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Commentaire de bakerstreet

sur Un village sur la colline...


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bakerstreet bakerstreet 4 août 2013 02:57
Toits de tuiles, toit d’ardoises, toits de lauzes, toits de chaumes....

Du nord au sud, et de l’est à l’ouest, on peut trouver mille villages pittoresques ; oh, ce mot cliché qui ne veut rien dire, si ce n’est la condition de l’effaré, ce touriste qui lache ce vent pour meubler son étonnement !

Et quoi, le guide ne l’avait pas prévenu de ce choc, qu’il ne doit souvent d’ailleurs qu’à lui même. 
Il faut une condition particulière, pour être séduit, amoureux, étonné.
Le sens commun et les sept sens ne peuvent expliquer ces choses !
Tout n’est pas dans les guides mon bon monsieur, et même le meilleur, forcément, en est absent. 
C’est la part de dieu, ou celui des anges, selon votre age et vos attentes. Les meilleures sont indéfinies, et vous poussent du cou hors des sentiers, ralentissent votre pas, vous prennent à l’improviste.
 La vision n’est pas la même quand vous couchez par terre, et que l’odeur de thym vous transporte !
Elle n’’est pas la même quand on vous a tendu la main. Le toit en fibro ciment d’un atelier ou d’un garage vous paraitra avoir un charme fou !

Une approche particulière, un sentier, et voilà, vous avez devant vous quelque chose qui ressemble à l’éternel, à ce endroit où vous arrêteriez bien votre course ! Pourquoi ne pas tout quitter et venir vivre ici, pas dans une de ces petites maisons où il fait surement bon vivre en toutes saisons, à l’ombre de la treille,. 

Les bouquins, ceux de Giono, de Vialatte, ou de Bosco, vous certifieraient dans leurs bons mots, dans leurs phrases patinées à l’ancienne, que vous avez fait le bon choix, sans compter un air de musique, venant on ne sait d’où !
Vivaldi et Mozart interprétés par mille oiseaux.

Les accords du sud de Nino Ferrer.

Je ne sais plus comment s’appelait ce village, que j’avais découvert, il y a de ça......Trente ans et plus, quelque part dans les cevennes, entre Florac, Lodève, et Le Vigan, le triangle des bermudes des hautes terres et des grands ciels qui s’étirent dans les rétroviseurs.

Une photo me fait parfois sursauter, je crois le reconnaitre. 
Mais ce n’est souvent qu’un sursaut de ma jeunesse, une madeleine oubliée.

J’avais pourtant noté son nom ! 
Souligné sur la carte !
Revenir !
Je savais déjà que la mémoire ressemble à un vieux pneu qui s’use.
Justement, j’avais crevé. 
En moto, ce n’est jamais facile de réparer, pas de roue de secours !.
La roue démontée, je l’avais poussée, sur cette petite route déserte, en plein cagnard, à la recherche d’un garage. 
Un moment elle m’a échappé ! Elle a pris de la vitesse dans une descente, puis au bout d’un virage, ( heureusement il n’y avait rien en face.....) elle a pris un formidable élan, et s’est lancé au dessus du ravin.
Je vois encore cet envol !

J’ai descendu dans la comble, et je l’ai retrouvé enfin, au bout d’un temps indéterminé....Les ombres déjà s’allongeaient. 
Enfin,plus bas je vis un village, qui ressemblait assez à celui de cette photo.

J’étais prudent. Quelque temps auparavant, je m’étais fait surprendre dans une marche, croyant arrivé dans la civilisation pour me ravitailler, alors qu’il n’y avait plus personne, sinon des maisons aux toits ouverts, où ne vivait plus qu’un vieux.
Mais non, des enfants jouaient sur la place, petits oiseaux éternels. 
J’ai trouvé un mécano, qui réparait surtout des engins agricoles. Il m’a demandé d’où je venais. La Bretagne il connaissait, il avait fait son service militaire là bas..Je me suis lavé à la fontaine, puis j’ai été m’asseoir sous les platanes, à une petite terasse de café en attendant que le pneu soit réparé !

Plus tard, le mécano à l’a mis dans sa peugeot et m’a ramené gentiment à ma moto, en vrac dans le fossé. 
Il m’a même aidé à la ramettre en place, gratos.
C’est vrai que c’étati une vieille bécane, qui ne payait pas de mine.
Il fallait sauter trois fois sur le kick pour la faire partir.
Je lui ai serré la main. 

Plus loin, avec la vitesse, la carte toute déchirée est partie au vent.

Est à cause de tout ça que j’avais trouvé le village si beau, et qu’il s’est encore embélli dans mon souvenir ?

Tout ce que je sais, c’est que Rimbaud y est passé avant moi !

Par les soirs bleus d’été
J’irais par les sentiers
Picoté par les blés
Foulé l’herbe menu.

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