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Commentaire de Francis BEAU

sur Sexualité, droit et démocratie


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Francis BEAU Francis BEAU 11 septembre 2013 14:48

Bonjour Gnaffron,


J’adhère presque totalement à votre excellente synthèse, sauf sur un point (+ un oubli) qui réduit à néant votre argumentation. Comme vous m’y invitez fort aimablement, je corrige donc le point 4 sur le fond et sur la forme (son emplacement dans votre numérotation) ainsi que votre oubli :

1. Sur le fond : L’homosexualité n’est pas pour moi une affaire de morale. Elle n’est ni bien ni mal, ni morale ni immorale, elle est seulement, d’un point de vue biologique, une confusion des sens. La morale enseignée par la plupart des grandes religions présentes au sein de la société française ne vient pas en appui d’un quelconque jugement moral de ma part, mais en complément d’une référence faite à « de justes exigences de la morale » par la Déclaration universelle des droits de l’homme.

2. Sur la forme : La référence à la morale ne peut donc se situer dans la logique de votre synthèse numérotée qu’après le point 6 (la référence aux « justes exigences de la morale » par la Déclaration universelle des droits de l’homme).

3. L’oubli : Vous ne faites aucune allusion à un point qui est pour moi le plus important et concerne le respect du caractère intime et privé de toute relation sexuelle. L’affichage public d’une relation amoureuse ne se justifiant pas par sa vocation à favoriser le renouvellement des générations conduit de facto à sortir une pratique amoureuse de la stricte intimité à laquelle devraient être tenues toutes les pratiques sexuelles.

Cela change tout :

1. L’homosexualité n’est pas immorale en soi. Elle ne satisfait simplement pas aux exigences d’une morale enseignée par la plupart des religions pratiquées par bon nombre de Français.

2. J’admets tout à fait l’idée (je la défends même) « qu’il n’y a pas qu’une seule morale, dogmatique, intangible et définie par les canons religieux » (pour votre information, je ne crois pas en Dieu et ce ne sont ni des canons religieux, ni une quelconque morale dogmatique qui me guident). Je ne sais donc pas au juste à quoi correspondent les « justes exigences de la morale » dont parle la Déclaration universelle des droits de l’homme, pas plus que vous ou que quiconque d’autre d’ailleurs. Comme vous le notez vous-même, le concept est bien mal défini, et même si l’on peut penser que les rédacteurs de ce texte avaient en 1948 une idée précise en tête, vous avez raison d’observer que la morale a sans aucun doute évolué depuis cette époque. C’est la raison pour laquelle, considérant comme vous que la morale n’est pas un concept bien défini, j’estime que ce n’est pas à la République de la dire et encore moins d’interdire quoi que ce soit en son nom.

Si vous m’avez bien lu, mais j’en doute (sans doute le caractère « amphigourique » de ma prose), il ne s’agit pas d’interdire quelle que sexualité que ce soit, mais bien au contraire de respecter la liberté individuelle et imprescriptible de chacun à pratiquer la sexualité qu’il souhaite à condition que cela ait lieu dans le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme (respect des droits et libertés d’autrui, et exigences de la morale). Compte tenu de l’imprécision de sa formulation, il ne peut être question de la respecter à la lettre, mais plutôt dans son esprit. Pour ma part, je pense que respecter l’intimité des relations sexuelles d’une part, et d’autre part la liberté d’opinion de chacun en évitant à la loi de bafouer les convictions religieuses d’une bonne part de la population, est bien dans l’esprit de la Déclaration. C’est là mon opinion, que vous êtes parfaitement libre de ne pas partager mais que vous devez respecter en réfutant mes arguments, si vous la contestez, plutôt qu’en maniant l’invective.

En particulier, je serais curieux de savoir ce que vous mettez dans la notion de « morale publique » à laquelle vous faites allusion. Quelles sont selon vous ces « justes exigences de la morale » que la Déclaration universelle des droits de l’homme pose en « limitations à l’exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés » auxquelles « chacun » doit « être soumis » ? Avez-vous des exemples à me donner ?

Cordialement,
FB


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