3) BAC : COMMENT NOYER LE SOUPÇON ?
AU MATIN DU 10 AVRIL 2004, la mère de Michael Cohen, 19 ans, constate l’absence de son fils. Inquiète, elle appelle le père du jeune homme, puis un de ses amis, qui lui raconte que la nuit a été mouvementée.
Michael et lui étaient partis taguer les murs bordant l’autoroute A4. Les parents joignent le commissariat de Maisons-Alfort. Un fonctionnaire leur demande de « venir immédiatement ». Le planton jette sur la table la carte de transport de leur fils. « Vous le reconnaissez ? Il s’est noyé cette nuit. »...
Surpris par une patrouille de la BAC, les tagueurs ont traversé l’autoroute en courant. Hugo a sauté du haut d’un pont. Michael s’est caché dans les fourrés, à proximité de la Marne. Mais les chasseurs se sont déployés. Une deuxième équipe les a rejoints. Puis une autre. Se sentant encerclé, Michael est entré dans l’eau. Un brigadier a ordonné à des collègues de se poster de l’autre côté de la rivière. Un policier s’est proposé de plonger. Le centre d’information et de commandement général l’en a dissuadé par radio : « Pas de prise de risque ».
Les parents de Michael se portent partie civile. « De nombreuses zones d’ombres entourent l’affaire », reconnaît l’IGS. La CNDS critique l’attitude des policiers. Mais en novembre 2005, le tribunal décide d’un non-lieu.
9 mai 2006. Un jeune homme est retrouvé noyé, à quelques kilomètres de l’endroit où Michael a perdu la vie. Il n’a pas obtempéré au signal d’une équipe de la BAC. La Porsche de Fethi Traoré, vendeur de voitures, a d’abord pris de l’avance, puis... On la retrouve sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute A4, la carrosserie éraflée, clé sur le contact, portable sur la banquette. À quelques mètres de là, derrière le mur, le corps du conducteur flotte, noyé. Hasard géographique ? Coïncidence territoriale ? La famille a engagé une procédure. L’IGS a été saisie.
On fait confiance à la jusitce de ce pays pour faire toute la lumière...