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Commentaire de Icks PEY

sur Lettre piègée dans l'univers de la tauromachie


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Icks PEY (---.---.232.221) 30 mars 2006 19:26

Quelques réponses rapides à Nicolas :

- Tout d’abord, concernant les amateurs « célèbres » de tauromachie, je ne doute pas que les « abolitionnistes » disposent dans leurs rangs, eux aussi de personnes à forte crédibilité. Mais laissons là cette course aux « labels » comme si la référence à tel personnage célèbre devait légitimer quoique ce soit. Céline était un génie, mais antisémite. Le génie n’empêche pas de se tromper.

- Ensuite, vous me faites bcp de reproches, mais votre propos n’est pas exempt de critiques non plus. Certains raccourcis et autres sophismes sont faciles.

- Ensuite, je crois que le coeur de notre différence réside dans le fait que vous voyez la tauromachie comme un acte de respect pour la nature de l’animal. Tout, pour vous s’inscrit dans une démarche pro-taureau : l’élevage dans de larges prairies, la survie de l’espèce grâce à l’homme, le combat qui, à vos yeux, n’a rien de révoltant dans la mesure où cela fait partie des gènes de l’animal de se battre. Donc, vous vous percevez comme en parfaite cohérence à cette nature d’où votre sentiment que les abolitionnistes sont finalement et paradoxalement contre-nature. Ai-je bien résumé votre point de vue ?

Là où vous vous méprenez dans ce raisonnement, c’est que vous vous appropriez ce que vous pensez être la nature. La preuve qui me semble la plus évidente, à mes yeux, c’est cette façon que vous avez de dire que le combat à mort est le prolongement naturel du taureau. Mais c’est vous qui le voyez ainsi. Si je voulais extrapoler votre analyse (mais je ne le ferai pas alors que vous n’avez pas hésité, vous ...) je dirai que si cette bête à des cornes aussi dangereuses, c’est bien pour s’en servir ! Mais ce combat à mort n’a rien de naturel. Vous parlez des toros comme d’un boxeur que l’on aurait préparé au combat de sa vie pendant de longues années et pour lequel ce combat serait l’aboutissement. Mais la corrida n’est pas l’abouttissement naturel de la vie d’un toro. La nature d’un toro n’est pas de se battre dans une arène. Ce n’est pas parce que vous y trouvezz de l’esthétisme et de la beauté, de la gloire, de la bravoure, tout ce que vous voudrez que c’est sa destinée en quelque sorte. C’est vous, c’est l’être humain qui abuse de la nature morphologique et caractérielle de cette espèce pour la mettre en scène dans ce que j’appelle, et oui, un spectacle. Ce spectacle n’est pas naturel, c’est pourquoi je parlais tout à l’heure de mise en scène artificielle.

Donc, je ne vous rejoins pas pour l’argument nature. Ce n’est pas parce qu’un animal est belliqueux et indomptable qu’on doit forcément utiliser ses vertus de « guerrier » dans une corrida. Je pense que vous avez sincèrement été convaincu que cet animal est « fait » pour mourrir en arène et que c’est là l’accomplissement de sa vie, que c’est, en quelque sorte, son Panthéon à lui. Mais cette vision est votre vision et vous imposez à l’animal.

Concernant mes propositions, vous les dénaturez (réserves naturelles limitées à quelques mètres carrés) ou vous les dénigrez (affarisme immobilier en cas de cessation de ce que je comprends être des manades). Il existe bien une réserve naturelle en Camargue : pourquoi ne pas y mettre des exemplaires de votre espèce ? Il existe en France et partout dans le monde des zones géographiques protégés où les espèces sont protégées : en quoi vos toros ne pourraient pas s’y épanouir.

Egalement, vous réduisez mon propos à un simple propos de type SPA. Personnellement, je me fous de la SPA. Je dis simplement qu’il n’est pas dans la dignité de l’homme d’organiser des spectacles, pardon, des combats, où la souffrance est justifiée sous prétexte de bravoure ou de « comportement naturel ».

Il ne s’agit pas de vivre de façon aseptisée, mais d’essayer de laisser libre cours à ce que l’être humain a de meilleur en lui plutôt que le contraire. La violence fait partie de l’homme, c’est acquis, mais est-ce une raison pour la laisser prospérer ? l’épanouissement de l’homme doit-il forcément se trouver dans le fait de faire face à une bête sauvage et de la mettre à mort ? Il y a là une question non pas d’amour des bêtes mais d’anthropologie. Ce n’est pas l’animal qui m’intéresse directement, mais le fait qu’un être humain puisse jouir du sang versé.

Or, dans la tauromachie, vous utilisez l’animal - sous prétexte que ses gènes le destinent à la violence - dans le seul but de ressentir le plaisir de l’homme victorieux contre l’animal. Comme si vous aviez quelque chose à prouver, comme si le fait de frôler une charge furieuse d’un toro donnait un quelconque sentiment d’être plus « homme » que les autres ? Si c’est le contrôle de soi qui vous intéresse, si c’est le fait de faire preuve de courage face à une bête qui peut être mortelle, si c’est l’image dans laquelle le toro vient s’écrouler au terme d’une course folle sur les pieds de son bourreau qui vous excite : ne croyez vous pas qu’il y a d’autres moyens dans le milieu naturel de vivre ces sensations fortes sans utiliser un animal qui n’a pas demandé à subir le sort qu’on lui destine ?

je suis désolé, je dois quitter ... vous n’aurez donc pas de conclusion (d’ailleurs, cela m’arrange, je ne savais pas comment conclure ... :P ...) ... bonne lecture ...


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