@LLS : ici je réponds en partie à votre message de 09:30/3 Août : je reviendrai sur les points plus précis plus tard : ici quelques clarifications avant tout.
D’un rassurez-vous : je ne vous considère pas comme « lent ».
Maintenant mise au point concernant ce passage de votre réponse :
Désolé d’avoir à vous le dire, mais là vous jouez petit.
Ce que
vous faites est une attaque ad hominen, qui est malheureusement assez
classique dans les milieux scientifiques (qui sont humains, trop humains) même
si c’est complètement prohibé en principe.
En science nous sommes censés être dans le monde III de Karl Popper :
toutes les idées, toutes absolument sont bienvenues pour offrir une cohérence
au corpus de données dont nous disposons.
Peu importe de savoir qui est la personne qui porte l’idée, quelles sont ses
qualifications et quelle est sa méthode de pensée.
Ce qui importe c’est de mettre l’idée à l’épreuve des faits.
Je ne saisis pas en quoi je me livrerai à une attaque ad hominem en évoquant le background et donc la formation de Girard : même en évoquant l’absence de cursus en ethno/anthropo chez lui, ce ne serait pas plus de l’ad hominem puisque d’un mon propos était précis : il s’agissait de pointer les différences d’approches méthodologiques : ni plus, ni moins, et de deux je ne saisis pas en quoi rappeler son background relèverait même d’une attaque à l’encontre de sa personne ? D’autant plus que mon propos était somme toute assez clair : je renvoyais principalement à l’ « accueil » que de telles interprétations pourraient avoir chez les anthropo « de formation » : et non pas sur la valeur en soi des hypothèses girardiennes.
Donc ma remarque ne portait pas sur sa personne mais sur son approche et son éventuel accueil : à savoir donc une approche interprétative « littéraire » des mythes ou une « herméneutique » si vous préférez (en critique littéraire, le propos est assez souvent de « révéler » un sens profond supposé –généralement conçu comme étant même inconnu du producteur de l’œuvre étudiée : on est loin de l’étude des mythes selon l’ethno/anthropo), si ce n’est une approche qu’on peut qualifier de néo-évhémériste (et là son background autant chrétien, que en études médiévales et sa fascination pour les antiques est un élément qu’on ne peut ignorer) différant radicalement de ce que peuvent être les approches des mêmes mythes dans le champ ethno/anthropo…i.e. : rarement des « interprétations » mais plus souvent a) recueil et b) compréhension possible en fonction de culture/contexte et non pas interprétation littéraire/littérale ou révélation d’un sens « caché » et donc c) qui ne présuppose pas que les mythes seraient fondés a priori sur des événements/personnages historiques et donc « révéleraient » quelque « chose cachée » que ce soit.
Ma remarque me semblant pertinente considérant les différences essentielles entre les productions de Proust, Dostoïevski, Cervantes, etc… sur quoi Girard a travaillé et les mythes issus de telle ou telle culture sur quoi les ethno/anthropo travaillent : avec les implications que cela entend en terme d’interprétation : bien qu’à nouveau dans le champ ethno/anthropo « interprétation » ne soit pas le terme le plus approprié : l’étude des mythes n’ignorant pas le contexte : un de mes reproches à l’encontre de l’approche de Girard.
Pour faire court :
1. les productions des auteurs sus-cités sont a) singulières/individuelles, b) ponctuelles (inscrites dans « un » espace-temps donné) et c) productions/manifestations culturelles d’un paradigme donné (de la même façon que l’est la culture matérielle), enfin d) figées/fixées
2. les mythes issus de telle ou telle culture sont a) singuliers mais non « individuels » > culturels, « collectifs », b) « étendus » dans le temps et l’espace et c) ne sont pas des manifestations d’un paradigme, ils en sont les fondations *, partant de là influant sur les productions immatérielles (exemple : œuvres de fiction) autant que matérielles, enfin d) « vivants » ou changeant.
* bien entendu tel ou tel paradigme peut produire de nouveaux mythes mais a priori doit exister a minima un ou x mythes fondateurs « primordiaux » pour que des mythes secondaires apparaissent avec des fonctions autres que de fonder tel ou tel paradigme (i.e. : fonction didactique, « moralisante », etc… ex : on part du mythe chrétien originel autour de la figure christique, et ensuite se constitue des récits mythiques autour des figures des apôtres, des saints, de Marie, des martyrs, etc… pas forcément partagés par l’ensemble des Chrétiens mais se fondant sur un mythe commun) , de même que ces mythes « primordiaux » peuvent être « enfouis » (ou dévaluation) en raison de tel ou tel changement socio-culturel ex : passage d’une société agraire à une société guerrière : cas classique chez les barbares germaniques/nordiques de la période des migrations : exemple le groupe lombard dont le panthéon originel (société agricole) se constitue autour des divinités Vanir (fertilité, sagesse, etc…) avant de basculer vers un panthéon accordant la primauté aux Ases (société guerrière) ; pareil avec les Grecs où l’étude des mythes/dieux primordiaux permet aussi de remarquer ces basculements selon les caractéristiques socio-culturelles à telle ou telle époque des sociétés grecques antiques.
Et comme généralement de tels changements socio-culturels peuvent être particulièrement radicaux : il arrive souvent qu’aucun mythe premier « réellement » originel ne subsiste : i.e. : même les mythes supposés primordiaux sont de nouveaux mythes : il est donc très difficile de partir au travers d’une seule/simple grille d’interprétation d’un mythe et de remonter jusqu’aux origines – ne serait-ce que pour une seule culture, sans parler de l’origine « unique » de TOUTES les cultures-anthropo, ethno, psycho, linguistique, archéo, paléo, génétique, etc… doivent être associés.
Donc ces différences « d’approche méthodologique » essentielles me semblent suffisantes pour effectivement questionner l’approche girardienne des mythes concernés, du moment qu’il applique à ces mythes la même approche que pour des œuvres singulières, individuelles, ponctuelles. Je ne vois donc pas où est l’ad hominem ici.
Ex : le paradigme chrétien ne peut exister sans les mythes chrétiens fondateurs : par contre la culture française, russe ou espagnole pré-existent et existent indépendamment de l’existence ou non d’un Proust, Cervantes, Dostoïevski, …ou de la production ou non par eux de telle ou telle œuvre. Enfin autre point important, l’écriture romanesque ou l’objet « roman » est bien caractéristique du domaine européen : dont la diffusion à d’autres domaines n’a été opérée que récemment d’un point de vue historique : aussi autant les cultures française, russe ou espagnole peuvent différer : des éléments communs existent : substrat indo-européen (avec tout ce que cela entend : racines culturelles/paradigmatiques proto-indo-européennes et représentations du monde conséquentes), paradigme chrétien pendant une durée de plusieurs siècles, influence du domaine gréco-romain, et échanges intenses entre ces diverses cultures, et bien entendu l’écriture romanesque…Aussi déceler telle ou telle caractéristique commune en étudiant de tels textes n’a en soi rien d’étonnant : mais cela n’implique pas que cette approche puisse fonctionner lorsqu’on compare les mythes aborigènes et le corpus biblique ou autre…ce qui apparaît commun ne l’est pas forcément une fois le contexte/paradigme rappelé ou intégré à l’étude comparative.
Ensuite, il y a une différence tout de même essentielle niveau "mise à l’épreuve des faits" entre l’approche girardienne (son hypothèse des origines) et celle généralement adoptée en anthropologie (donc processus d’hominisation ici) : les x hypothèses ou idées proposées en anthropologie se fondent effectivement (ou se défont) à un moment ou l’autre sur cette « mise à l’épreuve des faits » : en premier lieu, lorsqu’une hypothèse est émise, on tentera de la vérifier à l’aide JUSTEMENT de l’étude des sites archéologiques, évidences paléo, fossiles, etc… et si rien ne vient confirmer l’hypothèse proposée ou si effectivement elle semble valide, à nouveau c’est SUR LE TERRAIN qu’elle sera « mise à l’épreuve »…
Or je constate que ce soit après mes lectures de Girard, ou dans notre échange ici : qu’objectivement : les données de paléo/anthropo « fossiles » ou préhistoriques ne semblent absolument pas considérés comme essentielles pour « mettre à l’épreuve des faits » les hypothèse girardiennes sur les ORIGINES : je suis bien obligé de remarquer que par exemple vous me « remerciez » de vous présenter le « profil-type » (tel que déductible autant des recherches paléo que de l’observation de groupes de chasseurs-cueilleurs contemporains) d’un groupe humain « paléolithique » ou précédemment x données et informations sur JUSTEMENT ce que l’on « sait » (i.e. informations recueillies par la recherche paléo/archéo de terrain) soit des proto-humains, soit des humains « archaïques » en termes de culture symbolique et/ou matérielle, de structures (proto)sociales, de diète, etc…etc…
Il me semble que c’est là tout de même une approche étrange que de vouloir théoriser sur les origines de l’Humanité ou le processus d’hominisation en faisant l’impasse sur les données matérielles recueillies concernant ces stades préhistoriques : aucun mythe connu actuellement n’a plus que quelques milliers d’années : i.e. mythes antiques : les mythes des primitifs étant contemporains et non préhistoriques : des croyances, mythes, et donc paradigmes des proto-humains ou humains « archaïques » nous ne savons RIEN : pas même si justement ils avaient des mythes ou des croyances (cf les Piraha qui sont une bonne illustration de l’infinité de possibles à envisager) et donc spéculer que des mythes connus actuellement seraient liés en tout ou partie à ces périodes « originelles » et qu’ils révèleraient des « choses cachées » alors que la distance temporelle couverte (Paléolithique) est au minimum d’app. 2.5 millions d’années me semble un tantinet limite si on considère que les plus anciens mythes connus n’ont que quelques milliers d’années, et qu’il n’existe aucune évidence qu’ait existé une quelconque forme de continuité ininterrompue que ce soit au niveau de l’Immatériel ou du Matériel au cours de ces centaines de millénaires, continuité supposée ou postulée par le girardisme ayant préservé sous une forme ou une autre la mémoire de ce meurtre originel répété.
19/01 16:36 - Luc-Laurent Salvador
message de service : vous pouvez me contacter par mèl à « lulo POINT com AT gmail POINT com » (...)
14/09 13:47 - philouie
Abraham. Abraham est considéré comme le père des musulmans, il en est en quelque sorte la (...)
14/09 11:39 - philouie
La place du désir en Islam. Bien évidement, lorsque je parle de désir, il n’est (...)
12/09 12:42 - philouie
De la place du désir en Islam. D’abord une petite précision, lorsque je parle de (...)
10/09 13:32 - philouie
Bonjour, Nous avons terminé d’examiner les sources coranique. Notre récolte est maigre. (...)
08/09 11:09 - philouie
La vie : Don et Sacrifice. Sourate 108 1. Nous t’avons certes, accordé (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération