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Commentaire de bakerstreet

sur J'ai 20 ans et ... j'ai pris un coup de vieux


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bakerstreet bakerstreet 26 août 2013 15:54

Z’avez du pot. 

A vingt ans à peine, j’avais déjà plus toutes mes dents, et ça faisait un bail que je vivais plus chez papa et maman.

C’était l’époque soit disant des trente glorieuses, juste avant les trente merdeuses, 
mais la vie vous savez, n’a pas les même qualificatifs, et les même grâces, de l’un à l’autre.

Question Léo Férré, je connaissais. J’avais même le 33 tours
.Je me souviens, j’habitais rue Jean Jaurés. La vieille du 20 m’avait loué une chambre. Sous les toits, à deux pas du ciel.
C’est là que « j’écoutais léo Ferré, « la vie d’artiste » .
 « jolie môme », 
en rêvant à ses seins à la coque, à l’amour
Mais c’était une chambre pour personne seule.
J’avais bien cherché, à l’endroit à l’envers du papier peint
Y avait rien d’autre que moi !

On pouvai dire que j’étais verni. Trouver une piaule en ville n’était pas facile !
Bien sûr je remplissais les conditions.
J’avais un travail à la chaine, j’étais sèrieux.

On pouvai pas trouver mieux !
« Sèrieux » C’était exactement moi. Comme un cachet de la poste faisant foi.
J’avais découpé l’annonce dans le journal.
Arthur hilare m’avait regardé faire ;
« On n’est pas sèrieux quand on a 17 ans ! Disait il en riant.

Je me rappelle très bien de ça. On se rappelle de droles de choses parfois.
Par exemple de cette boite de paté, vide toute cabossée
Calant le pied de la table où je mangeais
Des nouilles en général avec du gruyère

Plus tard j’ouvrais la fenêtre. En face y avait la gare et son buffet, le parc botanique en se penchant un peu sur le coté. 
Arthur allait de l’un à l’autre sans discontinuité.
Il me disait la poésie des rails est facile
Pour une femme un mystère entrevue sur le quai d’une gare
On compte dix mille poètes aux aguets 
.Il disait :La poésie des rails est facile :Pour une femme un mystère entrevue sur un quai de gare, de la compagnie internationale des wagons-lits.On compte dix poètes ringards aux aguets ! « 

Il préférait le parc botanique la volière.

De minuscules oiseaux des îles, virevoltaient entre les grilles.Comment avaient-ils fait pour en arriver là ? J’aurais voulu savoir,faire le chemin inverse,la route du sud les alizés. 

Cuba Valparaiso La Trinidad !

Des noms qui sonnent comme une enclume dans une forêt de chênes verts

Je me rappelle ! J’allais chez le dentiste,une fois par semaine.Je descendais la rue Jean-Jaurès.L’air sombre poète maudit ! Vaguement inquiet de la roulette à venir !

Et dans cette salle d’attente,où je perçais ma dernière dent. Mon cœur sans sagesse battait à cent ! Je n’arrivais jamais à finir les articles de Match les plus exaltants !

Il était question de tropiques éberlués, de palmiers pleins les yeux

Des pays sans Dimanche, sans « trois-huit »

L’article continuait plus loin ! Mais toujours le temps était trop court

Et le dentiste disait

« A qui le tour ? »

« Avec le temps va tout s’en va, on oublie le meilleur

Mais on oublie aussi le pire ! »

Pourquoi j’ai commencé ces lignes en disant que vous avez du pot ! Sans doute la marque de l’age, de l’oubli et de la bétise.

 « Je ne laisserais jamais personne dire que 20 ans est l’âge le plus beau de la vie ! »

Mais voilà déjà un bail que je tente de trouver quel est le meilleur âge pour faire un créneau !

A peine avez vous trouvé une place, que voilà un tordu qui vous la pique !

La lecture de Marc-Aurèle, après celle d’Arthur Rimbaud, vous console de bien des choses.

Je ne vous parle pas d’un caresse du soleil, du vol d’un oiseau, toutes ces boites à haïkus !


Attention en vieillissant de ne pas commencer à faire les grimaces de singe du vieux Ferré !

Ah ! Pépé....


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