Quant aux grandes écoles, elles prennent à peu près le même nombre d’élèves qu’il y a un siècle (l’Etat n’a guère plus de besoins), ce qui signifie qu’il y a un rapport de l’ordre de 1 à 35 entre 1905 et 2005. La compétition est donc rude, les parents éclairés commencent très tôt pour leurs enfants. C’est tout le sens du « Ghetto français » décrit par Eric Maurin.

Que faire ? Probablement la réforme Devaquet de 1986 avec sélection à l’entrée des universités, ce qui réquilibrera les moyens vers ceux qui le méritent et orientera les autres plus tôt vers le professionnel ou l’emploi. Ensuite ? Encourager l’emploi en ne changeant pas les règles du jeu à chaque gouvernement. Un seul contrat de travail au lieu de la trentaine aujourd’hui ; une flexibilité plus grande des 2 côtés (entreprise et salarié), une protection attachée non au poste mais à l’individu, inspirée du Danemark. Le toilettage du code du travail, 32 pages en Suisse, plus de 1300 chez nous ! La loi doit fixer des règles, pas tout règlementer dans le détail : ce qu’on reproche à Bruxelles, pourquoi ne pas nous l’appliquer d’abord ? Pour renforcer les syndicats représentatifs, modifier la loi ad hoc suffirait dans un premier temps. Interdire le cumul des mandats à l’Assemblée (pas au Sénat qui représente justement les collectivités locales, ne pas tout mélanger quand même), obliger les fonctionnaires élus à démissionner (et donc à repasser des concours s’ils veulent revenir à la fonction publique), ils sont trop représentés aujourd’hui au Parlement et au gouvernement. Ce serait une mesure d’égalité « des chances » vis-à-vis des candidats aux élections de n’avoir pas le confort de retrouver « automatiquement » son poste en fin de mandat(comme si l’avocat retrouvait sa clientèle ou le salarié son contrat !). Etendre le champ du référendum, à la suisse, sans en faire ce couperet redoutable que De Gaulle a conçu. Peut-être changer la Constitution par un présidentialisme accru ou au contraire un modèle à l’anglaise où le Premier Ministre est le chef du parti majoritaire (Jospin fut le plus proche de ce rôle durant ses 5 ans). Commençons surtout par redonner confiance par moins d’interventionnisme étatique, moins de « yaka » électoralistes, plus d’initiatives à la société civile (régions, communes, privatisations). Le « modèle français » (j’ai fait un article dessus sur Agoravox) est daté : la génération avide de revanche de l’après-guerre se prenait pour l’élite guidant le peuple, seins nus et drapeau à la main. Cette vision a été balancée aux orties par la génération 68 que l’autoritarisme gonflait. Une nouvelle génération est là qui demande à être un peu plus comme les autres en Europe, laissons-là faire.


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