« Français de souche ».... ? Je crois que Brassens appelait ça : « Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part », non ?
« C’est vrai qu’ils sont plaisants tous ces petits villages,
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités,
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages,
Ils n’ont qu’un seul point faible,
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts,
La race des chauvins, des porteurs de cocardes,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part....
Maudits soient ces enfants de la mère patrie
Empalés une fois pour toute sur leur clocher
Qui vous montrent leur tours, leurs musées, leur Mairie
Vous font voir du pays natal jusqu’à loucher
Qu’ils sortent de Paris, ou de Rome ou de Sète,
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq, ils s’en flattent mazette,
Les Imbéciles heureux qui sont nés quelque part...
Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent la tête, on trouve pas plus fin,
Quant à l’air qu’ils emploient pour gonfler leurs baudruches,
Leurs bulles de savon, c’est du souffle divin ;
Et petit à petit les voilà qui se montent
Le cou jusqu’à penser que le crottin fait par
Leurs chevaux même en bois, rend jaloux tout le monde,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part...
C’est pas un lieu commun, celui de leur naissance,
Ils plaignent de tout coeur les petits malchanceux,
Les petits maladroits qui n’eurent pas la présence,
La présence d’esprit de voir le jour chez eux ;
Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre les étrangers tous plus ou moins barbares,
Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre,
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part...
Mon dieu qu’il ferait bon sur la terre des hommes,
Si l’on n’y rencontrait cette race incongrue,
Cette race importune, et qui partout foisonne,
La race des gens du terroir, des gens du cru.
Que la vie serait belle an toutes circonstances
Si vous n’aviez tiré du néant ces jobards !
Preuve peut-être bien de votre inexistence ?
Les imbéciles heureux qui sont nés quelques part... »