@Bernard Dugué
Je trouve un peu bizarre qu’envisageant le monde dans quelques dizaines d’années, vous hésitiez, en ce qui concerne le destin du bipède humain entre deux possibilités extrêmes et au fond assez peu probables. Dans l’une, il resterait à peu près ce qu’il est, quoique muni de connaissances peut-être un peu nouvelles et renversantes ; dans l’autre, il se serait détruit.
Vous ne tenez pas du tout compte de spéculations pourtant déjà anciennes sur la pensée artificielle, comme s’il n’était pas prévisible d’imaginer qu’à partir d’un certain niveau de complexité il deviendra possible d’induire dans les machines l’émergence de quelque chose qui ressemblerait non pas à l’intelligence - on y est déjà - mais à ce que nous appelons la conscience. Du point de vue de l’évolution purement biologique, il faudrait encore quelques millions d’années pour que l’homme différât sensiblement de ce que nous le voyons être actuellement, mais cette évolution, et surtout sa direction et sa vitesse, sont déjà en passe d’être modifiées par l’homme lui-même, de plus en plus intimement couplé à des systèmes artificiels qui, avec le temps, pourront aisément se passer de leur ancien socle biologique. Bref, il ne me semble pas qu’on puisse éviter de penser une disparition de l’homme et de cette espèce de saloperie que nous appelons la vie, mais ce ne sera pas nécessairement la disparition de toute présence intelligente.